Chapitre vingt neuf.

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[Sous la surface gît une énorme masse de non-dits, de douleur et de secrets.
 Bernard Minier.]


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Pas du tout angoissé par la seringue, fixant du regard l'aiguille plantée dans son bras, Hanta se mordille nerveusement la lèvre inférieure, alors que son ami lui raconte brièvement la visite d'Ochaco. 
Bien sûr, il savait pertinemment qu'une situation de ce genre finirait pas se produire, un jour ou l'autre, mais il n'a pas pour autant réfléchi à la réaction qu'il faudra avoir le moment venu. 

Même si cette histoire n'est pas la sienne, il se sent profondément investi dans la liaison de son ami, d'ailleurs, c'est lui-même qui lui a proposé son aide quand il s'est aperçu que quelque chose se tramait entre eux, après la soirée d'anniversaire de Mina. 
Parce qu'Hanta est peut-être discret, mais pas aveugle pour autant. 
Qui plus est, à force de côtoyer Deku dans le contexte si particulier de son traitement, seuls à seuls entre deux injections, il a appris à mieux reconnaitre les nuances cachées dans ses silences. 

Peut-être mieux que les autres, il sait lire dans ses yeux quand il ne dit rien. 
Alors, quand il s'est aperçu des réactions de son regard et des contractions de ses épaules en présence de Katsuki, il a simplement décidé d'en parler avec lui. 
C'est ce jour-là qu'il l'a vu s'effondrer, environ une semaine avant le week-end dans la résidence Todoroki, alors qu'Izuku lui a subitement tout déballé. 

De ses sentiments soudains et incontrôlables à sa culpabilité vis à vis d'Ochaco, Izuku a littéralement craché tout son désarroi sur la table sans pouvoir s'arrêter. 
Hanta ne l'avait jamais vu -ni même imaginé- dans cet état là, et il a souffert pour lui. 
Mais il ne l'a pas jugé, encore moins regardé de travers.
Parce que Deku est son ami, parce qu'il fait beaucoup pour lui, parce que sa douleur se lisait dans ses yeux. 

Izuku n'est pas fier d'agir comme il le fait, et il est la première victime de son propre cœur, lui reprocher son impuissance face à ses sentiments qu'il ne maitrise déjà pas ne servirait à rien. 
Alors, en dépit des autres, Hanta a préféré l'aider, quitte à être complice, quitte à passer lui aussi pour une enflure, il n'a pas hésité à lui proposer son aide. 
Tout comme Izuku l'a fait pour lui, à l'époque où ses erreurs et son imprudence l'ont menées là où il se trouve aujourd'hui. 

- T'as tes derniers résultats sanguins ? 

Prit dans ses réflexions, et surpris par le changement soudain de conversation, il hoche simplement la tête en cherchant le document plié en six dans la poche de son jean. 
Comme toujours, il ne pige rien aux lignes d'appellations et de chiffres à virgules qui recouvrent la feuille, et il est à chaque fois fasciné par la manière dont Izuku les lit comme on lirait un simple courrier. 

Il ne s'y fera probablement jamais du reste, malgré déjà cinq prises de sang et trois prolongements de son traitement, il ne capte toujours rien à ce charabia médical. 

- L'éruption est comment ? 

Machinalement, il soulève le tissu de son haut jusqu'à la ligne de son diaphragme, révélant l'éruption cutanée, rosâtre et sur le déclin, qui recouvre son abdomen. 

- C'est mieux. 

Ces trucs apparaissent encore de temps en temps, de manière totalement random sur des zones aléatoires de son corps et, si elles ne sont ni douloureuses ni gênantes, elles sont peu esthétiques. 
Et surtout, pourraient trahir le secret si bien gardé de son infection. 
C'est à cause de cette saloperie qu'il n'a même pas pu se baigner dans la piscine de la résidence Todoroki pendant le week-end qu'ils ont passées là-bas, ni même se foutre torse nu pour lutter contre la chaleur. 

Son meilleur ami [ KatsuDeku ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant