Son meilleur ami [ KatsuDeku ]

Chapitre trente quatre.

[On ne répond pas aux questions d'un cœur par le cerveau. 
John Joos.]

________________

Comme beaucoup d'autres lundis soirs aux alentours de dix-huit heures trente, Mina s'autorise un petit verre d'alcool léger sur la terrasse de son appartement. 

Les lundis, ainsi que les jeudis, sont les seuls soirs de la semaine où elle rentre avant Eijiro et, bien qu'elle aime profondément son petit ami, elle ne crache jamais sur sa petite demi heure de calme et de tranquillité. 

Profitant des dernières journées chaudes de l'année, avant les premiers prémices de l'automne qui l'obligeront bientôt à boire son verre en intérieur, elle vérifie une dernière fois l'heure sur son téléphone avant de fouiller à la hâte dans son sac à main. 
Avant le retour d'Eijiro, et avant d'aller prendre une douche pour dissimuler ses petits secrets, elle a prit la mauvaise habitude de griller une clope discrètement. 

Pas qu'elle ne fasse pas ce qu'elle veut, mais elle ne tient pas à recevoir les remontrances de son copain pour deux cigarettes par semaine. 
Autant garder ça pour elle. 

Croisant les jambes sous la petite table d'extérieur, elle soupire de satisfaction juste après avoir allumé sa clope, soufflant la fumée autour de son visage, avant de verser un peu d'alcool entre ses lèvres. 
Puis, fermant les yeux pour ne pas perdre une miette de ce rare instant d'apaisement au milieu de son quotidien surchargé, elle se laisse aller à écouter les bruits de la ville. 

Suivant d'une oreille attentive les éclats de voix et les échos de klaxons au loin, elle enfonce son dos dans le dossier en affaissant ses épaules. 
De temps en temps, même si ça ne lui dure pas longtemps, elle apprécie aussi de rester tranquille et silencieuse pendant quinze minutes. 
Ensuite, le naturel reprend le dessus, et elle s'excite à nouveau sur tout ce qu'elle voit. 

Finalement, après cinq petites minutes à se reposer, voyant qu'elle atteindra très bientôt le filtre de sa cigarette clandestine, elle tire une dernière fois dessus avant de l'écraser dans un petit cendrier de poche. 
Puis, cachant la petite boite dans le double fond d'un pot de fleur installé par ses propres soins, elle s'apprête à rejoindre l'intérieur de son appartement, décidée à aller prendre sa douche pour faire disparaitre l'odeur du tabac dans ses cheveux avant le retour d'Eijiro. 

Néanmoins, elle s'interrompt dans son projet quand son portable se met à vibrer, sur le plateau de la table d'extérieur et, en voyant le nom d'Ochaco s'afficher, elle hésite un instant à lui répondre. 
Pas qu'elle n'ait pas envie de lui parler, mais elle doit passer par la salle de bain avant que son petit ami ne revienne, et si elle passe deux heures à tchatcher avec son amie, elle risque de se faire griller par l'odeur du tabac sur ses doigts quand il rentrera du travail. 

Mais, alors qu'elle pèse le pour et le contre, cédant à sa curiosité, elle finit par décrocher le téléphone, plaquant l'appareil contre son oreille. 
S'attendant à une conversation simple et amicale, comme d'habitude, elle sourit contre le combiné en saluant son amie. 

- Hey ! Tu v-

S'arrêtant dans son élan, elle fronce les sourcils en percevant un sanglot mal maitrisé à travers la ligne. 
S'inquiétant soudain de ce qui peut bien mettre Ochaco dans cet état, son sourire disparait d'un seul coup, laissant la place à une expression plus grave sur son visage. 

- Ochaco ? 

De l'autre côté, son amie prend une large inspiration bruyante, crépitante du flot de larmes qu'elle devine dans son souffle, avant de s'exclamer maladroitement.