Chapitre 2

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J'émerge doucement à cause de la lumière qui s'infiltre sous mes paupières. Refusant d'avoir les rétines brûlées par cette agression, je garde les yeux fermés.

Une migraine prend petit à petit possession de ma tête. Je tente de mes souvenirs des événements de la veille mais la fin reste floue. Je ne sais même pas comment je suis rentrée. Tout ce dont je me rappelle, c'est d'être allée dans la cuisine, m'être servie un mojito à partir d'un saladier dans lequel le liquide verdâtre flottait et... c'est tout. Qu'ont-ils mis dans ce foutu cocktail ?

J'entrouvre les yeux doucement. Lorsqu'ils se sont habitués à la clarté, je les ouvre grands. Je me retrouve presque nez à nez avec une paire d'yeux vert clair. Je flippe instantanément et je m'empresse de reculer, un peu trop visiblement car je tombe du lit.

L'homme ricane.

–Alors, bien dormi petite ?

Je ne sais pas ce qui m'énerve le plus. Le fait qu'il ait peut-être profité de moi alors que j'avais trop bu ou ce surnom absolument absurde ? Qui sait ! Il m'a peut-être droguée ! Des scénarios horribles se déroulent les uns après les autres dans mon esprit.

Je me relève tant bien que mal et je fais de nouveau quelques pas en arrière en apercevant de qui il s'agit, c'est-à-dire l'homme aux cheveux noirs qui me fixait hier, dans le divan. « Ne t'approche pas des gens qui se trouvent dans le salon » m'avait averti Doug. Pour ça on repassera.

Je le détaille. Même au réveil ce mec est un Dieu. Quelques tatouages parsèment son bras droit et son torse légèrement musclé. Il ne porte qu'un boxer et on peut clairement dire qu'il est en forme... Je rougis et tourne la tête.

–Est-ce qu'on a... Toi et moi..., tenté de formuler, inquiète.

–Est-ce qu'on a quoi ? Baisé ? Désolé ma belle, t'es pas mon genre.

Aouch, merci pour mon ego. Je suis tout de même soulagée. Je ne le fais pas avec n'importe qui. Je ne cherche pas à comprendre les choses. Pour le moment, je veux juste foutre le camp d'ici, et vite ! La sensation de honte ne pourrait pas être plus grande qu'à cet instant.

–Ok, ça va. Tant mieux. Bon ben... Salut.

Je me jette sur la porte mais celle-ci ne s'ouvre pas. Je retente à nouveau mais sans résultat. Je me trompe. Ce con a fermé la porte à clé ! Je me retourne vers lui, attendant qu'il m'ouvre. Il ne bouge pas et me détaille. Il a apparemment décidé de plutôt s'amuser de la situation. Super.

–Tu peux m'ouvrir, s'il te plaît ?

Un sourire carnassier déforme son visage tandis qu'il se lève. Il avance dans ma direction et j'ai soudain un bon aperçu de ce que les biches ressentent quand elles sont prises aux pièges par un lion.

Il s'approche de moi, m'obligeant à reculer jusqu'à buter contre la porte. Nos corps sont si proches que ma poitrine effleure son torse à chaque respiration. Mon rythme cardiaque s'accélère. Mes lèvres s'entrouvrent. Je plante mes yeux dans les siens, ne sachant pas à quoi il joue. La lueur effrayante que j'ai aperçue hier revient dans ses yeux.

Il rapproche son visage du mien. Acculée, je ne sais quoi faire d'autre à part de l'observer. Encore quelques minutes comme ça et mes jambes flanchent assurément. Un cliquetis se fait entendre et il recule.

–Voilà, c'est ouvert.

Ah, c'est donc ce qu'il faisait dans mon dos. Je ne sais même pas d'où il a sorti la clé. Et... je ne préfère pas le savoir. Au moins, je peux y aller. Mais mes jambes ne bougent pas. Cam, réveille-toi et barre-toi de là ! Je me force à reprendre une respiration normale et ordonné à mes jambes de bouger.

–Merci, lui réponds-je en quittant la pièce.

Je traverse le couloir presque en courant et dévale les escaliers sans me retourner. Cette expérience était... intense. Et flippante quand même. J'ai réellement cru qu'il allait me séquestrer là. Quelques voix s'élèvent en direction du salon, je n'y prête pas attention et file dehors. Je ralentis au fur et à mesure que je m'éloigne.

Un grand soleil décore le ciel. L'air frais me surprend et je m'entoure de mes bras. Je respire cette odeur bien caractéristique des débuts de matinée. Je ne m'en lasserai jamais. Il ne manque plus que la senteur du café que préparait mes parents le matin ainsi que le chant des petits oiseaux. Je ferme les yeux brièvement en humant cet air frais. Cela me permet de me calmer et de me recentrer sur le moment présent. Les maisons assez similaires se succèdent jusqu'à laisser place, après avoir passé un petit parc, à un environnement un peu plus urbain, avec moins d'arbres et plus de parking menant au campus et aux autres résidences.

Je cherche après mon sac et pousse un juron quand je vois que je ne l'ai pas. J'inventerai une histoire à Doug lui expliquant que je l'ai égaré hier soir. Comme il fait partie de la fraternité, il pourra sûrement me le rendre. En espérant que l'inconnu veuille bien me le rendre. Je repense à lui, à côté de moi dans ce qui était probablement son lit. Cette vision me donne la chair de poule. Je ne préfère pas y penser. Autant j'éprouve une attirance physique indéniable pour ce personnage, autant il me fait flipper. Il y a un truc spécial dans son regard, je n'arrive pas à mettre le doigt dessus.

Enfin, j'arrive sur le campus même, devant ma résidence. Je pousse la porte avec un grand soulagement. Je vais enfin pouvoir me laver, me changer et oublier tous les derniers événements. Je grimpe les escaliers, traverse un long couloir et me dirige vers ma chambre. Je constate qu'il y a une cravate qui pend à la poignée. Une mauvaise blague peut-être. Je saisis la poignée en priant pour que Lydia soit là, vu que je n'ai pas mes clés.

Et je suis servie parce qu'elle est là en effet. Avec Doug. Lui est en tenue d'Adam, allongé sur le ventre, un bras autour de la taille de Lydia, nue également, allongée sur le côté et collée à Doug. Je détourne vivement les yeux, honteuse d'avoir vu ça. En effet, je ne suis définitivement pas le style de mon voisin. Je ne peux empêcher de ressentir un pincement au cœur. Tant pis, c'est que nous n'étions pas faits pour être ensemble. En revanche, ça veut dire qu'il ne pourra pas aller récupérer mon sac. Or, mon téléphone est un de mes biens les plus précieux. Je vais me doucher, me changer et j'y retournerai, en priant pour que ma connaissance de ce matin ne soit pas là.

Je prends en silence quelques affaires, en veillant bien à ne jamais poser les yeux sur eux et sors.

Après une bonne douche, un brossage de dents et une séance coiffure et maquillage rapide, je dépose mes affaires dans ma chambre et repars en direction de la fameuse fraternité, avec beaucoup d'appréhension. Il ne me reste plus qu'à inventer un petit discours rapide et bien rodé pour être sûre d'être sortie de là en deux temps trois mouvements.

Initiation [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant