Chapitre dix-huit

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[Le risque est beau.
Platon.]

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Dans sa fuite pour échapper à la tension autour de la table et à ses questions sans réponses, il avance au hasard à travers la propriété, s'éloignant progressivement du groupe jusqu'à ne plus les distinguer quand il regarde en arrière. 
Le silence s'invite discrètement autour de lui et, dans sa soudaine solitude, il se permet de souffler un grand coup, expirant l'air aussi bruyamment que possible. 

Cette journée débute bizarrement, et en plus de l'agacer profondément, elle le rend étrangement à fleur de peau. 
Cherchant toujours plus de calme, slalomant entre quelques arbres, tournant trois fois à droite, deux fois à gauche, ou peut-être l'inverse, ses pas le mènent près de la piscine au bout d'une bonne dizaine de minute. 

Toutefois, en arrivant sur place, il n'entre pas sous le dôme et se contente de le regarder de loin. 
Les émotions en pagaille, il scrute les courbes dansantes que les reflets de l'eau dessinent sur le plexiglas, et qui parfois s'entremêlent comme des amants, d'autres fois se fuient comme des inconnus.
Aussi, le souffle du vent dans les branches berce ses oreilles fatiguées par trop d'agitation, et par sa nuit blanche occupé à faire l'amour clandestinement contre une vasque en marbre de salle de bain. 

Quand il se lasse de regarder la lumière se pavaner sur le dôme comme un esprit libre, il traîne sa pauvre carcasse épuisée sur le sol frais.
Remerciant les arbres d'apporter autant d'ombres dans ce petit espace, il s'échoue misérablement sur un des bancs posés là. 
Ni assis ni allongé, dans une position fort alambiquée, il plaque ses deux mains sur ses yeux en soupirant tout l'air de ses poumons, jusqu'à sentir sa cage thoracique s'agiter d'un réflexe spasmodique. 

Immobile et approximativement détendu, la réaction d'Hanta continue toutefois de l'interroger. 
Cette façon qu'il a eu de se mettre en colère, de perdre patience, puis de se raviser subitement le laisse à croire qu'il est au courant de quelque chose concernant Izuku, au moins un peu.  
Et ça le perturbe. 

Peut-être devrait-il en parler à Deku. 

Plus ou moins confortablement installé sur l'assise un peu trop dure, il glisse ses doigts dans ses cheveux en fixant son regard sur la piscine, à travers le dôme transparent.
Il faut qu'il pense à autre chose, ou sa cervelle va surchauffer. 

Concentré, il se pince les lèvres en ramenant quelques souvenirs à sa mémoire, dans cette piscine, revoyant l'eau autour de son corps, le torse d'Izuku au dessus des vagues, et son bassin entre ses jambes. 

C'était là, c'était hier, pourtant il lui semble que c'était à la fois il y a une heure et, en même temps, l'année dernière. 
Les sensations sont encore si récentes qu'il peut les ressentir encore rien qu'en fermant les yeux, et pour autant, elles lui manquent déjà. 

Pour ce qu'il connait de la peau d'Izuku, il n'a pas encore eu le temps de tout découvrir, il sait qu'elle est un peu plus douce dans le creux de ses reins.
En haut de son torse également, entre sa gorge et son sternum, et Katsuki en ferait bien son point de naufrage pour toute une vie.

Tout seul ici, alors qu'il n'a plus besoin de cacher son épuisement, il se permet même de fermer les yeux quelques minutes, de se laisser bercer par un chant d'oiseau au loin et le souffle du vent sur son visage. 
Peut-être aussi, il cherche à dessiner des courbes qu'il aime dans ses paupières. 
Sa respiration s'apaise progressivement, sa nuit sans sommeil le rattrape, et il se sent plonger graduellement dans une semi léthargie plutôt agréable. 

Son meilleur ami [ KatsuDeku ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant