(Cauchemar) ~ La silhouette

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Aziraphale haletait.

Sa course l'avait complètement épuisé. Il s'appuya contre un mur, reprenant son souffle tant bien que mal, se tenant les côtes pour soulager ses points de côtés. Jamais il n'avait couru aussi vite de toute sa – très – longue vie.

Mais il ne pouvait pas se reposer bien longtemps. Il savait qu'il était là, tout proche, le cherchant dans les ruelles. Il sentait sa présence.

Aziraphale entendit ses chaussures claquer sur le pavé trempé par la pluie, et il se remit alors à courir, ignorant les douleurs lui lacérant les côtes.

Surtout, ne pas se faire attraper. S'il se faisait attraper, c'était la fin.

Il courait à travers les ruelles, essayant de faire le moins de bruit possible, ce qui n'était pas chose aisée.

Courant toujours, il se retourna pour l'observer. Il vit sa silhouette sombre, fondue dans la nuit, cavaler à ses trousses à une vitesse faramineuse. Il le rattrapait.

Aziraphale prit un virage et se retrouva malencontreusement bloqué dans une ruelle sans issue. Il tâtonna le mur, à la recherche d'une ouverture quelconque ; mais rien. Il était coincé.

La silhouette était là, bien plus grande lorsqu'elle était proche. Elle était coiffée d'un Fedora d'une couleur inconnue et d'un manteau long, assurément assorti au chapeau, mais dont on ne distinguait pas non plus la couleur à cause de l'obscurité.

Plus elle s'approchait, plus Aziraphale se tassait contre le mur, comme pour essayer de disparaître à l'intérieur. Puis la silhouette sortit un couteau de sa manche, dont la lame reflétait la lumière du clair de lune.

Soudain, Aziraphale eut une idée : il pouvait faire disparaître ce couteau grâce à un miracle ; il était un ange après tout !

Il claqua alors des doigts, fier de s'être souvenu de cet important détail, mais rien ne se produisit. Il claqua une nouvelle fois des doigts, dans l'espoir que le couteau disparaisse, mais toujours rien.

Il fut alors pris de panique ; une panique incommensurable comme il n'en avait jamais eu auparavant. Il essaya en vain de grimper sur le mur, de forcer celui-ci afin d'y trouver un passage, mais rien. La seule issue possible était la mort.

La seule chose qu'il se demandait à présent était la façon dont la silhouette allait le tuer. Serait-ce rapide, ou aurait-il une mort lente et douloureuse ? Allait-il l'ouvrir pour récupérer ses organes, comme il l'avait déjà fait avec ces pauvres dames de joie ?

Il était désormais trop proche pour envisager de prendre la fuite. La respiration d'Aziraphale était accélérée, inspirant par grandes bouffées, quand il ne put soudain plus avaler d'air. Il ouvrit la bouche, essayant d'inspirer, mais n'y parvint pas.

Il crut mourir, lorsqu'il reprit subitement conscience, se redressant vivement, l'air pouvant de nouveau accéder à ses poumons. Un petit miaulement se fit alors entendre.

Aziraphale aperçut un chaton tigré debout sur les couvertures. Il le prit alors contre lui et le caressa avec tendresse.

La veille, Crowley avait trouvé un carton contenant cinq chatons abandonnés au coin d'une rue, et les avait donc emporté avec lui afin qu'ils ne meurent pas de faim et de froid. Et, apparemment, l'un des chatons s'était discrètement glissé dans la chambre que partageaient d'ordinaire l'ange et le démon.

Et à en croire la présence de poils dans la bouche d'Aziraphale, le chaton avait décrété que le visage de l'ange était un endroit confortable pour dormir.

Crowley entra alors discrètement dans la chambre, et voyant qu'Aziraphale était éveillé, s'exclama alors : « Ah ! Te voilà toi ! Je me demandais où tu avais bien pu t'enfuir ! » Il s'approcha du lit et prit le chaton des bras de l'ange. « Il ne t'a pas dérangé ? »

« Non, » répondit Aziraphale. « si ce n'est qu'il m'a pris pour un oreiller. »

Crowley souleva le chaton afin qu'il soit à la hauteur de ses yeux. « Je t'interdis de t'endormir sur le visage de mon ange, compris ? » Le chaton émit un petit miaulement. « Parce que s'il meure étouffé par ta faute, il sera obligé de demander un nouveau corps En-Haut. Et ce sera la honte lorsqu'il devra expliquer que son corps est mort étouffé par un adorable chaton. »

Aziraphale haussa les sourcils en imaginant la situation, et conclut qu'effectivement, ce serait bien ridicule. « Et puis moi je serais triste s'il mourait. Et je pleurerais. Beaucoup. » Crowley déposa le chaton dans le couloir, ferma la porte, et revint vers Aziraphale. Il s'assit sur le bord du lit.

« Tu pleurerais vraiment s'il m'arrivait quelque chose ? » demanda le blond en plongeant son regard azur dans celui doré du démon.

« Bien sûr, mon ange. » affirma Crowley en prenant les mains d'Aziraphale dans les siennes. « Je serais le plus triste des démons ».

L'ange se redressa pour embrasser le front de son cher et tendre.

« Je t'aime. »



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Petite dédicace à _Nats-san_ à qui j'avais promis des chatons et du love la semaine dernière, then here it is !

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