8. La capitale de l'amour

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J'obtiens mon Master en Sciences à la fin de ce printemps 1924 et décide de m'arrêter là. J'ai l'impression d'être à un stade de ma vie où les études n'ont plus leur place. J'utiliserai mon temps libre pour faire plus de bénévolat à l'hôpital et le Pr Jenkins m’a assuré que je serai toujours la bienvenue dans son laboratoire. Et puis il y a encore des tonnes de livres avec lesquels je peux assouvir ma curiosité scientifique.

Pour fêter mon diplôme et les 8 ans de Sarah, je l'emmène à Margate. Nous passons des heures dans la Grotte aux coquillages - cet endroit est devenu un lieu de pèlerinage pour moi - puis nous regardons les bateaux passer au large pendant que Cyril déterre des crabes dans le sable. Seul Alfie manque au tableau… Il a été très occupé ces derniers temps, nous ne l'avons pas vu depuis plusieurs semaines. Il a promis qu'il se rattraperait mais, un jour comme celui-ci, il me manque. Sarah décide de ramasser des coquillages pour lui rapporter des souvenirs. Je lui souris, tenant mes mains en coupe pour qu'elle puisse y mettre ses trouvailles.

Le soleil commence à se coucher, nous devrions rentrer mais Sarah proteste et traîne les pieds, même Cyril semble marcher plus lentement que d'habitude. Un couple passe à côté de nous, la femme est belle, jeune, épanouïe. Elle me sourit et je le lui rend. Je me demande si j'ai l'air aussi heureuse qu'elle, je ne peux pas m'empêcher de me retourner pour les suivre des yeux.

Cyril aboie, Sarah lance un cri aigüe. Je me retourne brusquement vers eux et les vois partir en courant. La silhouette qui marche dans notre direction est reconnaissable entre mille, j'ai l’impression de m’envoler. Sarah saute au cou d'Alfie, il chancelle en la rattrapant. Cyril jappe autour d'eux, Alfie se cogne contre lui et tombe en arrière sur le sable.

J'accélère pour les rejoindre mais le son de leurs rires me rassure déjà. J'aide Alfie à se relever, nous échangeons un long baiser. Il nous attire, Sarah et moi, dans ses bras, embrasse ses cheveux, puis mes lèvres à nouveau. A cet instant plus de doute, je suis la personne la plus heureuse du monde!

Nous retournons à l'hôtel, Alfie offre à Sarah un tout nouveau kit de peinture qu'elle insiste pour essayer avant le dîner. Sa peinture est soit hideuse, soit génialement abstraite, mais elle adore ça, c'est tout ce qui compte.

Plus tard, lorsque Sarah est couchée, je rejoins Alfie dans la salle de bain où il se déshabille et je commence à faire de même. Quand je n’ai plus que mon fond de robe sur moi, je sens ses mains se poser sur mes hanches. Je frissonne alors qu'il dépose un baiser sur mon épaule.

«J'ai un cadeau pour toi aussi», dit-il. "Ferme les yeux. »

Je souris et obéit. Je ne me lasserais jamais de ça. Il me conduit à travers la salle de bain - jusqu’au miroir je devine - puis m’abandonne un court instant. Je sens à nouveau ses mains sur moi, puis quelque chose de froid sur ma gorge. Mes yeux s'ouvrent et je hoquette en voyant mon reflet. Alfie ne m'achète jamais de bijoux, je le lui ai interdit depuis le début de notre relation, mais celui-ci… Mes doigts tracent la rivière de diamants tandis qu'Alfie l'attache à mon cou.

«Alfie…» je laisse échapper dans un souffle.

«Les diamants d'un tsar pour ma reine,» me murmure-t-il à l'oreille.

«C'est magnifique mais… je ne peux pas porter ça. »

Il se presse dans mon dos, enroule ses bras autour de moi, embrasse le creux de mon cou. Je ne peux pas quitter des yeux les diamants. Alfie fait courir ses mains sur moi, mon fond de robe glisse à mes pieds, mon reflet dans le miroir me ramène à la réalité. Les repas de Ruth et trop de pâtisseries partagées avec Sarah ont dessiné des formes plus rondes que je n’aime me l’avouer.

Shefele, petit agneauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant