Chapitre 8 : Jugement

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Le lendemain soir, je me rendais au même bar. Fanny étant enfin libre, je la conviais pour une soirée festive, mais cette fois ci, une vraie. La veille je n'avais rien bu, trop absorbée par une surprenante rencontre.

Je n'avais pas revu Jared de toute la journée et j'avais pensé au début que cela m'importait peu de ne pas lui parler. Maintenant, j'en doute..

Je fouillais la salle du regard à la recherche de ma sœur et la vis en compagnie d'un homme. Je le reconnus immédiatement...

Il, ou plutôt Adam, tenait une conversation animée avec Georgia.

Toujours, Adam se cantonnait dans son idée. Têtu, buté ; persuadé que son avis était le meilleur. Ses arguments étaient aussi vides que l'intérieur d'une coquille. Son intelligence était égale à sa bienveillance : c'est à dire quasi nulle. Sa fainéantise, sans aucun doute, reflétait une mauvaise éducation : des parents souvent absents -son père à cause du travail de juge à la cour suprême et sa mère constamment en voyage avec divers amants- ; versants à leur fils une grosse somme d'argent , régulièrement, soit disant pour lui faire plaisir. Il avait néanmoins entamé de longues études. Il vivait une vie de luxure, de débauches, de puissance et de richesse. Il était aussi méprisable qu'un rat, n'avait que son physique et ses belles paroles pour l'avantager : seules armes pour manipuler et envoyer de pauvres naïves dans son lit. Il fallait avouer cependant que sa beauté était sans pareille ! Des yeux bleus aussi clairs que l'eau pure des ruisseaux en montagne et une chevelure brune et soyeuse, coiffée comme il fallait. Il était grand et musclé, son corps sculpté dans un marbre parfait : dégageant un charisme incomparable.

Mais ce Don Juan moderne ne voulait jamais faiblir, accepter ses erreurs, écouter, comprendre, admettre, renoncer ou même avancer. Tout ça lui était inconnu. Au moment, alors, ou changer pour lui était le meilleur choix qu'il pouvait faire, il s'accrochait à son fardeau depuis toujours : ses parents; par lesquels, même adulte, il rêvait d'être admiré, encouragé : aimé. Ses parents, qu'il désespérait de voir si aveugles devant la réussite de leur fils. Alors il continuait son glorieux parcours.

Comme on pouvait s'en douter j'avais succombé.

Est-ce que cette description plutôt péjorative cache de la rancœur ?

Sans doute..

Fanny avait dû me ramasser à la petite cuillère. C'est incroyable comme l'attraction d'une personne peut en détruire une autre et par dessus le marché c'était Georgia qui avait craqué sur lui. Great !

Comment avais-je pu sortir avec lui un jour..

C'est ainsi que je vis alors, un homme qui se tenait derrière lui, il contrastait fortement avec Adam. Son teint était plus bronzé et ses vêtements plus modestes, mais certainement de meilleur goût. Ses cheveux étaient en batailles et il riait aux éclats.

Son regard croisa le mien, et je ne pu m'empêcher de ressentir un frisson.

Georgia m'arracha de ma torpeur en me suppliant de se joindre à elle. Elle avait, paraît-il, trouvé l'homme parfait.

Je m'asseyais et salua poliment Adam. Qui ne me reconnut même pas, trop absorbé par Georgia.

J'échangeais un regard avec Fanny; elle non plus il ne l'avait pas reconnu.

- Salut ! Nous dit l'homme légèrement bronzé, j'suis Rafael. Le cousin d'Adam.

- Salut ! Répondis-je avec un grand sourire; euh moi c'est..Diane ! finis-je par dire rouge de honte.

Nous discutâmes toute la nuit. Nous riions, souvent. Fanny elle, avait été rejoint par...comment s'appelle-t-il déjà ? Paul ? Max ? Oh peu importe...son petit ami en clair.

Je parlais peut être un peu trop d'Adam à Raphaël car il me coupa soudainement.

-Oh tout doux les jugements miss Diane. Personne n'est parfait.

- Ah bon alors tu acceptes qu'il soit si sexiste ??

- Je n'ai pas dis ça attention ! Mais manquer de confiance en soi parfois ne veut pas dire être forcément têtu. Être riche ne fait pas forcément de lui quelqu'un d'inhumain. Il a besoin d'indulgence, pas que quelqu'un lui rappelle ses erreurs passées.

- ...Tu le défends donc !

- Tu risques d'enfermer les gens dans des cases à force.. Il faut savoir parfois pardonner et faire preuve de bienveillance et de sincérité. Et parfois...voire souvent, les personnes que tu rencontres te le rendent bien. Faire preuve de patience, de précisions dans nos évaluations et d'intelligence peut souvent arranger des conflits futiles. Montre toi plus sage que lui si tu penses que lui ne l'est pas du tout.

- Tu me laisses sans voix. Dis-je après un instant.

Il rit doucement et répondit d'une voix suave, en faisant mine de se recoiffer .

- C'est vrai miss ?

Nous eûmes un fou rire.

J'aperçue par dessus son épaule Georgia prendre une photo d'elle en train d'embrasser Adam. Quelle soirée.

Je repensais à cette scène alors que Fanny et moi étions dans la taxi sur le chemin du retour.

- Putain...

Penser à Adam me fit penser à mes années lycée.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Je n'ai pas oublié ce que tu m'as dis, Fanny. Qu'à partir de l'année où je commençais à faire attention à mon apparence au lycée, j'étais "mieux".

- Pourquoi tu me parles de ça ?

- J'y pensais c'est tout. Mais, que tu me dises que j'étais "mieux" voulait plutôt dire que les gens m'avaient enfin remarqué. Mais cela ne m'a pas plu autant que tu l'aurais souhaité j'imagine. Depuis ce jour là je me suis jurée de ne pas leur ressembler; d'être différente. Mais je me rend compte maintenant, qu'en voulant être différente je cédais tout de même à la pression de ne pas leur ressembler. Et que je n'étais pas moi même. Mais peut-on être à 100% soit même j'en doute...

- Humm... fit-elle en me regardant d'un air entendu. Toi, tu as trop bu !

Elle rit si fort et si soudainement que le chauffeur sursauta légèrement.

Je dormais avec Fanny mais partais plus tôt le lendemain pour aller chez l'ami de l'écrivain rencontré au bar.

L'ami détenant la fameuse propriété ayant inspiré le poème que j'avais lu.

Cet ami invitait quiconque avait envie de participer au potager de sa grande propriété, en échange du souper, ou d'une séance de médecine chinoise.

Le ciel était dégagé, une légère brise accompagnait un temps doux, le même temps qu'il faisait lors de mon emménagement avec Jared. Qui ne répondait toujours pas à mes messages.

Qu'est-ce que je fais ici mon dieu..

Un grand portail vert usé était l'entrée d'un grand terrain dont on ne voyait pas encore bien les limites. Je sonnais et poussais le portail. En face de moi se tenait une maison couleur ocre, rendue grise par les années. Le sol était jonché d'outils ou de plantes. J'attendais patiemment mais fini par regarder sur le côté pour voir une propriété magnifique beaucoup plus grande et foisonnante que ce que j'imaginais; qui sans aucun doute réservait bien des surprises, car elle était en parti caché par de grands saules pleureurs. Comment s'appelait l'ami de l'écrivain déjà ?...

- Hey Diane ! Me dit le cousin d'Adam en s'avançant vers moi.

- Rafael ?? Quelle surprise !

MueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant