Chapitre quarante trois.

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[Tu peux, tu devrais. Et si tu es assez courageux, tu iras. 
Stephen King]


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A force de ne plus tenir sur ses jambes, de voir ses mains se mettre à trembler, malgré toute sa volonté, pendant des interventions chirurgicales et de déambuler dans les couloirs comme un revenant, Izuku a finit par écoper d'un arrêt maladie, signé de la main de son titulaire en personne, qui lui a formellement interdit de se présenter sur son lieu de travail tant qu'il n'aura pas fait, au moins, deux nuits de sommeil consécutives. 

Il faut dire qu'il ne valait plus grand chose, à la limite de la dépression nerveuse, et il n'a finalement pas craché sur ces quelques jours de répits. 
Pourtant, c'est pas comme ça qu'il se changera les idées, bien au contraire d'ailleurs, tourner en rond dans l'appartement ne fait qu'augmenter le flot bruyant et incessant de ses pensées. 
Du matin jusqu'au soir, il vagabonde, de son lit au canapé, du canapé au lit. 
De temps en temps, il fait une escale par la cuisine. 

Trois jours qu'il erre dans l'appartement comme un ectoplasme. 
Six jours qu'il a parlé à Kacchan. 
Demain, ça fera officiellement un mois qu'ils sont séparés, et il n'a pas eu d'autres nouvelles depuis la dernière fois, bien qu'il n'ait pas particulièrement cherché à en avoir non plus. 

Katsuki fait sa vie avec son nouveau mec, grand bien lui fasse, et Izuku doit apprendre à passer à autre chose, même si ça fait mal. 
Même si c'est impossible, en réalité. 

Le soir, il passe la moitié de ses nuits dans la chambre de sa colocataire, à étancher ses maux au travers du flot de son impuissance. 
Et elle l'écoute, patiemment. 
Puis, les rares fois où il parvient à s'endormir, il se réveille généralement après deux ou trois heures de sommeil. 

Dans ces moments-là, il retourne dans le salon et s'assoit par terre, au pied du canapé pour caler sa tête contre la mousse de l'assise. 
Il allume la télévision, baisse le volume, juste assez pour entendre sans réveiller Tsuyu, et il reste là jusqu'à ce que le son du téléfilm de la nuit berce sa fatigue. 
Il somnole plus qu'il ne dort, et la position est moyennement confortable, mais il arrive à ne plus penser pendant un petit moment. 

Sinon, le reste du temps, il ne fait que voir et revoir l'image de ce gars, celui qui est venu s'accrocher au bras de Katsuki pendant qu'ils parlaient -s'engueulaient- sur le palier. 
Maintenant qu'il a un visage et un nom à mettre dessus, il ronge encore un peu plus ses pensées. 
Pourtant, il jure qu'il essaie, de dévier son attention sur autre chose, de se concentrer sur des tâches quelconques, mais c'est fou comme, dans des périodes comme celle ci, tout et n'importe quoi nous ramène à l'autre. 

Et aujourd'hui, alors qu'il broie du noir dans la cuisine, le coude appuyé contre le plan de travail en attendant que la cafetière chauffe, il se fait surprendre par des coups donnés contre la porte d'entrée. 
Encore en tenue de nuit, boxer t-shirt, à près de quinze heure, il se traine jusque dans le hall, abandonnant la surveillance de la machine à café, pour aller ouvrir à son visiteur. 

Pour être tout à fait exact, à la seconde où il tourne la clé dans la serrure, la porte s'ouvre brutalement de l'extérieur, manquant de lui cogner le front, et une ombre agitée lui passe à côté comme une fusée. 
Pantois, debout au milieu du hall, il cligne plusieurs fois des paupières, avant de reconnaitre Hanta, qui vient de faire une entrée fracassante et qui frappe dans ses mains en le dévisageant. 

- Me dis pas que tu te lèves juste ?! 

Un peu abasourdi, il referme lentement la porte sans la claquer, regardant Hanta faire sa vie dans l'appartement, traversant le salon pour atteindre la cuisine. 

Son meilleur ami [ KatsuDeku ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant