Mue

Chapitre 7 : Saturday Night Fever ?

Jared aimait par exemple le sport, le vtt et le volley, dont il se vantait. Il primait cette facette de lui même au détriment d'une autre plus vraie, plus poétique, plus mélancolique, mais enfouie tout au fond de lui.

Il est vrai que l'on ne peut aider personne tant que la personne refuse d'être aidée.

Et il est vrai aussi que chaque acte d'une personne est une conséquence de choix passés, de décisions et de rencontres ayant faits de nous ce que nous sommes.

- Are you sure you still want to go ?
-  Yes I am.

- Bien. Let's go !

Le taxi nous emmena jusqu'au bar le plus chic et le plus animé de la ville.

Je voyais défiler les lumières des lampadaires devant mes yeux aveuglés.

"Ces lumières gâchent la vue" pensai-je alors.

- Voilà pour vous mesdames ! Bonne soirée ! Dit le chauffeur du taxi avant de repartir.

Au moment même où nous entrâmes dans la salle, je me sentai immédiatement revigorée.

Nouveau lieu, nouvelle sortie et nouvelle moi !

Le lieu était bondé et la musique m'enveloppait peu à peu de ses ondes pour me transporter dans une atmosphère irréelle, électrique et grisante.

Nous nous assîmes à une table en bois qui était jadis une roue de charrue et les sièges étaient composés de palettes rembourrés de tissus et de coussins. De plus aucun des fauteuils du bar n'était similaire à un autre.

Un homme assis seul à la table voisine attira mon attention. Il croisa mon regard et me fit signe de venir le rejoindre.

Je ne ressentais aucune méfiance mais plutôt de bonnes ondes de sa part.

-Donnez moi votre avis, me dit-il en me montrant la feuille remplie dans sa machine à écrire. L'engin était noir et usé mais les touches ocres scintillaient.

C'était un poème.

- Je me suis inspiré, reprit-il, de la propriété d'un ami qui est...magique !

Sa voix était graveleuse, chaleureuse et rassurante.

- Vous voudriez y aller un de ces jours ? Il fait participer les visiteurs pour son potager, les ateliers de médecine chinoise et bien d'autre choses... Il rit et les pattes d'oie jonchant ses yeux gris clairs apparurent.

-Où habite-il ? Répondis-je intéressée, en sortant mon carnet fétiche de ma sacoche.

Il me regarda en souriant et écrit l'adresse sur un coin de mon carnet.

- Votre poème est magnifique.

- Oh merci. Vous pourriez développer votre pensée, s'il vous plait?

- Oh hum...oui bien sûr...Il m'a séduite. Non seulement il m'a transportée ailleurs mais il m'a aussi parlé. Enfin pas parler littéralement.. mais il a eut un écho en moi. Un écho...nouveau ?

- Oui je comprend, dit-il Après un instant. Je vous remercie beaucoup. A qui ai-je l'honneur ?

- Diane, fis-je en tendant une main.

Il me la prit et déposa un baiser dessus.

- C'est la meilleure façon que j'ai choisi pour saluer les femmes, me dit-il avec un sourire moqueur. Ne vous méprenez pas, dit-il précipitamment. Je ne suis en rien en train de vous séduire. Vous êtes jeune et me faites d'ailleurs penser à ma fille...fille dans mon cœur mais pas dans mon sang... ça y est je divague ! Il faut que j'y aille mais j'espère vous revoir, chez Rafael !

Et il parti avec un grand sourire aux lèvres. En emportant sa vieille machine avec lui.

Merde, Georgia !

Je la retrouvai rapidement cependant. En train de discuter avec un jeune homme.  Je lui fis signe que je rentrai et elle me salua de la main tout en continuant de fixer l'homme en face d'elle.

Cette nuit je m'endormais seule dans mon lit, et dormais comme un enfant