In sanguine verita (Les liens du sang)

L'enfant prodige

Vernon Durlsey s'était toujours considéré comme un honnête homme. Il avait été élevé comme un parfait gentleman anglais, malgré les difficultés financières de son père. A force de travail, il avait fini par trouver cet emploi dans cette entreprise de perceuses, et son ambition lui avait fait gravir quelques échelons dans un laps de temps intéressant. Et puis, il avait rencontré Pétunia Evans. Leurs parents respectifs les avaient présentés. Le jeune couple s'était marié et avait acheté cette maison à Privet Drive.

Comme tout bon mari et tout bon gentleman, Vernon avait voulu rencontrer sa belle-famille. Après tout, Pétunia avait rencontré sa sœur Marge ainsi que sa mère – son père était mort cinq avant qu'ils ne se rencontrent. Son beau-père et sa belle-mère démentaient le conte de l'insupportable marâtre. C'était des gens très bien, polis et bien éduqués. Vernon les recevait volontiers à dîner et leur donnait pratiquement du ''beau-papa'' et de la ''belle-maman''. Pas tout à fait car ils étaient un rien distants. Pas comme Marge dont Pétunia ne cessait de se plaindre. A chaque fois, sa belle-sœur manquait de l'étrangler dans ses embrassades de gorilles. Il était donc enchanté de sa belle famille et l'avait signifié plus d'une fois à Pétunia. Et puis il entendit parler pour la première fois de la sœur de Pétunia. Quand Madame Evans les informa que Lily avait brillamment terminé ses études et se fiançait à un charmant garçon, Pétunia pinça des lèvres, et Vernon regarda ses beaux-parents d'un air bovin, se demandant d'où sortait cette Lily. La question « viendras-tu au mariage ? » tomba avec bonne humeur, largement refroidie par le non catégorique de sa femme. Dans la voiture, Vernon demanda à sa moitié de l'éclairer – un mariage était toujours un bon moyen de rencontrer des gens intéressants pour sa carrière – mais celle-ci pinça les lèvres et répondit que sa sœur n'était rien d'autre qu'une petite dinde insupportable et égocentrique. Vernon appliqua la politique de l'autruche au ton furieux de sa femme et n'en reparla plus.

Et puis Dudley vint au monde. Un garçon fort, blond comme les blés, beau comme sa mère. Vernon était fier de son fils. Ils apprirent vaguement quatre mois plus tard que Lily avait également donné naissance à un fils – Harrold ou quelque chose comme ça. Mais Pétunia ne s'en préoccupa pas et refusa de voir son neveu.

Et puis la mère de Pétunia mourut. Un soir d'automne, emportée par une pneumonie. Ils allèrent à l'enterrement et Vernon rencontra pour la première et unique fois les Potter. Lui était brun, les cheveux ébouriffés, vêtu de noir. Des lunettes rondes autour de ses yeux noisettes. Banal, quoi. La sœur de Pétunia était rousse comme une flamme et avait des yeux verts comme des émeraudes. Elle ne ressemblait pas à sa sœur. Pétunia ne lui adressa pas la parole de la soirée. Finalement, dans la voiture, sur le retour, Vernon aurait fait n'importe quoi pour combler le silence. Alors il parla de Lily Evans. Il aurait mieux fait de se taire. Car anéantie par la mort de sa mère, Pétunia dut perdre la tête car elle lui raconta tout. Cette ignoble tare familiale. L'admiration de la famille pour les dons horribles de sa sœur. Et si elle était si géniale, pourquoi n'avait-elle pas pu sauver leur mère ?

Vernon pinça les lèvres et ne dit plus rien du voyage, l'esprit retourné par ce qu'il venait d'apprendre. Ils en discutèrent plus tard, à tête reposée, loin des oreilles innocentes de leur joli fils. Et Vernon apprit à haïr cette femme qu'il n'avait jamais vu aussi sûrement que si elle avait tué quelqu'un de sa famille. C'était viscéral, la magie lui donnerait à l'avenir des frissons de dégoût.

L'année suivante, le couple Potter mourut, atomisé par un mauvais Mage Noir. Les Dursley ne sauraient jamais que la 'pneumonie' de la mère n'était guère innocente et n'était rien d'autre qu'un meurtre pur et simple. Orphelin, le gamin Harry et non pas Harrold ou tout autre chose qu'ils avaient pu imaginer leur fut confié. A eux. Qui détestaient la Magie de toutes leurs tripes. Et quelque part dans tout ce fouillis, Dursley perdit la tête.