11. ...et conséquences

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Contenu sensible : violence, sang

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Alfie est furieux. Le fait qu’il soit au téléphone avec Ollie confirme la gravité de la situation - je n'ai jamais été autorisée à appeler Camden Town depuis la maison - Il n'y avait que quelques mots sur la lettre: Vous avez fait une terrible erreur, mais ils ont suffi à provoquer cette rage non dissimulée.

Je savais qu'il recevait régulièrement des informations de France, mais il semble que ces espions aient loupé quelque chose, ou qu'ils ne l'ont pas vu à temps. Je ne peux pas entendre ce que dit Ollie, mais je comprends que la femme de James a des origines italiennes, dont certaines pourraient être d'un genre peu recommendable et apparemment, il y a eu une grande réunion de famille pour la naissance de leur fils il y a quelques semaines.

« Je veux le nom de chacun de ces putain de macaronis. Tous ceux qui étaient présents ce jour-là. Je veux savoir d’où ils viennent, où ils sont aller après et où ils sont maintenant. Non, non, Ollie, bordel, écoute-moi! Je veux savoir où ils sont tous! Envoie un télégramme, dis-leur que je veux un rapport d'ici ce soir ou ils peuvent commencer à chercher un nouvel emploi chez les mangeurs de grenouilles, hm?»

Alfie me regarde alors qu'il conclut son appel avec une flopée d'ordres et raccroche. Je sais déjà ce qu'il va dire. Je le supplie de rester, en vain. Il promet de revenir dès qu'il le pourra- je comprends qu'il ne peut pas grand-chose à faire d'ici- et Ollie est en route avec un groupe d'hommes pour s'assurer que Sarah et moi sommes en sécurité pendant son absence. Cela me rassure un peu, mais ce ne sera pas pareil.

Sarah prépare des pâtisseries avec Ruth, Alfie la serre dans ses bras avant de partir. Elle n’est pas consciente des dangers qui l'entourent, je fais de mon mieux pour que ça reste ainsi.

Quand Ollie arrive, le soleil est bas à l'horizon. Je mords l'intérieur de ma joue pour ne pas pleurer alors qu’il me salue d’une étreinte. Je ne l'ai pas vu depuis longtemps, j'aurais aimé que sa visite soit pour un motif plus léger. Sarah est ravie de le voir et l'emmène faire le tour de sa chambre et de l'atelier de peinture jusqu'au dîner.

Une fois Sarah endormie, je m'assois avec mon cousin près du feu, posant ma tête sur son épaule. Nous regardons les flammes en silence. Cela me rappelle le jour où nous avions appris que nos pères ne rentreraient jamais à la maison. Je me rends compte à quel point je suis reconnaissante à Ollie d'être ici. Il a une famille dont il doit s'occuper, mais il met sa vie en danger pour Sarah et moi.

« Merci,» je murmure.

« Honnêtement, entre toi et ton mari, je ne sais pas lequel me cause le plus de soucis,» répond-il avec un agacement feint.

Je lui donne un petit coup sur l'épaule. Nous restons ainsi toute la nuit, Ollie finit par s'endormir mais je n’y parvient pas. J'ai peur de ce qui m'attend si je ferme les yeux.

Deux jours après, je n'ose plus croiser mon reflet dans le miroir. Sarah n'est pas allée à l'école, elle commence à poser des questions auxquelles j'ai du mal à répondre. Je suis tellement fatiguée et anxieuse que lorsqu'elle fait une crise de colère parce que je refuse qu’elle sorte dans le jardin, je l'envoie dans sa chambre avec une gifle. Le geste me fait fondre en larmes.

« Je suis désolée, maman,» dit Sarah d'une toute petite voix, frottant sa joue rouge. «Ne pleure pas, je vais être sage, je te promets.»

Je la serre dans mes bras et pleure plus fort, m'excusant à travers mes sanglots. Ollie vient à mon secours en proposant un jeu de cartes à Sarah. Il m'oblige à m'allonger au calme, je ne me sens même pas partir. Alfie est là quand je me réveille, assis sur le bord du lit, caressant mes cheveux.

Shefele, petit agneauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant