Chapitre 29

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Je vois Sam se rapprocher d’un pas déterminé vers Cinq, posant sa main sur son épaule.

- Laisse-là, ça vaut mieux, dit-il doucement au brun.

Mais ce gros c** (pardon) n’est pas d’humeur à écouter qui que ce soit.

- Elle est malade ! dit-il soudainement.

Mon sang ne fait qu’un tour.

Comment ose-il me traiter de malade ?

Mes yeux se fonçent un peu plus jusqu’à prendre une teinte ébène.

- C’est toi qui dis ça ? Toi ?! Moi au moins je n’ai pas passé ma vie à sortir avec une pauvre tête de mannequin horrible !

Désolé Dolorès, mais je te déteste depuis le premier jour… 

Cinq rigole nerveusement et passe sa main dans ses cheveux décoiffés.

- Dolorès est tout ce que j’ai ! Elle a été là pendant des années ! replique-t-il en me pointant dangereusement du doigt.

Je rigole et le regarde de haut en bas d’un air méprisant.

- Un mannequin ! C’est un putain de mannequin ! Faut être taré pour sortir avec cette chose ! dis-je en explosant de rire. Tu es tellement casse couille qu'aucune femme ne veut de toi.

Cinq, lui, ne rit pas beaucoup. Il a les joues rouges de colère et me fusille du regard.
J’entends Sam dire « elle a pas tort » en regardant Alan qui acquiesce à son tour.
Cette réaction de la part de mes frères me fait doucement rire, au contraire de Cinq.

- Oui, mais au moins elle n'est pas morte, dit-il soudainement.

Ses mots sont sortis à une vitesse incroyable, comme s’il voulait que moi seule les comprenne.

Je mets quelques secondes avant de comprendre ce qu’il a dit.
Mon cœur se déchire en milles morceaux et mes yeux s’humidifient rapidement.
Il n’a pas osé...?

Je vois Sam et Alan m’interroger du regard puis soudain, le regard de Sam change instantanément.
Il a compris.
Et c’est le seul qui le peut, ainsi que Cinq et moi.
Trois amis, mis au courant d’un secret. Trois, juste trois. Et il a fallut que l’un deux balance tout.

Je regarde de nouveau mon « copain » et je vois dans ses yeux une énorme lueur de regret. Il ouvre la bouche, et bégaye quelques mots indéchiffrables.

- Cass… je… excuse moi…

Je ne l’écoute plus. Des larmes silencieuses coulent sur mes joues sans que je leur en donne l’autorisation.

Je vois Sam se diriger d’un pas décidé vers Cinq, le point serré et prêt à lui en mettre une.

« Ne fais rien, s’il te plait… » dis-je dans ses pensées.
Je suis trop abasourdie pour parler de vive voix. 

Mon frère s’arrête immédiatement et me regarde avec un air de chien battu collé au visage.

« Je vais prendre l’air, ne le touche pas ».

Mon frère fait un signe de la tête.
Cinq se rapproche de moi et essaye de m’attraper le bras.

- Je suis désolé ce n’est pas ce que je-

Je dégage sa main sans un mot et laisse les larmes couler sur mes joues rouges.

- Jamais plus tu ne reparleras de Harry, entends-je derrière moi.

C'est Sam qui vient de parler à Cinq, sûrement.

Je sors de l’Academy en courant, sans prendre la peine de retenir mes larmes. Je pleure à flot maintenant.

Comment a-t-il pu ? Ce secret, qu’il fut le premier à savoir avant même mon meilleur ami… Je lui faisais confiance, à croire que je n’aurais pas dû.
Il sera désormais impossible pour moi de lui refaire confiance à nouveau.
 

Plus tard dans la journée, vers 14h30, je commence vraiment à crever la dalle.
Je n’avais même pas eu le temps d’engloutir ma salade d’avocat ce matin…
Je suis donc à jeun depuis approximativement 18 heures. Sans compter l’entrainement intensif de ce matin qui m’a bien ouvert l’appétit.

Le problème ? Je n’ai absolument pas d'argent sur moi.
Aucun argent, le ventre creux et aucune envie de retourner à l’Academy.

Inimaginable pour moi de voler quoi que ce soit, ce n’est pas dans mes valeurs de faire de telles choses.

Mendier peut-être ? Bah bien sûr… Je n’ai rien d’une sans-abri, je suis habillée comme une guerrière avec mes couteux accrochés sur ma ceinture de cuisse et mon sabre dans le dos. Je ne passe pas vraiment inaperçu je pense…

J’ai marché longtemps, dans les rues de ce quartier pourri, en quête d’une idée subite pour me nourrir ou même simplement m’occuper.
Les passants se retournent sur mon passage, en me dévisageant l’air de dire « mais qui est-ce ? ».
Pour seule réponse, ils ont droit à un regard noir, ce qui leur suffit amplement.

Mon ventre crie famine et je lui crie intérieurement de la fermer. En plus, dans cette foutue ville, il y a des kebabs toutes les trois rues… J’ai longtemps songé à vendre mes couteaux pour avoir un peu de liquide, mais je me suis vite résignée : ces couteaux sont bien trop précieux et serviables au cas où il ne m’arrive quelque chose.

Je n’ai donc pas mangé, à mon plus grand désespoir. Il est actuellement 17h00 et j’ère encore dans les rues, sans but précis. Mes pieds commencent à peser lourds, à cause des énormes chaussures que je porte. Pas super pratique des bottes de sécu compensées.

Les rues se vident petit à petit et le soleil se couche de plus en plus vite désormais.

Soudainement, je vois, sur le sol, un billet de cinq dollars. Je me rue sur lui, comme si ma vie en dépendait. Je le prends et l’inspecte afin de voir s’il s’agit d’un vrai ou non.
Verdict : c'est un vrai ! Fini le ventre qui gargouille !

À ce moment-là, je me sens un peu comme dans Charlie et la Chocolaterie quand le môme trouve le billet par terre et qu’il va s’acheter une tablette de chocolat.

Eh bien je vais faire exactement la même chose.

Je sourie et me rends dans un supermarché le plus proche. Je me dirige tranquillement entre les rayons, afin de faire passer le temps, et regarde les compositions de certains produits.

Sucre, graisse, sucre, graisse, sucre, gra…

J’active mon mode « je suis végan et je ne peux rien manger » et essaye de trouver quelque chose de mangeable qui respecte mon régime alimentaire.

Autant vous dire que c’était pas simple ; dans ce genre de grande surface, il n’y a pas beaucoup de trucs végan.

En règle générale, quand père faisait les courses (enfin c’était plutôt ma mère qui les faisait) il s’arrangeait toujours pour que je ne manque de rien. Il me semble -aussi loin que mes souvenirs me le permettent- que c’est la seule chose que mon père faisait de bien. Quand j’ai demandé à mon père pour changer mon régime alimentaire, il était (presque) ravis. Du coup, il achetait toujours ma bouffe dans un supermarché spécial.

Un résumé ?

J'ai un mal fou à trouver de la nourriture ici.

The Shadow Academy [Five Hargreeves] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant