(Cauchemar) ~ Douce après-midi

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Cet OS est la réécriture du dixième OS : « (Cauchemar) ~ La silhouette ». Le thème ayant été tiré de nouveau, j'en profite pour apporter une amélioration bien méritée à l'ancien OS.

· · ·

C'était une douce après-midi d'automne. Aziraphale sirotait un thé, assis dans son fauteuil, un livre ouvert sur les genoux. La librairie était déserte, et l'on n'entendait que le tic tac de la pendule – et le bruit des voitures à l'extérieur, mais l'ange avait appris à ne plus y prêter attention.

Un rayon de soleil traversait la librairie, éclairant les étagères et les livres rencontrés sur son chemin, caressant d'une douce chaleur le visage de l'ange et illuminant ses cheveux blonds pâles.

Cette atmosphère, cette ambiance... c'était si agréable. Les après-midi comme celle-ci étaient l'un des moments préférés de l'ange – si l'on excluait ceux passés aux côtés de Crowley.

D'ailleurs, Crowley avait informé Aziraphale qu'il passerait lui rendre visite d'ici la fin de l'après-midi. Mais seize heures venait de sonner au clocher de BigBen, et le démon n'était toujours pas là.

L'ange continuait donc de lire, attendant l'arrivée de son ami. Mais l'odeur de son thé, le son de la pendule, le soleil chauffant son visage, le bruissement des pages de son livre, ainsi que les lignes sur lesquelles son regard semblait hypnotisé ; tout cela apaisait l'ange, si bien que ses paupières se firent lourdes... de plus en plus lourdes... et encore de plus en plus lourdes...

Aziraphale se maintenait les côtes. Sa course avait eu pour effet de lui faire apparaître de nombreux points de côtés, et ceux-ci semblaient lui transpercer le corps ; d'autant plus que jamais, de toute sa très longue vie, il n'avait couru aussi vite.

Il s'appuya contre un mur, haletant, tentant tant bien que mal de reprendre son souffle, continuant de presser ses côtes douloureuses. Mais il ne pouvait pas prendre le temps de se reposer. Il sentait qu'il était là, tout près, le cherchant parmi les ruelles.

Aziraphale entendit ses chaussures résonner sur le pavé trempé par la pluie. Il savait qu'il approchait. Il se remit alors à courir, le visage grimaçant, ignorant du mieux qu'il pouvait les douleurs lui lacérant les côtes.

Ne pas se faire attraper. C'était la seule chose qui comptait dans cette poursuite. Ne pas se faire attraper, sinon, c'en était fini de lui.

Il courait à travers les ruelles, essayant de faire le moins de bruit possible. Mais ses chaussures résonnaient elles aussi sur le pavé mouillé, et les regards qu'il jetait derrière lui l'empêchaient d'éviter les flaques d'eau. De plus, ses points de côtés le faisaient souffrir toujours plus, et il ne parvenait désormais plus à contenir des gémissements de douleur.

Il était épuisé ; voulait s'arrêter, se cacher, mais aucun endroit n'était sûr.

Courant toujours, il lança un regard par-dessus son épaule, apercevant alors la silhouette sombre, fondue dans la nuit qui cavalait derrière lui. Il le rattrapait.

Aziraphale prit un virage sur sa droite, s'engouffrant dans un passage, mais se retrouva malencontreusement bloqué dans une ruelle sans issue. Lorsqu'il le réalisa, il sut qu'il était bien trop tard pour faire demi-tour.

Il tâtonna alors le mur à la recherche d'une ouverture quelconque, d'un passage caché qui s'ouvrirait s'il appuyait sur la bonne brique ; mais rien. Il était piégé.

Il se retourna, ayant l'espoir de pouvoir encore s'échapper. Mais la silhouette était là, bien plus grande lorsqu'elle était proche ; semblable à une ombre tant on n'en distinguait aucun trait. Elle était coiffée d'un Fedora d'une couleur inconnue et d'un manteau long, assurément assorti au chapeau, mais dont la couleur était imperceptible à cause de l'obscurité que seuls les luminaires venaient rompre. C'étaient les seules choses que l'on parvenait à reconnaître. Un Fedora, et un manteau long.

