11: " Petit monstre "

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C'est tellement difficile de te dire ce qu'il ne va pas. Les mots, n'arrivent pas à sortir de ma gorge, sans qu'une vague d'émotions me secoue.
Et toi seul sais, à quel point je déteste ça. Car je veux être forte à tes yeux. Même si rien n'est jamais assez bien pour toi.
Mais ils sortent de mes mains, de mon esprit, pour se retrouver là, où est leur destination.
J'aime les mots.
J'aime les manipuler.
Leur donner une harmonie, une affliction, un sens, une passion...C'est toi qui me l'as appris.
On peut les manipuler si facilement, leurs données un sens poétique, alors que tous semblent tristes. Dire la vérité d'une manière énigmatique, si en joli.
La vérité... est que cela est bien trop difficile pour moi.
Cette souffrance.
Mais après tout...tout ça ne sont que des mots, qui peuvent être balayés par un souffle ou remplacé par d'autres...

Selya ELMAS


15 ans et 2 mois

Une lumière blanche, m'éblouit à travers mes paupières qu'elle en est presque douloureuse. Mon corps est engourdi, lourd, je sens des légers picotements dans le bout de mes doigts, mais je ne peux les bouger. Des voix bourdonnent autour de moi, je suis incapable de les distinguer. Un bip en continu me parvient aux oreilles, une machine, je pense. Je tente d'ouvrir les yeux, mais tout autour de moi est trouble, je ne vois que cette lumière aveuglante. Je sens quelque chose me toucher le bras ou quelqu'un, je n'arrive qu'à distinguer une silhouette. Mes yeux se referment, les bruits autour de moi semblent moins lointains. Je crois que c'est une femme, mais je ne suis pas sûr.

Où suis-je ?

Une douleur à la tête et au ventre m'assaille. Ma gorge est sèche, comme si je n'avais rien avalé depuis des jours. J'entends la voix de la femme me parler, et une seconde plus masculine cette fois-ci, je ne comprends pas ce qu'elles disent. Mon esprit et tout embrouillé, plus rien ne se distingue. Les bips se font de plus en plus forts, ils embrument mes sens, mes souvenirs.

- Elle se réveille, allez prévenir le docteur Clark, ordonné la voix féminine.

"Elle se réveille", comment ça ? J'essaie de me souvenir, j'ai l'impression que mon crâne risque d'exploser. J'arrive à peine à me concentrer, qu'un fragment d'un souvenir me revient en mémoire. Je me revois face à mon miroir ensanglanté, la douleur revient à son tour, elle me tourmente de nouveau. La lumière au-dessus de moi commence à se dédoubler, à tourner. Je sens qu'on allonge mon lit, je me retrouve parallèle au plafond. Je parviens à tourner ma tête, et aperçois des personnes s'agiter autour de moi.

Que se passe-t-il ?

Une boule se forme dans mon estomac. La peur.

- Dépêchez-vous ! crie la bonne femme. On est en train de la perdre !

Un frisson me parcourt de ma colonne vertébrale à ma nuque. Tout me revient en tête. Les cachets, ma crise, mon père. Mon père ! Comment ai-je pu vouloir l'abandonner ainsi ?

Tu. n'es. qu'une. lâche.

Sauvez-moi, je vous en prie ! Je ne lui ai pas encore dit au revoir. C'est mon père, je ne peux pas le perdre, je ne veux pas qu'il me perde. Je vous promets de me battre, plus jamais j'abandonerai. Je n'ai que 15 ans et il a encore besoin de moi, comme moi, j'ai besoin de lui...

L'air me manque, j'ai l'impression que quelque chose m'oppresse la poitrine. J'ai du mal à respirer. Des petites tâches noires commencent à se dessiner devant moi, pendant que la peur me broie les entrailles. Non, s'il vous plaît, ne me laissez pas mourir.

Lonely Où les histoires vivent. Découvrez maintenant