Oh mon dieu. Je le sens là. Ça y est, là vraiment je vais vo...
- Ca va Diane ?
C'est Rafael. On avale sa salive et on respire.
- Ouais, super, absolument ! Ça roule, nickel ! Franchement c'est...
Je m'interromps en voyant qu'il me tend une plaquette de médicament : "Nausées et maux de tête". Parfait.
- Merci... lui dis-je doucement, les yeux pleins de larmes de reconnaissance. Et de fatigue.
- Je ne prends jamais de médicaments, sauf pour mon opération des dents de sagesse donc tu peux y aller, prend toute la boîte même.
Je lui souris et essaye de garder la face autant que possible. Il tourne enfin la tête en direction des villageois qui commencent à arriver. Il ne s'est rien passé entre nous depuis cette première soirée chez lui. Et je regrette d'ailleurs qu'elle demeure légèrement floue dans mon esprit, à cause du trop-plein de vin rouge ce soir-là. Depuis 4 jours que nous sommes chez Franck nous ne nous sommes jamais retrouvés seuls. Peut-être est-ce un signe qu'il faut en premier lieu que je parle à Jared. Oh la ! Mal de crâne rien que d'y penser. Enfin il est vrai que la cuite d'hier soir doit tenir une place importante, dans l'actuelle dérive de tout mon être, dans les profondeurs des abysses.
Et me voici à cette fête de village, prête à assister à une course en sac de haute voltige. "Starring" : Rafael Pedraza.
Une fois les concurrents tous bien en place, l'arbitre siffla un coup vif avec ses doigts et des cris de joie se mirent à exploser. Peu à peu, l'ambiance festive et chaleureuse de cette fête de village commença à me contaminer. Je me surpris à sourire grand, sans pouvoir fermer la bouche. A la chute de Rafael, la tête la première dans la terre sableuse, je me mis à rire aux éclats. Tout le monde riait, cirait, avec un verre à la main ou une barquette de frites : dans un moment de franche camaraderie, à parier avec son voisin sur le vainqueur. Soudainement c'était comme si tout le monde se connaissait, partageant sans jugement et sans timidité leurs joies et leurs déceptions; comme si les pronostics de la course en sac n'étaient qu'un prétexte pour se rapprocher des autres, se réunir, se réchauffer le cœur et évacuer l'énergie contenue trop longtemps dans notre corps.
Ce fut Rafael qui atteignit le premier l'arrivée. Il criait et faisait le zouave pour faire rire l'assemblée. Une immense nostalgie me traversa et je lâchais quelques larmes d'émotions.
Je pensais à mes vacances en famille au camping; je pensais à mes années lycée, à l'avenir, à ma présence là maintenant dans une ville inconnue et au fait que j'étais maintenant...une adulte ?
Nous venions de rentrer à la maison, nous nous étions dispersés et nous vaquions à nos occupations respectives. Je m'apprêtais à sortir dehors, un sac poubelle à la main, quand j'aperçus Jared sur le pas de la porte, à travers la vitre; et me figeais de surprise. Je l'observe bouche-bée durant quelques secondes. Son regard scrute les alentours et il se frictionne les bras, sans doute pour se réchauffer contre les frissons que procure la fraîcheur d'un soir d'été. Il finit par tourner la tête vers moi et je vois sa mâchoire se crisper. Je pose le sac poubelle sur le côté et ouvre la porte avec précaution dans une inspiration.
Sans même dire "bonsoir" il se lança :
- Il faut qu'on arrive à communiquer !
Quoique déconcertée par son comportement, je décide de la jouer directe, à mon tour :
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Mue
RandomUne jeune femme de 22 ans emménage avec son copain. Elle commence une nouvelle vie et par le biais de nouvelles rencontres, elle se rend compte qu'elle n'a pas encore trouvé qui elle était vraiment. Son existence prend alors un nouveau tournant.