Plus la silhouette s'approchait, plus Aziraphale se tassait contre le mur, comme pour essayer de disparaître au travers. Puis l'ombre dressée face à lui sortit un couteau de sa manche, dont la lame reflétait la lumière des luminaires de la rue voisine.

Soudain, Aziraphale eut une idée : il pouvait faire disparaître ce couteau grâce à un miracle ; il était un ange après tout !

Il claqua alors des doigts, fier de s'être souvenu de cet important détail et songeant qu'il ne risquait désormais plus rien, mais son miracle n'eut aucun effet. Il claqua une nouvelle fois des doigts, espérant que le couteau disparaisse, mais le résultat fut le même.

Aziraphale fut alors pris de panique. Une panique incommensurable comme il n'en avait jamais eu auparavant. Il essaya vainement de grimper sur le mur, de forcer celui-ci afin d'y trouver un passage, mais rien. La seule issue possible était la mort.

L'unique pensée qui lui vint alors était une interrogation sur la façon dont la silhouette allait le tuer. Serait-ce rapide, ou aurait-il une mort lente et douloureuse ? Allait-il l'ouvrir pour récupérer ses organes, comme il l'avait déjà fait de nombreuses fois auparavant, avec ces pauvres dames de joie ?

La silhouette était désormais trop proche pour prendre la fuite. La respiration d'Aziraphale s'accéléra, son cœur battit à tout rompre dans sa poitrine. Il sentit la main de l'homme lui serrer la nuque, et la lame de son couteau commencer à lui couper la jambe droite.

Il l'entendit rire, rire d'un rire terrifiant, puis sa voix sembla s'adoucir. Il entendait un mot, répété en boucle, mais il ne parvenait pas à le distinguer, la douleur dans sa jambe étant trop importante pour qu'il ne prête attention à autre chose.

« Aziraphale ! » hurla finalement Crowley en l'attrapant par les épaules et le secouant de toutes ses forces ; finissant par le réveiller.

L'ange observa le démon, l'air ahuri, réalisant qu'il n'avait jamais été poursuivi, et qu'il n'avait pas non plus quitté son fauteuil depuis le début de l'après-midi.

« J'ai cru que tu ne te réveillerais jamais. » souffla Crowley.

« Je ne m'étais pas rendu compte que je m'étais endor... aïe ! » fit l'ange en se penchant pour masser la douleur qui venait de réapparaître dans sa jambe droite.

Il se retrouva alors nez à nez avec un chaton au pelage roux qui semblait avoir décrété que son pantalon et sa jambe étaient un endroit adéquat pour faire ses griffes. L'ange attrapa le chaton et l'éloigna de lui, avant de lever les yeux vers Crowley.

« Je suis passé devant une animalerie, en venant. » expliqua le démon. « Et ces chatons étaient juste derrière la vitrine alors, tu comprends, quand je les ai vus... » Un sourire gêné se dessina sur ses lèvres.

Le rouquin aperçut les griffures sur la jambe d'Aziraphale, tandis que celui-ci comprenait enfin pourquoi il avait eu l'impression qu'on lui entaillait la jambe. Le démon claqua alors des doigts pour effacer, à l'aide d'un miracle démoniaque, les traces de griffes.

« Il y en a combien ? » demanda l'ange en laissant retomber le bas de son pantalon sur sa jambe. « Des chatons, je veux dire. »

« Cinq. » répondit Crowley en caressant la tête du chaton roux.

Aziraphale poussa un soupir, lorsqu'un petit miaulement se fit entendre à ses pieds. L'un des petits chatons, d'un blanc de neige, était assis devant le fauteuil et l'observait de ses yeux bleus.

Attendri, l'ange le prit dans ses bras et le déposa sur ses genoux, où le chaton se roula en boule avant de fermer les yeux sous les caresses que commençait à lui prodiguer Aziraphale. Crowley le regarda avec un sourire.

« Je crois bien qu'il t'a adopté. »


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J'ai pris un peu de retard dans les OS depuis début janvier, et il m'en reste donc quelques-uns à rattraper que je posterai juste avant celui-ci lorsque je les aurai écrits.

J'en profite pour vous remercier pour les 1000 votes sur ce recueil, c'est juste énorme, alors merci mille fois à tous pour votre soutien 🙏💛

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