Une amitié gâchée ?

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* Katsuki tourna les talons et partit seul dans la nuit. Et alors qu'Eijiro regagnait le dortoir, il entendit une explosion retentir au loin.

« Katchan ... murmura-t-il pour lui-même ». *


Katsuki tourna les talons et s'engouffra seul dans l'obscurité sans se retourner. Il devait s'éloigner rapidement pour que personne ne le voit comme ça. Il avait l'impression d'étouffer tant sa gorge était serrée et c'était la même chose avec son estomac. Son mauvais pressentiment s'était avéré juste, cette conversation avec Eijiro ne lui avait pas plu. Du tout. Il partit en direction du coin boisé qui entourait leur dortoir. Il serrait ses poings si fort que ses ongles imprimaient leur empreinte dans ses paumes. Sa mâchoire lui faisait mal tant il appuyait ses dents les unes contre les autres dans l'espoir de contrôler sa colère et sa déception. Il était encore trop près de ses camarades pour craquer, il ne pouvait pas se le permettre tout de suite. Il devait tenir encore un peu. Il n'arrivait pas à desserrer les poings même s'il sentait que ses mains devenaient moites, entrainant de petits crépitements à cause de son alter.

Un pas après l'autre, le blond essayait de se contenir. Au bout de quelques minutes de combat contre lui-même, il craqua : quand il ouvrit les mains, il eut juste le temps de les positionner devant lui, face à un arbre, avant qu'une explosion ne retentisse. Elle fut violente et sa puissance le fit reculer de quelques pas. Elle fut suivie d'une deuxième déflagration, puis d'une troisième avant que Katsuki ne se sente un peu plus léger. Il finit par s'asseoir, le dos contre un arbre.

« Merde. »

Il enfouit son visage dans ses mains encore chaudes.

« Fait chier. »

Il s'agrippa les cheveux avec force.

« Putain. »

Il déversa ainsi tout son stock de vulgarités, comme si cela pouvait l'apaiser. Mais les paroles d'Eijiro tournaient en boucle dans son esprit : « Je ne sais pas si c'est une bonne idée ». Pourquoi ? Pourquoi avait-il dit cela ? Qu'est-ce qui n'était pas une bonne idée ? Tout ce que le blond voulait, c'était qu'Eijiro accepte ses sentiments. Il n'en voulait pas plus, et pourtant, il s'était fait rejeter. Ce qui l'énervait le plus, c'était de savoir que ses sentiments étaient réciproques mais qu'Eijiro n'était pas prêt à y faire face. Pourquoi cela devait-il être si compliqué ? N'étaient-ils pas simplement deux personnes qui s'aimaient ? Est-ce qu'Eijiro aurait accepté ses sentiments ... s'il avait été une fille ? Toute ses questions lui donnaient mal à la tête.

Quand tout cela avait-il commencé ? Katsuki ne se souvenait plus vraiment du moment où il avait commencé à développer des sentiments plus forts que l'amitié pour Eijiro. Ce qu'il savait, c'est que tout avait toujours été simple avec lui. Ils s'étaient tout de suite entendus. Ils avaient été contraints de faire équipe lors de l'attaque du SCA et il avait pu voir à quel point le rouge était fort. Ce dernier l'avait suivi sans hésiter pour attaquer les membres les plus forts de l'Alliance. Lors du tournoi des secondes, il avait fait semblant d'avoir oublié son nom, histoire de garder sa réputation de brute solitaire, mais il avait accepté sans hésiter quand il lui avait proposé d'être son « cheval ». Quand ils avaient dû s'affronter, il lui avait donné du fil à retordre. En y repensant, Eijiro l'avait toujours soutenu. Puis il y avait eu son enlèvement et c'était encore Eijiro qui avait tout fait pour qu'on vienne le chercher.

Le blond soupira. C'était peu de temps après cela qu'il s'était rendu compte de ses sentiments. Il avait déjà compris que sa relation avec lui était différente de ce qu'il avait vécu auparavant mais sa véritable prise de conscience avait eu lieu lors de leur emménagement à l'internat. Eijiro s'était incrusté pour l'aider à défaire ses affaires, prétextant que l'un des cartons du blond s'était retrouvé parmi les siens. Et, alors qu'il lui avait dit qu'il n'avait pas besoin d'aide, le rouge était resté. Aussi étonnant que cela puisse paraître, Katsuki ne l'avait pas forcé à partir. À ce moment-là, il appréciait déjà la présence de son ami plus qu'il ne voulait l'avouer. L'ambiance avait été bizarre, quelque peu tendue au début, mais la sensation de malaise avait vite été balayée par le vent frais qui s'engouffrait dans la chambre par la fenêtre ouverte. Katsuki avait rendu la pareille à Eijiro et il l'avait aidé à aménager sa chambre. Ce soir-là, troublé par ses propres sentiments, le blond était allé se coucher encore plus tôt que d'habitude.

Katsuki remonta ses genoux contre son torse et enfouit sa tête dans ses bras. Il resta là, seul dans la nuit fraîche, à penser à Eijiro, à leur baiser et à cette fichue conversation qu'il aurait préféré ne jamais avoir.

Il ne pourrait dire combien de temps il était resté, mais quand il regagna le dortoir, les lumières étaient déjà éteintes et le silence régnait. Il rejoignit sa chambre pour aller chercher de quoi désinfecter son bras, suivant les recommandations de Recovery girl. En arrivant à son étage, il ne put s'empêcher de tendre l'oreille pour savoir si Eijiro dormait. Il entendit le garçon compter, sans doute faisait-il des exercices de musculation. Le blond entra dans sa chambre sans faire de bruit pour prendre ce qui l'intéressait avant de redescendre. Il devait changer ses bandages et il était hors de question qu'il prenne le risque de salir son lit. Il s'installa dans la salle commune à la lumière d'une lampe sur pied puis retira doucement le bandage de son bras droit. Il essaya ensuite de nettoyer la plaie, mais c'était difficile avec sa main gauche. Il grogna de mécontentement et essaya sans succès de refaire le bandage.

« Bakugo-san ? Appela une voix féminine.

- Hm, grogna Katsuki.

- Qu'est-ce que tu fais ici si tard ? Demanda Momo en s'approchant du blond.

- Ça s'voit pas ? Lâcha-t-il.

- Laisse-moi faire ça.

- Je peux le faire tout seul.

- Tu n'en donnes pas l'air. Aller, donne-moi tes bandages. »

Étrangement, Katsuki obéit docilement. La jeune fille en déduit qu'il ne devait vraiment pas être en forme. Le blond tendit simplement son bras pour que Momo puisse le bander correctement. Il ne la regarda jamais dans les yeux, de peur qu'elle n'y lise sa détresse émotionnelle. Il aurait aimé que ce soit Eijiro à sa place, comme cela aurait été le cas s'il ne lui avait pas fait part de ses sentiments. Il se traita mentalement d'idiot.

« Est-ce que ça te fait mal ? Demanda la brune.

- Ça va, c'est supportable. »

Tous les deux n'avaient pas remarqué qu'Eijiro était à l'entrée de la pièce, dissimulé par l'obscurité. Il était descendu chercher à boire mais s'était stoppé en entendant les voix. Il vit Momo prendre la main de Katsuki dans la sienne et regarder son bras sous toutes les coutures. Son cœur se serra. Il n'aimait pas voir quelqu'un d'autre toucher l'explosif et le fait qu'il se laissait faire l'énervait encore davantage.

Il était si lâche. Il était capable de faire face à un vilain mais il n'arrivait pas à assumer ses propres sentiments. Finalement, il ne valait pas mieux que le garçon qu'il était au collège. C'était toujours un froussard et Katsuki devait le détester. Quand le blond s'était déclaré, il avait eu peur : peur de gâcher leur amitié, peur de le voir partir un jour, peur du regard des autres. Il remonta tout doucement vers sa chambre sans se faire remarquer et s'allongea dans son lit. Celui-ci lui sembla incroyablement grand et désespérément vide. Il avait fini par se faire à la présence de Katsuki la nuit. Il avait pris l'habitude de sentir sa chaleur près de lui, d'entendre sa respiration, de sentir parfois ses bras l'enlacer. Il avait envie de vomir. Il posa son avant-bras sur ses yeux et soupira lourdement.

Il était amoureux de Katsuki.

Et il avait tout gâché. 

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Hello ! 

Merci d'avoir lu ce nouveau chapitre et ne me détestez pas s'il vous plaît ! T_T C'est le dernier chapitre un peu triste, promis ! 

Cette histoire de cartons est racontée dans le troisième tomes des Dossier secrets de UA. Je vous recommande de les lire, c'est toujours hyper drôle. Les romans donnent des détails en plus qui ne sont pas essentiels pour l'histoire de base mais qui sont chouettes à connaître. 

À bientôt ! 

Alex. 

Une amitié virile ? (Kirishima x Bakugo)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant