Chapitre quarante deux.

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[Les mots, pour peu qu'ils soient bien placés, peuvent frapper autant que les coups. 
Grégoire Delacourt]

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Animé d'un mélange de colère et d'incompréhension, parsemé également d'une petite lueur d'inquiétude, Izuku s'accroche fermement à son volant. 
Au beau milieu de la nuit, alors que la ville est presque totalement endormie, il fait crisser ses pneus sur le goudron aussi noir que le ciel. 
Dans son rétroviseur central, la lumière agressive des pleins phares de la voiture qui le suit le force à plisser les paupières, insultant au passage le conducteur malpoli. 

Dans l'habitacle, l'éclairage timide de son tableau de bord se mélange à la lumière jaune des réverbères qui bordent la route, créant au fil de ses déplacements des reflets colorés à travers le verre de son pare brise. 

En haut de ses bras tendus, ses épaules se contractent à chaque inspiration bruyante.
Fatigué, agacé, nerveux, il sent les battements de son cœur cogner entre ses côtes, si fort qu'ils résonnent jusque dans ses oreilles.
La mâchoire contractée et le regard fixé droit devant lui, il change brutalement de rapport en passant une intersection, faisant craquer la boîte à vitesse dans la rue déserte. 

En dehors de quelques véhicules garés contre le trottoir, plus personne ne se promène ici. 
Pour cause, il est un peu plus de deux heures du matin. 

Et des soirées comme celle-ci, honnêtement, il s'en passerait volontiers. 

Lui qui croyait naïvement rentrer se reposer chez lui, tranquillement, en terminant son service à l'hôpital un peu après minuit, a vu ses espoirs s'envoler en passant la porte de son appartement. 
Découvrant, avec un certain effarement, que Shoto l'attendait, depuis plusieurs heures, en compagnie de Tsuyu. 
Et puis, en s'avançant de quelques pas, il a vu son visage. 

Il a bien faillit sursauter. 

Pressant un pain de glace sur son visage tuméfié et couvert de plaies qui ne saignaient plus, Shoto avait insisté pour l'attendre en personne, refusant que Tsuyu le conduise à l'hôpital, ni même qu'elle pose des strips sur ses blessures. 
Les paupières jaunies par une supposée fracture de son nez et la lèvre tellement gonflée qu'il ne pouvait même plus articuler un mot, Shoto a d'ailleurs eu beaucoup de mal à expliquer ce qu'il lui est arrivé. 

Et Izuku a manqué de sursauter une deuxième fois, en comprenant à force de baragouinage, que Katsuki venait de lui refaire le portrait sur le capot de sa voiture quelques heures plus tôt. 

Et là, il est resté perplexe.

Kacchan ne lui donne plus de nouvelles depuis trois semaines, il s'est remis en couple avec une autre personne, et aucun événement nouveau n'est survenu ces derniers jours. 
Pourtant, à voir les blessures de Shoto, il s'est salement défoulé sur son visage, de toute sa force et avec toute sa rage. 

En premier, c'est un sentiment d'incrédulité qui l'a envahi. 

Puis, après quelques minutes, quand le choc s'est dissipé, il s'est senti très en colère. 
A cause des agissements de Kacchan qui, après vingt-et-un jours de silence, réapparait sur les radars pour casser la gueule des gens. 
Et pas à moitié en plus, Izuku a dû faire pas moins de dix points de suture au total, sans anesthésie qui plus est, Shoto refusant de se rendre à l'hôpital pour que quelqu'un d'autre s'en occupe. 

Néanmoins, au vu des hématomes sous ses yeux et du gonflement important de ses parois nasales, il paraissait évident que son nez souffrait d'une fracture. 
Alors, après les soins qu'il a administré, il a refait le trajet jusqu'à l'hôpital, pour confier Shoto à un collègue radiologiste. 

Son meilleur ami [ KatsuDeku ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant