Initiation [terminée]

Chapitre 3

J'appréhende énormément le moment où je vais remettre les pieds là-bas. Je vais leur dire quoi ? « Salut, moi c'est Cam, je me suis endormie dans le lit d'un inconnu qui vit ici et qui n'a pas l'air net et j'ai oublié mon sac dans sa chambre. Quelqu'un peut aller le chercher ?» Bah oui pourquoi pas.

Je traverse la pelouse jonchée de gobelets rouges et de déchets en tous genres et arrive sur le porche de cette maison blanche typique des maisons de fraternité. J'observe la grande porte en bois massif blanc et soupire. C'était vraiment une stupide idée. Je fais deux pas en arrière avant de me ressaisir. Cam, tu as besoin de ton sac et surtout de ton téléphone !

Malgré moi, j'avance à nouveau et toque contre la porte si dure que je ressens une douleur à mon petit poing. J'ai horreur de toquer aux portes. Ça fait quasi toujours mal et on ne m'entend presque jamais. J'attends quelques longues secondes en me balançant d'un pied à l'autre. Quelle est la durée d'attente acceptable avant de pouvoir réitérer le geste ? Ça me tue. Je ne sais jamais si la personne est occupée et risque donc d'être énervée par mon insistance ou si elle n'a tout simplement pas entendu. Je prends mon courage à deux mains (ou plutôt à mon poing dans ce cas-ci) et frappe à nouveau contre la porte.

Quelques secondes plus tard, j'entends une voix se rapprocher et enfin, quelqu'un ouvre la porte. Il finit sa phrase et se retourne vers moi. C'est un des jeunes hommes qui se trouvait dans le salon hier. Celui qui paraît être le plus... mature d'entre eux, mais qui bénéficie tout de même aussi de cette lueur effrayante au fond du regard. Il est habillé décontracté avec un jogging de marque gris foncé et un sweat à capuche bleu foncé. Je déteste ce genre de tenue et pourtant, je trouve que ça lui va quand même bien.

Il me détaille de bas en haut avant de poser son regard bleu foncé dans le mien. Il me sourit sincèrement.

–Hey ! Tu es Camilla, n'est-ce pas ? Je t'ai vue avec Doug hier. Il nous a beaucoup parlé de toi !

–Oui, mais tout le monde m'appelle Cam. Il a parlé de moi ?

Je me demande pourquoi il l'a fait et surtout ce qu'il a dit. Il me fait un clin d'œil.

–En bien, rassure-toi. Tu le cherches ?

Un petit rire nerveux m'échappe. Je sais très bien où il se trouve en ce moment.

–Pas vraiment. J'ai... oublié mon sac. Hier. Hier soir. À la soirée. J'ai un peu bu, je n'en ai pas l'habitude et comme je suis tête en l'air de base... Enfin bref, j'ai perdu mon sac ici. Vous ne l'auriez pas vu ? Il est noir. Petit. À bandoulière. Y a toutes mes affaires dedans...

Oublie pas de respirer Cam aussi. Tu me fatigues. Moi aussi ! Je lève les yeux au ciel et fait taire ma voix intérieure. Je l'observe. Il fait mine de réfléchir.

–Écoute, là comme ça, ça me dit rien. Mais regarde autour de toi, c'est toujours le bordel à cause d'hier, ça prend des plombes à ranger. Entre, tu peux regarder si tu veux. Je t'offrirai un café après.

–Merci ! lui dis-je soulagée, en entrant dans le couloir.

Je me retourne vers lui.

–Par contre, je n'aime pas le café, ajouté-je.

Il me regarde, outré.

–Je doute que notre début d'amitié puisse continuer milady. Je ne peux concevoir que quelqu'un ne puisse apprécier un breuvage si divin.

Il me fait une révérence et puis se tourne pour s'en aller. Avant de s'engouffrer vers, si ma mémoire est bonne, la cuisine, il m'annonce:

–Je plaisante, tu préfères un cacao, de l'eau, de la vodka ?