L'expression des émotions

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Petit chapitre dédié à @StenikTakam ;)


Les articles qui m'ont permis d'écrire ce chapitre sont juste ici (SOURCES)
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Comment retranscrire les émotions d'un personnage ?
Et comment en donner aux lecteurs ? 


Attention, ici on parle bien de l'émotion, c'est-à-dire une conduite réactive/involontaire (peur, joie, tristesse, colère...), et non du sentiment qui est un état affectif concernant soi-même ou autrui (orgueil, jalousie, amour, haine...)

L'émotion est un état passager, une réaction déclenchée par un stimulus. Le sentiment n'est pas stimulé. En revanche, un sentiment peut être développé par une succession de diverses émotions. (merci le CNRTL)

Trêve de définitions... 


Pour retranscrire les émotions d'un personnage, il va donc falloir créer un stimulus, c'est-à-dire l'élément déclencheur, un événement qui va permettre à votre héros/héroïne de réagir émotionnellement. L'action entraîne la réaction...



De plus, pour exprimer au mieux les émotions en écriture, il est primordial de respecter le principe Show don't tell (= montre, ne dis pas). En bref, il s'agit de montrer l'état de votre personnage plutôt que de le décrire explicitement, notamment : 

En décrivant les expressions physiques extérieures, celles qui sont visibles par n'importe qui (gouttes de sueur, tremblements, claquement de dents...)En détaillant les expressions physiques intérieures, celles que seul le personnage peut ressentir (cœur qui bat, gorge qui se noue, alourdissement des jambes...)


N'oubliez pas d'utiliser des cinq sens (l'ouïe, la vision, le goût, l'odorat, le toucher). Chacun à son utilité. Alterner entre les sens enrichira votre texte. Mais n'en usez pas de trop, juste ce qu'il faut fera l'affaire :)



Voici une liste exhaustive d'éléments de description que vous pouvez potentiellement utiliser pour les quelques émotions ci-dessous :

LA JOIE
Manifestations physiques : La joie rayonne dans le corps entier, la tête qui tourne, le sourire irrépressible...
Dans la tête du personnage : La joie peut se manifester par une impossibilité de se concentrer sur quelque chose. On ne cesse de penser à ce qui nous fait plaisir. Les pensées peuvent s'enchaîner à toute vitesse.
Dans le style de l'auteur : usage de la ponctuation (points d'exclamation, de suspension) avec des envolées lyriques, l'amplification, l'hyperbole...

L'AMOUR
Manifestations physiques : Le cœur qui s'arrête et repart de plus belle, le ventre qui papillonne, les joues qui rosissent ou au contraire semblent se vider de leur sang, la gorge sèche, l'électricité, le bien-être...
Dans la tête : Tout le monde ne réagit pas de la même façon face à l'amour. Il y a le coup de foudre : on a l'impression de connaître l'autre par cœur, on l'aime directement. Il y a celui qui anticipe, celui qui freine, celui qui ne veut pas s'engager, celui qui ne veut pas souffrir...
Dans le style de l'auteur : utilisation du flashback car l'amoureux ressasse encore et encore les moments passés avec l'élu de son cœur. Il peut utiliser l'accumulation, l'amplification, l'hyperbole, l'exagération ou encore la ponctuation pour marquer l'enthousiasme.

LA TRISTESSE
Manifestations physiques : Si la joie emplit le corps de bonheur, la tristesse vide celui qui la ressent. Les jambes sont lourdes, la tête tourne au ralenti, le corps est faible. Les larmes, la gorge nouée par les sanglots peuvent aussi être une manifestation physique de la tristesse.
Dans la tête du personnage : Le personnage réfléchit au ralenti. Il peut être amené à repenser à ses actions, à se focaliser sur un point précis qui l'a marqué.
Dans le style de l'auteur : usage du flashback, de la répétition, des points de suspension pour marquer l'hésitation et le vide.

LA SURPRISE
Manifestations physiques : Le cri, le cœur qui bat très fort, l'excitation, la paralysie / l'immobilisme sont des manifestations de la surprise.
Dans la tête du personnage : Très supris, un personnage peut être incapable de penser, de comprendre ce qui se passe. Selon la capacité du personnage a être surpris, cela peut durer plus ou moins longtemps. 
Dans le style de l'auteur : Les points de suspension, ou l'arrêt sur image peuvent être utilisés : parfois, on est tellement surpris que l'on voit ce qui se passe mais on ne sait pas quelle réponse y apporter.

LA COLERE
Manifestations physiques : Les jours deviennent rouges (vous connaissez l'expression « être rouge colère »), les sourcils se froncent, les traits se tirent, les yeux lancent des éclairs, les mouvements deviennent irraisonnés, secs, violents.
Dans la tête du personnage : La colère peut monter petit à petit ou être déclenchée par un événement. Elle peut être explosive ou au contraire progressive. 
Dans le style de l'auteur : La répétition, les points d'exclamation, les points de suspension, l'accumulation, l'argumentation, l'antiphrase, l'amplification...

LA PEUR
Manifestations physiques : Les cris, le cœur qui bat très vite ou de façon désordonnée, la paralysie, l'incapacité de dire quoi que ce soit, la sensation de froid, les tremblements et la chaire de poule.
Dans la tête du personnage : La peur peut figer ou au contraire faire réagir. Certains peuvent être formés à mieux réagir que d'autres face à une situation dangereuse ou suspecte. 
Dans le style de l'auteur : Les points d'exclamation, les points de suspension, l'arrêt sur image, la répétition, le bégaiement...


Enfin, dernier conseil pour retranscrire l'état de votre personnage : servez-vous de vos propres émotions ! Il peut être très efficace, pour transmettre quelque chose de crédible voire d'authentique, de vous souvenir de ce que vous avez vous-même ressentie, de votre expérience. Vous pouvez pousser l'expérience jusqu'à garder un carnet sur vous, et y noter les détails des émotions que vous vivez au quotidien.


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