Chapitre trente deux.

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[A ton deuxième naufrage, n'accuse pas la mer. 
Gilles Legardinier.]


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Le pas tremblant, tournant en rond dans la pièce principale de son appartement et la main plaquée contre sa bouche, elle soupire lentement, le souffle dérangé par l'angoisse qui secoue sa poitrine. 

Elle vient tout juste de raccrocher le téléphone, mettant fin à une conversation surréaliste avec le patron de son petit ami.
Et, si ce qu'il dit est vrai, Katsuki s'est tiré avec un camion de l'entreprise sans dire un mot, plantant ses collègues sur le chantier et disparaissant avec un véhicule qui ne lui appartient pas.
Mais tout ça n'a pas de sens, Katsuki n'a aucune foutue raison de voler un fourgon, encore moins de se volatiliser avec, et elle se pose soudain mille questions. 

Alors, après avoir convaincu le patron de ne pas appeler le police, lui assurant qu'elle retrouvera Katsuki dans l'heure, elle tourne désormais en rond dans le salon, à se demander ce qui se cache réellement derrière cette fuite inattendue.

Les idées qui fusent à son esprit la rendent folle, et elle panique tellement qu'elle ose à peine essayer de l'appeler, terrifiée d'avance par ce qu'elle pourrait découvrir. 
Il faut dire que Katsuki se comporte de manière si étrange ces derniers temps qu'elle a sincèrement toutes les raisons de s'inquiéter de sa curieuse disparition. 
Quelque chose l'a forcément poussé à agir ainsi, et ce quelque chose ne lui inspire pas confiance. 

Stressée, les battements de son cœur résonne entre ses côtes, comme s'il cherchait à s'échapper de là pour s'éloigner de la tension insoutenable qui lui secoue le corps. 
Il se passe quelque chose d'anormal qui l'inquiète profondément, et elle ferme les yeux en inspirant lentement pour se donner du courage. 
Elle n'a pas le choix de toute manière, elle doit le retrouver s'ils ne veulent pas avoir d'ennuis. 

Alors, aussi lentement qu'elle le peut, cherchant bêtement à gagner du temps pour continuer d'ignorer la vérité quelques secondes de plus, elle fait mollement défiler sa liste de contact, avant de s'arrêter sur le nom de son petit ami en se raclant la gorge.
Puis, collant doucement l'appareil à son oreille, elle stoppe sa course infernale et fixe son regard sur une tasse abandonnée près de l'évier, patientant. 

Les tonalités s'enchainent, et elle fronce les sourcils de plus en plus fort, la gorge nouée par l'appréhension et le dos raidit par l'inquiétude. 
Au fil des sonneries qui n'en finissent pas de se suivre, un rugissement sourd s'élève en bas de son abdomen, éveillant une pointe de colère quelque part sous son estomac. 
Si Katsuki lui fait l'affront de ne pas lui répondre après le coup qu'il vient de faire, elle ne le lui pardonnera jamais, et elle s'agite subitement près de la table. 
Rongeant ses ongles, elle contracte la mâchoire quand elle s'attend à tomber finalement sur le répondeur, la rage au ventre et des larmes d'angoisse au bord des paupières. 

Il a intérêt à avoir une excuse en béton armé. 

Mais, alors qu'elle s'apprête à abandonner, persuadée qu'il ne lui répondra pas, elle sursaute brutalement quand un grésillement lui parvient, mettant fin aux tonalités, mais indiquant surtout qu'il vient de décrocher. 
L'appréhension, l'angoisse et le doute se mélangent tout à coup dans sa bouche, soulevant sa voix et agitant ses bras alors qu'elle s'écrie, hors d'elle, dans le combiné. 

- Katsuki ?! T'es où bordel ?!

Un léger blanc lui répond en premier, et elle plisse le front en attendant que son petit ami daigne dire quelque chose, avant de finalement lui couper la parole à la seconde où elle comprend qu'il s'apprête à lui sortir une excuse de merde. 

Son meilleur ami [ KatsuDeku ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant