Chapitre 16

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Ce que j'ai préparé n'était certes pas la nourriture que je préfère, mais pour le moment, je ne peux pas trop faire la difficile... Le repas s'est très bien déroulé, malgré la bizarrerie de la chose. D'ailleurs, je me demande s'ils prennent tous leurs repas fringués comme ça. J'ai appris que Valentino et Dan sont en première aussi, en économie. Will, Max et Eliott sont en dernière année. Will est en politique, ce qui ne m'étonne pas le moins du monde vu son aptitude à diriger. Max se spécialise en littérature anglaise, vu la bibliothèque que j'ai vue l'autre jour dans sa chambre, ça a du sens. Eliott, lui, est en criminologie. Je l'aurais plutôt imaginé être du côté des vilains. Enfin, l'un n'empêche pas l'autre. Ça sera un futur ripou.

Valentino et Dan ont débarrassé la table et ils reviennent à présent avec des verres à shot et quelques bouteilles d'alcool. Ils déposent tout au centre de la table. Will s'empare d'une bouteille au liquide ambré et remplit les six petits verres. Chacun en saisit un, sauf moi.

–Ça ne va pas te tuer tu sais ? Prends-en un, m'intime Will.

Peut-être pas ça, mais eux, jusqu'à récemment, je pensais que oui. Et puis zut, j'ai aussi le droit d'oublier, juste le temps d'une soirée, tout ce qui s'est passé. J'ai le droit de passer un bon moment. Je m'apprête à saisir le petit verre lorsque une voix me fait m'arrêter net.

–T'en auras besoin pour la suite, ricane Eliott.

Je relève la tête brusquement vers lui. Will le fusille du regard. Je me fais toute petite sur ma chaise. Si je pouvais rentrer dans le sol, je l'aurais fait. Qu'entend-il pas ça ? Ça n'augure rien de bon.

–Il plaisante, t'inquiètes pas. Trinquons à la santé des filles que nous avons perdues et à la mort du salopard qui les a tuées.

–Santé, crie les autres avant de boire leur shot.

Je ne suis définitivement pas convaincue du tout par la raison pour laquelle nous devons trinquer. Je saisis le verre et le bois d'un coup, laissant le liquide brûler tout sur son passage. Je grimace et toussote. Ils partent dans un grand fou rire.

–On n'a pas affaire à une habituée apparement ! lance Dan en rigolant gentiment.

–Non, j'ai toujours préféré les trucs plus... doux.

Il me sert un verre d'eau et je le remercie. Ma gorge me brûle toujours. Je porte le verre à mes lèvres et laisse ce liquide plus froid m'apaiser.

–C'est parce que t'as jamais connu autre chose, rétorque Max.

Choquée par ses propos, je m'étouffe et recrache le peu d'eau qui était toujours dans ma bouche. La voix grave et plus profonde qu'il a utilisé me pousse à penser que la phrase n'est pas... innocente. Tout le monde me regarde. Moi, mes yeux grands ouverts se braquent sur Max. Un petit sourire en coin flanqué sur le visage, il ne lâche pas mon regard.

Autant d'habitude j'ai de la répartie autant son regard me tétanise à chaque fois.

–Qu'est-ce que tu en sais ? Peut-être que si. Et puis, de toute façon, même si ce n'était pas le cas, je n'ai pas besoin de ça pour le savoir.

–Au contraire, Camilla, on ne peut pas savoir sans avoir essayé.

Le rouge me monte aux joues sans que je ne puisse rien y faire. Étant à côté de moi, il y a une certaine proximité entre nous. Il en profite en déposant sa main sur ma cuisse, qu'il caresse. La connotation sexuelle de sa phrase est confirmée. Et, même si j'ai une certaine attirance pour lui, je ne suis pas à sa merci non plus. En plus, si je le laisse faire, que vont s'imaginer les autres ? Je prends sa main sous la table et l'enlève en le regardant avec hostilité. Il doit comprendre que son emprise sur moi est futile. On ne peut pas me mettre en cage (enfin, que métaphoriquement apparement), ni s'amuser avec moi comme il le fait. Même si cela me met dans tous mes états, je dois lui résister. Surtout en présence des autres.

Initiation [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant