Le monde des souris, la disparition mystérieuse

Chapitre 5

Les deux petites mangèrent un petit peu puis allèrent se coucher dans l'abri improvisé que Rosine avait rafistolé. Le lendemain, les souris partirent avec les deux brins d'herbes.

— Que... qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Rosine, les yeux baissés au sol.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Je crois que j'ai trouvée quelque chose, grande sœur. Oui, c'est ça ! Des empreintes de souris ! s'exclama soudain Rosine. Elles mènent à la grotte, là-bas !

— Ah bon ? Je ne vois ri... ah, si c'est bon, je les vois.

— Tu penses qu'on devrait aller voir s'il y a un truc dans l'antre ?

— Je... je... je ne sais pas si c'est... si c'est très raisonnable, bredouilla l'aînée, blanche comme un linge.

— Tu as peur ? murmura Rosine, étonnée.

— Non !

— Si, tu as peur, grande sœur.

— Non. Je n'ai pas peur !

— Sœurette, ça se voit. Si tu dis que tu n'es pas sourde, alors moi je dis que je ne suis pas myope. Alors, réponds-moi sincèrement, est-ce que tu as peur ? lui redemanda Rosine en appuyant bien sur les mots.

— N... non... bon, en fait, oui.

— Je le savais ! Mais, est-ce que tu as quand même envie de venir avec moi ? demanda la cadette.

— Oui ! Évidemment ! Je ne vais pas laisser ma sœur adorée se jeter dans la gueule du loup sans moi, enfin ! Tu réfléchis quand tu parles ?!

— Oui, calme-toi.

Les deux souris partirent donc vers la grotte. Elles entrèrent dedans et découvrirent... leur oncle !!! Quand leurs regards se croisèrent, tout le monde cria : « Mais qu'est-ce que tu fais là ?! ». Violette repéra vite son diadème et les chaussures turquoise de sa sœur. Elle donna un léger coup de patte à Rosine, qui tourna la tête vers elle. Son aînée lui montra les deux choses qu'elles s'étaient toutes les deux faites volées.

— C'est toi qui as pris ma paire de chaussures turquoise et le diadème de Violette ? demanda Rosine à son oncle.

— Oui, répondit-il, j'ai réussi à passer à travers la vigilance des gardes coccinelles.

— Mais pourquoi as-tu fait ça ?

— Je n'avais pas le choix, les filles. Approchez, je vais vous raconter quelque chose.

Les deux princesses s'approchèrent avec méfiance. Quand elles se retrouvèrent assez près de leur oncle à leur goût, les petites s'arrêtèrent. Soudain, Voleli (leur oncle) attrapa violemment Rosine. Tout se passa très vite : la grotte fut séparée en deux ; d'un côté Violette et Rosine, de l'autre Voleli. Il leur fit un sourire cruel, sortit, et remit la pierre qui bloquait l'entrée, laissant les petites à l'intérieur. Elles profitèrent de l'absence de leur oncle pour visiter la grotte. Il y avait par-ci par-là quelques objets que Violette et Rosine reconnurent : la couronne de Sourice et celle de leur mère ; la couverture d'un villageois ; le doudou de leur voisin et pleins d'autres petits bidules. Au bout d'un moment, le chemin devint tellement étroit que les deux petites furent obligées de se mettre l'une derrière l'autre. Quand Violette se retourna pour parler à sa sœur, Rosine n'était plus derrière elle. L'aînée rebroussa chemin. Elle fut interrompue par des pleurs. La souris se retourna et découvrit sa sœur, la tête baissée, sur ses quatre pattes, en train de murmurer quelque chose que seule elle pouvait entendre et comprendre.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Violette à sa sœur, en se mettant elle-même sur ses quatre pattes.

— Rien, c'est juste que c'était une très mauvaise idée de partir de la maison. Papa et maman doivent s'inquiéter, à l'heure qu'il est. Et les gardes vont venir risquer leur vie pour nous chercher. Et ma professeure de danse sera furieuse parce que j'aurai raté pleins de cours, pleurnicha Rosine. Et Coco, ma coccinelle, elle me manque tellement ! J'aurai dû l'emmener avec moi.

— Parce que tu crois que Foufi, ma fourmi, ne me manque pas ? Ne t'inquiète pas, petite sœur, dès qu'on sera rentrées à la maison, tu pourras revoir ta coccinelle, et moi, ma fourmi.

— Les filles ! cria une voix. Où êtes-vous ?

— Grande sœur, est-ce que tu as un sac ?

— Euh, oui, je crois. Pourquoi ?

— Bon, tu en as un ou pas ?

— Oui.

— Très bien, alors passe-le moi.

Violette lui tendit son sac et Rosine repartit vers la grotte. Elle prit tous les objets que son oncle avait volé puis partit retrouver sa sœur.

— Tu es folle ! lui chuchota Violette. Et si tu t'étais fait prendre ? Tu aurais fait comment ?

— Ne t'inquiètes pas, je suis vivante, pas vrai ?

— Oui, mais si tu t'étais fait prendre, j'aurai dû repartir au château et annoncer la mauvaise nouvelle à nos parents. Papa et maman auraient été furieux contre moi de t'avoir perdu entre les pattes de notre oncle.

— Euh... les filles, fit une voix, vous nous avez déjà oublié ?

— Qui est-ce qui as parlé ?

Les filles sortirent les brins d'herbes de leurs sacs.

— Qu'est-ce que vous voulez ? demandèrent les souris aux brins.

— Nous savons où est la sortie, nous allons vous guider.

Les souris suivirent les indications des deux brins et débouchèrent sur une prairie magnifique. Le pré était bordé de superbes fleurs de toutes les couleurs : il y avait des orchidées ; des camélias ; des agapanthes ; des roses blanches ; des roses roses ; des lys ; des hibiscus... Il y avait aussi beaucoup d'arbres fruitiers, comme des pommiers ; des cerisiers ; des pêchers... Un ricanement les interrompit dans leur rêverie ; c'était leur oncle !!

— Ha, ha, ha, ricana leur oncle, vous êtes toutes les deux prises au piège. Vous n'avez aucune échappatoire !

Les deux souris se regardèrent : elles avaient toutes les deux la même idée.

— Par la terre, peut-être, mais par les airs, il y en a une, firent en chœur Violette et Rosine.

Elles prirent leur brin d'herbe respectif qui s'envolèrent, sous le regard médusé de leur oncle, qui ne pût se contenter que de crier leurs noms.

970 mots.
Voilà le chapitre 5.
Bisous et bonne nuit 😘🌙.