Chapitre 28

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La musique « Can You feel my heart » passa dans les haut-parleurs (média) et je m'énervais de plus en plus.

Une chute.

Deux chutes.

Trois chutes.

Dix chutes.

Quarante chutes.

Je me relevai rageusement et hurlai en enfonçant mon point nu dans le mur.

Je frottai ma main contre ma poitrine pour faire passer la douleur.
Je relevai les yeux et observai les magnifiques fissures que j'avais infligé au mur.
Je ne sais pas comment c'est possible de casser un mur comme ça, avec ma force de moineau...

Une larme coula silencieusement sur ma joue et je repris mon souffle doucement.

Tout me paraissait calme autour de moi, pas un bruit, ni même un chuchotement.

La musique ??

Je me retournai subitement et plaçai mon regard sur l'enceinte, éteinte...
Mon père se trouvait à sa droite, dans l'entre-bâillement de la porte de la salle d'entrainement. Il me fixait quelques secondes et nota deux ou trois choses dans son carnet. Il le referma et s'avança lentement vers moi, sans détourner le regard.

Une battle de regard ? Je gagne toujours à ce jeu-là, c'est un pur plaisir d'être plus têtue que mon paternel.

J'ai gagné !

Il baissa le regard et tritura son hideuse moustache grise.
Je sentais que j'allais me prendre des remarques dans la gueule, et je vous avoue que je n'en avais plus rien à foutre.
J'attendais avec impatiente le moment où il m'insultera de bonne à rien et que je pourrais enfin le recaler une fois de plus.

- Intéressant... commença-t-il.

Je ne fis pas attention à sa remarque et me dirigeai rapidement vers l'enceinte où se trouvait mes affaires. Je saisis ma serviette et la plaçai sur mes épaules. Alors que j'allais sortir de la salle, mon géniteur -qui n'avait pas bougé d'un poil- rouvrit sa grande gueule.

- Tu as toujours été ma préférée.

Je m'étouffai avec l'eau que j'étais en train de boire et recracha tout sur le sol. Mais je ne répondis rien.

- Puissante, rebelle, quelque peu arrogante certes, tu as toujours été la plus douée de tes frères et sœurs, continua-t-il en s'avançant lentement vers moi.

Aucune réponse de ma part, faut pas rêver.

- Mais tu es trop idiote pour t'en rendre compte.

C'était trop beau pour être vrai...

- Tu m'as toujours détesté, ne dit pas le contraire, répondis-je en sortant de la salle sans me retourner.

Je marchais, marchais encore et encore en faisant tourner mon sabre d'entrainement dans mes mains. Je suis énervée, stressée, et j'ai envie de réduire à néant celui qui me sert de « père ».

Je retournai dans ma chambre et partis me doucher très rapidement. Je ne pris pas la peine de regarder Cinq, qui était affalé sur mon lit. Il me regarda sans comprendre et je re-sortis de la chambre pour aller grail un coup.

En l'espace de quelques minutes, ma salade d'avocat était prête et je me dirigeais vers la porte de sortie de l'Academy.

- Tu vas où Cass ? me demanda une voix dans mon dos.

Je me retournai dans la volée et lançai un regard noir de fureur à la personne qui venait de me parler. C'était Cinq bien évidemment.

- Je vais prendre l'air, dis-je sur un ton froid et méchant.

Ce comportement ne me ressemble pas du tout, mais vraiment pas du tout. Il a même beaucoup surpris Cinq, vu sa réaction à ma dernière phrase.

- Tu vas bien ? Tu as l'air un peu sur les nerfs là ? me demanda-t-il inquiet en s'approchant de moi.

Je balayai sa main qu'il avait essayé de poser sur mon épaule.

- Je vais bien, j'ai besoin d'air salut.

Mais bien évidemment, il ne laissa pas tomber aussi facilement. Et mes frères vinrent se rajouter au lot.

- Eh sœurette, qué pasa ? me demanda Alan en retirant ses lunettes.

Je m'efforçai à ne pas croiser son regard histoire qu'il ne lise pas dans mes pensées.

- Cass ? Ça va ? ajouta Sam.

Vous connaissez ce moment, où vous êtes à bout de nerfs, prêt à exploser à tout moment, et que vous commencez à peine à vous calmer et que quelqu'un te dit « ça va ? » et que tu exploses littéralement.

BAH NON CA VA PAS IMBÉCILE !

Je me retournai sans répondre et me dirigeai rapidement vers la porte.

- Papa... déclara Alan.

Putain mais ce gros con a quand même réussi à lire dans mes pensées !

« Allez vous faire foutre » dis-je dans les pensées des trois garçons qui me courraient après.

Alan et Sam s'arrêtèrent, car ils savaient très bien que dans ce genre de situation il fallait me laisser tranquille, mais Cinq n'était pas du même avis apparemment.
Ce dernier se téléporta devant moi et bloqua la porte de l'Academy avec son pied.

- Dis-moi ce qu'il ne va pas, dit-il d'un ton suppliant.

Je le poussai sur le côté violemment. Ces réactions ne me ressemblent pas du tout, j'ai l'impression de ne plus du tout contrôler mon corps, comme lorsque j'ai failli tuer Sam lors de notre entrainement.

- LAISSE-MOI !! criais-je en me retournant vers lui.

Ce à quoi je n'avais pas pensé, c'est que Cinq est aussi colérique que moi...

- MAIS POURQUOI TU TE METS DANS DES ÉTATS PAREILS SANS MÊME VOULOIR M'INFORMER DE TA PUTAIN DE SITUATION ?!

Je restais là, devant lui, une larme solitaire roulant sur ma joue.

- Va te faire voir numéro Cinq, déclarais-je en me retournant.

J'entendis Sam, à l'autre bout du couloir, faire un bruit bizarre. Il avait sûrement compris que, étant donné que je l'avais appelé « numéro 5 », il ne valait mieux pas pour lui qu'il continue de parler.

- T'es vraiment incroyable, dit-il alors que j'avais le dos tourné.

Je me retournai lentement vers lui, une rage incontrôlable dans mes yeux, qui d'ailleurs prirent une teinte bien trop foncée.

Ça promettait une engueulade...

The Shadow Academy [Five Hargreeves] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant