Chapitre 19

948 98 31
                                        




    Avec un sac rose bonbon dans la main, le seul paquet que je tiens d'ailleurs, nous nous dirigeons d'un pas tranquille vers le Nexa, qui doit sûrement être bondé à cette heure. C'est le moment où les étudiants ainsi que les travailleurs finissent leur journée, et vont dans un bar pour décompresser un peu.

    Contrairement à la majorité des élèves, pour ne pas dire tous, je n'ai pas de cours du soir. À vrai dire, je m'en fiche totalement de mes études. La seule chose que je veux faire dans ma vie, c'est du piano. 

J'ai toujours été passionné par la piano, si bien que je peux jouer les morceaux les plus compliqués les yeux fermés. J'ai passé tellement d'heures, courbé sur les touches, à tenter de rivaliser avec les plus grands pianistes... jusqu'à ce que mes parents décident que jouer du piano devait passer en second, et que mes futures études de médecin étaient plus importantes.

    Je ne veux pas être médecin. J'ai tenté de leur dire, pourtant, mais ils n'ont jamais rien voulu savoir. Ils ne savent pas que j'ai annulé mes cours du soir, et c'est pour cela que je ne rentre jamais chez moi après les cours. Je pourrais rentrer chez moi, parce qu'ils ne sont jamais là, mais j'ai trop peur qu'ils rentrent un jour où ils ne devaient pas rentrer. Les conséquences sont beaucoup trop grandes pour ce geste, parce que je pourrais dire adieu à ma liberté.

    — Sehun ?

    — Mh ?

    Il ralentit la cadence et tourne la tête vers moi.

    — Tu penses sérieusement que je plais à Namjoon ? Je veux dire... je ne veux pas me faire des illusions.

    Mon meilleur ami finit par s'arrêter totalement, et me tourne vers lui, ses mains sur mes épaules. La mine sérieuse et les sourcils froncés, il me demande :

    — Qu'est-ce qui te fait penser que ce sont des illusions ? Namjoon est raide dingue de toi, Jin me le confirme tous les jours. Et puis, ça se voit ! Tu te rends compte comment il se comporte avec toi ? Il te pique des crises de jalousie, il est super tactile avec toi, alors que tu laisses personne te toucher à part nous !

    Mon menton tremble, et ce qui devait arriver arriva, je fonds en sanglots et me réfugie dans ses bras. J'enfouie mon visage dans le creux de son cou, et laisse les larmes rouler sur mes joues, hoquetant légèrement, comme un enfant. J'ai peur. Je suis terrifié. J'ai peur que tout ça recommence, encore une fois. Je ne serais pas capable de le supporter une nouvelle fois. Je suis trop détruit pour ça.

    J'ai l'impression que mes sentiments font du yoyo. Où est passée la détermination qui me guidait, dans les toilettes du lycée, à midi ? Quand j'étais certain de pouvoir affronter le monde entier sans plier ? Je suis complètement démuni. Je me sens tellement vulnérable...

    — C'est normal que tu doutes, que tu aies peur, me souffle-t-il à l'oreille en me serrant fort dans ses bras. Mais je serais toujours là pour te rassurer. Tu mérites d'être heureux, et tu peux me croire, Namjoon ne se fiche pas de toi. Parles-en lui, tu verras qu'il te dira la même chose. Quand il te regarde, dans ses yeux, je ne vois que de la tendresse, et je pourrais mettre ma main à couper qu'il y a aussi beaucoup d'amour.

    La chaleur de son étreinte est réconfortante. Il a posé son menton sur mon crâne, et me fait de douces caresses entre mes omoplates, tout en me serrant contre lui. Je serre le paquet rose entre mes doigts alors que je profite encore un peu de son câlin. Mes yeux sont sûrement rouges et bouffis.

    — Merci, couiné-je.

    Comme seule réponse, il dépose un long baiser sur mon front. Ce n'est que quelques minutes plus tard que nous arrivons devant le café. Et comme prévu, il semble plein à craquer. Seokjin et Namjoon doivent être débordés. Nous entrons finalement, et directement le décoloré vient nous voir. Il est un peu essoufflé, et son carnet est à moitié déchiré. Pourtant, dès qu'il nous voit, ou voit Sehun plutôt, son regard s'illumine et il paraît beaucoup moins fatigué.

    — Hunnie, Yoongi ! Comment vous allez ?

    Ses yeux passent sur moi, et ses sourcils se froncent en voyant les traces de mes précédentes larmes. Mais je lui souris, pour lui dire que tout va bien. Que tout va mieux. Il me rend mon sourire, la moue tendre, comme s'il avait compris ce que je voulais lui transmettre.

    — Je vous donne une table ? reprend-il.

    — Si tu en as encore ! plaisante mon meilleur ami. Le café est plein à craquer !

    — On est en plein pic, c'est pour ça, mais tu verras que ça se calmera d'ici une heure, sourit le blond. Vous avez de la chance, il me reste une table de deux !

    Il nous mène donc vers cette table, entourée par des étagères pleines de livres et des plantes en tout genre. Étrangement, même si la salle est bondée, je ne me sens pas vraiment oppressé. Mon regard suit mon serveur, dansant entre les différentes tables, un plateau rempli de boissons posé sur une main. Ses joues sont roses et lui aussi est essoufflé, mais il garde son sourire et continue d'être agréable avec les clients. Je serre les poings en voyant une cliente lui sourire, mais je reviens rapidement sur terre en me disant que, si j'en crois Seokjin et Sehun, il est raide dingue de moi.

    D'ailleurs, le patron du bar va chuchoter quelque chose à l'oreille de Namjoon, qui le fait directement se redresser, les pupilles brillantes. Un sourire étire ses lèvres pulpeuses quand il me voit, et je lui fais un signe discret de la main, en guise de bonjour.

    — Il est mordu de toi, répète Sehun. Et tu es mordu de lui. Ça se voit à des kilomètres.

    Effectivement. Les joues roses, le cœur qui bat à toute allure, les mains moites, et ce stupide sourire niais qui ne veut pas quitter mes lèvres... il a raison. Je suis dingue de lui, alors qu'on se connaît à peine. Même si j'ai toujours Taehyung dans un petit recoin de ma tête, je vois désormais le rose comme un potentiel amoureux. Le sourire sur mes lèvres s'agrandit, et je détourne directement le regard du serveur quand mes yeux descendent un peu trop bas dans son dos.

    — Tu le matais, affirme Sehun avec un rictus moqueur.

    — N'importe quoi ! protesté-je en gonflant les joues.

    — Ne me contredis pas, où je balance à tout le monde ce qui se trouve dans ton sac.

    Diabolique, le noiraud pose son menton sur la paume de sa main. Ce gosse va finir par me tuer, un jour.

𝐄𝐅𝐅𝐅𝐄𝐓 𝐏𝐀𝐏𝐈𝐋𝐋𝐎𝐍 - namgiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant