Un rayon de soleil lui tape sur la joue. Il grogne. Pourquoi la lumière est-elle si vive ? Il remue pour se cacher de l'agression dans un bruit de toile caractéristique. Encore dans la brume du sommeil, le bruit d'un frottement de sac de couchage l'interpelle. Pourquoi n'est-il pas sous sa couette ?
Loïs descelle ses paupières, puis les referme instantanément. La lumière continue de l'aveugler. Au bout d'un certain temps, il peut ouvrir les yeux sur la toile bleue d'une tente. Il lui faut quelques secondes pour se rappeler le réveil brutal de la veille, le voyage en voiture et la balade en forêt. Encerclé par Charlie et Éridan, encore une fois, il se tortille pour se dégager un peu. Quelle idée de dormir à trois dans un compartiment pour deux. Il a très chaud dans ce petit espace chauffé par le soleil déjà bien haut dans le ciel.
Au terme de mouvements incertains, il parvient à s'extirper du sac de couchage et à atteindre la fermeture éclair de la chambre. Silencieusement, il sort et se retrouve dans la petite salle centrale de la tente où ils ont empilé leurs affaires la veille. Dans le compartiment d'en face, Ana dort encore comme un loir. Hâtivement, Loïs change de tee-shirt avant de sortir de la tiédeur de la tente.
Comme il s'y attendait, le soleil est déjà près du zénith. Romane en robe à motif floral est assise à la petite table de camping, un gobelet à la main. Elle se retourne vers lui.
« Matinal, dis-donc, se moque-t-elle.
– Je suis pas le pire apparemment, rétorque Loïs.
– C'est vrai.
– Il est quelle heure ?
– Presque midi.
– Déjà ? s'écrit-il.
– Oui, je suis levée depuis dix heures. Je pensais pas rencontrer quelqu'un avant une heure pour tout t'avouer. Vous dormiez trop profondément quand j'ai quitté la tente. »
Loïs s'assoit à l'un des tabourets avant de piocher dans le paquet de gâteaux maison de sa sœur. Il n'y a toujours personne autour de leur emplacement. On pourrait croire que cette partie du camping leur est privatisée.
Alors que le soleil continue son ascension à travers les nuages vaporeux. Romane et Loïs parlent de tout et de rien. La légèreté de cette journée de vacances est agréable. Le stress, le mouvement perpétuel de la ville, le bruit incessant des rues qui grouillent de passants et de voitures sont loin. Loïs se sent comme reclus dans une terre calme et insouciante, diamétralement opposée à leur quotidien. Un coin de paradis éphémère.
Puis lorsque les cloches de l'église du village voisin sonnent une heure, Ana émerge lentement de la somnolence. Peu de temps après, les deux garçons sortent de leurs rêves à leur tour.
« Vous hibernez, les gars ? Vous savez que c'est en hiver normalement, les taquine Loïs.
– Je suis sûre que t'es réveillé depuis à peine cinq minutes, réplique Ana.
– Une heure, plutôt.
– Une heure, cinq minutes, c'est la même chose », baille-t-elle.
Les visages, même ensommeillés, se parent d'un sourire. La journée, ou plutôt l'après-midi, commence bien.
« Bon ! C'est quoi le programme du jour, reprend-elle soudain.
– Calmos, laisse-moi me réveiller, grommelle Charlie, le nez dans un gobelet de café.
– La marmotte, il est déjà plus le matin, je te rappelle ! »
Il ne répond rien et se contente d'envoyer un coup de coude à Éridan, lui aussi pas bien éveillé.
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Jusqu'à s'envoler
Teen FictionQuand la vie semble paisible, les douleurs se cachent derrière les sourires. Loïs et Éridan se partagent tout, les joies, les pleurs et les états d'âme. Cependant, reste ce secret. Un secret maintenant trop lourd pour Loïs. Un secret qu'il doit part...