Le monde des souris, la disparition mystérieuse

Chapitre 7

Les deux souris prévinrent les brins et s'apprêtaient à partir quand Voleli arriva devant elles.

— J'aimerais vous parler, dit-il. Je suis désolé, j'ai été méchant, je dois vous dire la vérité ; toute la vérité.

— Hahaha ! Mais où est donc passé notre oncle si machiavélique ? fit Violette en tordant sa queue tellement elle riait.

— Les filles, écoutez-moi, s'il vous plaît, fit Voleli.

— Sur ce point, Violette a raison, continua Rosine. Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de notre oncle ?!

— Les filles, écoutez-moi !!!

— Oui, c'est bon. Je t'écoute, accepta Rosine, et toi, Violette ?

—Si tu l'écoutes, je l'écoute aussi.

— Très bien. Pour commencer, savez-vous pourquoi j'ai été banni ?

— Non, répondirent les deux sœurs.

— J'ai été banni car j'étais soupçonné d'avoir volé les réserves de nourritures du château.

— Mais, si tu n'étais que soupçonné, ce n'étais pas forcément toi, l'interrompit Rosine.

— Justement, écoutez-moi et vous saurez toute l'histoire, leur dit-il froidement. Bref, comme je vous le disais, j'étais soupçonné d'avoir volé les réserves du château alors que je n'avais absolument rien fait. Un jour d'automne, j'aidais votre mère à faire peur aux taupes-bûches-de-chèvres. Votre père est arrivé avec un garde coccinelle et m'a dit de venir avec lui. J'ai quitté Fromagi, votre mère, pour suivre Sourice et le garde coccinelle. Ils m'ont emmené au trou-prison ; il était gardé par des chats sauvages, ce qui dissuadait tous rats ou toutes souris enfermées de sortir. Je leur ai demandé pourquoi ils m'emmenaient là et ils m'ont répondu qu'ils avaient besoin de réfléchir à toute cette histoire et qu'ils ne voulaient pas que je ne m'échappe.

— Quelle histoire ? demanda Rosine.

— Chut, tais-toi ! lui répliqua Violette.

Voleli continua :

« — De quelle histoire parles-tu ? ai-je demandé à Sourice.

— Roooh, ne fais pas l'innocent, enfin ! Je suis désolé, m'a-t-il dit en baissant les yeux avant de partir.

Quelques jours plus tard, un garde est venu, il m'a escorté jusqu'à la sortie du royaume ; Sourice était là, avec votre mère. Elle s'est approchée de moi, soi-disant pour me « parler », et m'a discrètement donné une boussole en diamant et une carte en feuille de cactus. Mais que me voulaient-ils donc ?
Le garde m'a fait sortir du domaine royal et votre père a pris la parole :

— Par les pouvoirs qui me sont dû, je te banni de ce royaume à tout jamais !

— Mais pourquoi ?! me suis-je écrié.

Votre père n'a pas répondu, j'ai donc continué sur ma lançé.

— Papa n'aurait pas accepté ce que tu es en train de faire, ai-je murmuré.

— Peut-être, mais papa n'est plus là pour me dicter ce que je dois faire !!!

Sourice était furieux. Il retourna dans son château. Le garde regarda Fromagi :

— Dois-je le suivre, Reine ?

— Oui, a-t-elle fait d'une petite voix.

— Très bien, a-t-il dit en suivant le roi avant de se retourner. Venez-vous avec moi ?

— Non, je dois parler à Voleli. Oh, et, n'en parlait pas à mon mari, s'il vous plaît.

Le garde esquissa un sourire, hocha la tête, puis parti.

— Je suis tellement désolée, murmura-t-elle à mon attention. Je sais que ce n'est pas toi qui as volé les réserves. Tu vas beaucoup me manquer.

Elle m'a adressé un sourire puis est allée retrouver Sourice.
Je suis resté seul un moment, me liant d'amitié avec des habitants de la forêt, de l'eau ou encore de la jungle. Ma « maison » était une grotte. Un jour où je cherchais un arbre à fromage, j'ai remarqué des traces de pas de souris, et je suis aussitôt retourné dans ma grotte. Quand je vous ai vu arriver, j'étais très content, puis j'ai été méchant car je ne voulais pas croire ce que je voyais : j'avais peur que vous aussi vous vous étiez fait bannir. »

— Wouah ! fit Rosine.

— Mais alors, si tu n'as rien fait, c'est que c'est quelqu'un d'autre ? demanda Violette.

— Oui, c'est ce que je me disais aussi. Je ne veux accuser personne, mais je pense que c'est votre père.

— Pourquoi tu penses que c'est papa ? demanda Rosine d'un air méfiant.

— En ce temps-là, c'était un temps de famine dans notre royaume, et comme Fromagi vous a eu en ce moment, même si c'était la reine, elle n'avait pas grand-chose pour vous nourrir.

— Tu n'as pas de preuve, lui fit remarquer Rosine.

— Ça vient, répondit Voleli. Un jour, j'ai entendu votre père parler à un chat :

« — Tu sais, a-t-il dit, très fier de lui, j'ai volé toutes les réserves de nourriture du château.

— Quoi ?! Je vais vous dénoncer à tout le monde, même si vous êtes le roi, l'a menacé le chat en pointant l'une de ses griffes vers lui.

— Si tu me dénonces, je priverai toute ta famille de croquettes pendant deux semaines, a rétorqué Sourice.

— D'accord, Votre Majesté, je vous promets que je ne vous dénoncerai pas, mais, s'il vous plaît, ne privez pas ma famille de croquettes, a supplié le félin.

— Tu n'as pas à t'inquiéter, a fait mon frère avant de partir. »

— Je n'aurais jamais cru que papa pouvait faire une chose pareille, fit Rosine. Tu penses qu'il pourrait être banni si quelqu'un l'apprenait ? demanda-t-elle à sa sœur.

— Je ne sais pas petite sœur, mais un jour ça se saura. J'en suis certaine.

— Mais, si papa est banni, ça veut dire...

— Qu'on ne le reverra plus jamais, termina Violette d'une toute petite voix.

Les deux souris pleurèrent un moment en silence. Pendant ce temps, Voleli prépara une petite cabane pour qu'ils puissent dormir.

— J'ai une preuve, lâcha soudain Rosine entre deux sanglots.

— Ah bon ? s'étonna Violette.

— Oui. Tu te souviens de la nuit où je n'arrivais pas à dormir ?

— Oh que oui, répondit Violette en riant. Tu n'arrêtais pas de me demander si je dormais.

— Oui, c'est ça. À un moment, j'ai voulu aller voir tonton ; je suis donc sortie de la chambre en essayant de ne faire aucun bruit.

— Et après, croyant que tu t'étais endormie, j'ai voulu te faire un bisou, mais tu n'étais plus là. J'ai deviné que tu étais avec tonton et je t'ai rejointe dans sa chambre. On n'avait pas dormi de la nuit. On peut donc être certaine que ce n'est pas toi, tonton.

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