En attendant Noël

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Malgré les ordres du Maître, malgré la menace omniprésente du Doloris qui ne manquerait pas de s'abattre sur lui – et ce, pendant un bon moment – Lucius Malfoy envisageait sérieusement de fuir Poudlard. De fuir très loin. A sa plus grande horreur, il semblait que cet immonde Dumbledore ait trouvé l'arme fatale contre tout bon Mangemort sain d'esprit décidant de passer à Poudlard à l'improviste. La chose en question s'appelait Dolorès Ombrage. Elle était plutôt rose, plutôt moche et plutôt collante. Et pendant que la moitié de la salle était à moitié morte de rire à voir ses vaines tentatives de se défaire de cette immonde sangsue, Albus racontait plaisamment à son voisin les mésaventures d'une chèvre appartenant à son frère. Lucius l'aurait tué. Violemment assassiné, sans le moindre raffinement, en faisant couler le plus de sang possible. Lui et cette créature accrochée à son bras.

Heureusement, quelque part entre le fromage et le dessert, il trouva un moyen convenable et presque crédible de sortir de table – ô mon dieu nos vingt ans de mariage ma femme va me tuer, excusez-moi, messieurs-dames. Plus tard Severus lui ferait innocemment remarquer qu'il ne s'était pas plus marié en novembre qu'il n'était Moldu, ce à quoi Lucius répondrait par un vicieux sortilège. Ce n'était pas glorieux comme stratagème, mais au moins c'était efficace. Lucius prit mentalement note de préparer une liste d'excuses acceptables pour s'éclipser de table si cette horrible situation – comprendre lui, Lucius Malfoy assis à côté de cette... – venait pour son plus grand cauchemar à se répéter.

Malheureusement, le destin, le Fatum avec la majuscule de préférence, était contre lui. Et ce n'était pas de la paranoïa. Car cinq fois de suite, il se retrouva à côté de la mégère. Et c'était pour cette raison, qu'il avait fini par échouer dans les cachots à dix-huit heures trente. Il était entré comme un fou furieux dans la salle de classe de son supposé ami, avait assassiné du regard les pauvres victimes de l'affreux Rogue – des Gryffondor, oh surprise – puis s'était jeté sur le maître de Potions.

- Je suis SÛR qu'il le fait exprès !

- Merlin, de quoi tu parles Lucius ?

Severus jeta un coup d'œil aux élèves qui suivaient, mine de rien la conversation. Ils tentaient de ne pas avoir l'air intéressé, mais échouaient lamentablement. Severus serra les dents, agacé de se donner en spectacle devant ses élèves. Il n'avait pas besoin de ça. En même temps, écouter les gémissements désespérés de Lucius pourrait s'avérer fort distrayant.

- Tu sais très bien de quoi je parle Severus. Et je te jure que je vais repeindre la Grande Salle en rouge si cela recommence encore.

- Qu'est-ce que j'y peux ? grommela le Maître des cachots en regardant d'un air mauvais le Gryffondor de quatrième année arrêter son travail deux secondes pour remettre une mèche en place – et leur jeter en même temps un coup d'œil. Matters, votre chaudron ne va certainement pas se nettoyer tout seul.

Il se retourna vers Lucius.

- On en reparlera plus tard. J'ignore ce que tu fais de ton temps ici – et je préfère ne pas le savoir – mais personnellement je travaille. Je te serai gré de revenir plus tard.

Lucius se pencha à l'oreille de Severus, qui frémit imperceptiblement, gêné par sa présence trop proche. Rogue avait une sainte horreur des contacts quels qu'ils soient. Et si c'était des Mangemorts qui envahissaient son espace vital, fussent-ils ses « amis », c'était définitivement pire.

- Je reviendrai, promit le blond, et crois-moi nous ne parlerons pas que de cette vieille folle.

Le ton sonnait comme une menace, et Lucius souriait presque quand il quitta la salle de cours. Rogue fronça les sourcils, se demandant ce que son ami avait en tête. Cela ne présageait rien de bon, semblait-il.

In sanguine verita (Les liens du sang)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant