Chapitre quatre.

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[La vie, c'est ce qui arrive quand on a d'autres projets.
John Lennon.]

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Le visage renfrogné, Katsuki détourne rapidement son attention du Todoroki qui, après son apparition furtive, disparait à nouveau derrière le verre de la baie vitrée. 
De là où il est, il perçoit déjà une vague agitation depuis l'intérieur de l'appartement, qu'il devine provoquée par l'arrivée de Deku, apparemment très attendu par tous le monde. 

Sa cigarette entres les doigts, il souffle lourdement toute la fumée contenue dans ses poumons, brouillant sa vue derrière le nuage, et dissimule sa contrariété derrière sa bouteille de bière, plaquant sauvagement le goulot contre sa bouche pour en siphonner une bonne moitié d'un coup. 
Il n'a absolument pas peur de Deku, où Dieu sait quelle autre connerie du genre, mais il ne peut pas s'empêcher de se sentir perturbé par son arrivée. 

En baissant les yeux vers ses genoux, il plisse les paupières pour ramener à sa mémoire le souvenir du visage de ce garçon, qu'il n'a plus oublié depuis leur première et unique rencontre. 
La lueur surprenante de son regard, emplit de nuances émeraudes semblant refléter le soleil, la texture qu'il devinait délicate de la peau de ses tempes et de ses joues. 
Et sur ces mêmes joues, ces foutus tâches de rousseur. 

Mine de rien, c'est une particularité qui se fait rare, et il lui semble d'ailleurs n'en avoir jamais vu, hormis à la télévision, et cette constellation qui recouvre son visage et son cou a fasciné son regard, embrouillé ses réflexions et perturbe encore ses souvenirs. 
Il y a définitivement un truc qui lui échappe avec ce mec, et la manière dont il semble agir sur lui alors qu'ils ne se connaissent pas. 

- Laisse moi parler à Ochaco. 

Fronçant les sourcils, il relève le menton vers Eijiro, qui se redresse de sa petite chaise en la poussant sous la table avant de lui lancer un sourire amical et de poursuivre 

- Ca sert à rien de vous forcer, laisses juste les choses se faire toutes seules, vous finirez bien par vous dire un truc à un moment donné. 

C'est probablement la phrase la plus sensée qu'il entendra ce soir, même s'il n'est pas certain que ça l'aidera particulièrement à se sentir plus à l'aise, il serait quand même soulagé de ne pas avoir à sentir la pression du regard de sa copine sur lui toute la soirée.

Il écrase sa cigarette en haussant les épaules, termine rapidement son fond de bière en renversant les dernières goutes sur sa langue, et accepte en grognant de suivre Eijiro à l'intérieur. 
La porte vitrée à peine franchie, il perçoit déjà la voix de Deku, encore dissimulé derrière la cloison du hall d'entrée. 
Il ne le voit pas de là où il est, mais son rire éclatant perce la pièce et vient narquoisement lui pincer les tympans. 

Immobile entre deux carreaux de carrelage, il regarde Kirishima s'éloigner pour aller accueillir le retardataire et prend une longue inspiration en plongeant ses deux mains au fond de ses poches. 
Se sentant un peu con, planté comme ça au milieu de la pièce, il souffle bruyamment en pivotant sur lui-même et rejoint le canapé vide en trainant des pieds. 
Enfonçant son corps dans la mousse confortable, il étend une de ses jambes sur l'assise, posant son mollet sur un coussin solitaire, avant de tirer son portable de sa poche pour jeter un oeil las à ses réseaux sociaux. 

Il ne s'y passe jamais grand chose d'intéressant en général, et il hésite souvent à tous les désinstaller, mais force est de reconnaître qu'ils peuvent s'avérer utiles, quand on a besoin de masquer sa gêne derrière son écran en feintant d'être occupé par exemple.
Dans le hall, plusieurs éclats de rire se superposent, mélangeant les voix qui deviennent inaudibles à son oreille, et un mouvement dans sa vision périphérique lui fait relever les yeux. 

Son meilleur ami [ KatsuDeku ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant