𝐄𝐅𝐅𝐅𝐄𝐓 𝐏𝐀𝐏𝐈𝐋𝐋𝐎𝐍 - namgi

Chapitre 7

    Je me réveille dans un lit inconnu, dans une chambre qui m'est tout aussi inconnue. Un gémissement sort de mes lèvres quand des maux de tête viennent m'attaquer de toutes parts. Mais qu'est-ce que je fiche là ? Et je suis où, d'abord ? J'étais pas dans un parc ? Alors qu'est-ce que je fous dans un lit ?

    La porte s'ouvre, et une silhouette aux épaules carrées entre dans la pièce, portant un plateau où trônent un verre d'eau et une boîte d'aspirines. Ses cheveux blonds sont complètement ébouriffés.

    — Oh, tu es réveillé, sourit Seokjin en s'approchant de moi.

    Il s'assoit sur le bord du lit, et pose le plateau sur mes genoux alors que je me redresse difficilement. Ma tête tourne et me fait un mal de chien. Le serveur me désigne un cachet et un verre d'eau et me fait signe de les prendre. Je lui obéis. Je ne sais pas ce que Seokjin fait là mais sur le coup, je m'en fiche entièrement. Le simple fait de déglutir me donne la nausée, mais je serre les dents. J'avale rapidement le cachet en priant pour que mes maux de tête disparaissent.

    — Merci, soufflé-je. Comment je suis arrivé ici ?

    Ma langue est pâteuse, j'ai du mal à parler. De toute évidence, l'alcool coule encore à flots dans mes veines. Je me suis quand même enfilé une bouteille entière la veille, et ce n'était pas celle avec le moins de degrés. Au contraire.

    — Namjoon t'a ramené, répond doucement Seokjin. Il passait dans le parc où tu étais, et il t'a entendu pleurer. Et quand il a vu que tu étais dans un sale état, il a décidé de te ramener.

    — Je me suis beaucoup inquiété, tu sais, intervient une voix venant de la porte.

    Je déglutis difficilement. J'ai terriblement honte qu'il m'ait vu dans cet état la veille, et qu'il ait dû me porter jusque chez lui.

    Namjoon entre à son tour après avoir refermé la porte, passant une main nerveuse dans ses cheveux roses. Il vient s'appuyer contre le mur en face du lit, une mine soucieuse déformant ses traits. Ses bras sont croisés sur son torse, faisant contracter l'épaisseur de ses biceps, et je dois me forcer à détourner le regard pour ne pas avoir une réaction indésirée plus basse dans mon anatomie. Les joues roses, je croise son regard qui semble terriblement déçu. J'ai l'impression qu'un poignard s'enfonce dans mon cœur.

    — Je n'ai pas appelé Sehun, mais j'ai envoyé un message à ta mère pour la prévenir que tu ne dormais pas chez toi, commence-t-il. Pourquoi je t'ai retrouvé dans un parc, le soir, ivre mort ?

    Inutile d'envoyer un message à ma mère, elle ne le verra même pas.

    Je ne réponds pas. Je ne veux pas paraître plus pathétique à ses yeux. Il est déçu de moi, je le sais, je le vois. Et ça me fait encore plus mal que je ne le pensais. Pourquoi est-ce que ça me fait si mal, bon sang ? J'aimerais revenir au temps où rien n'était compliqué. Où je n'étais pas tombé amoureux de Taehyung, où je ne souffrais pas de cet amour à sens unique, et surtout où on ne m'avait pas vulgairement abusé.

    — Imagine si quelque chose t'étais arrivé, reprend-il en s'approchant, perdant son sang-froid. Il aurait pu t'arriver n'importe quoi ! T'aurais même pu faire un coma éthylique ! Merde, tu pensais à quoi ?

    J'arrive à déceler de la tristesse dans sa voix, qui se fait plus forte, mais plus émotive. Son menton tremble légèrement.

    — Namjoon, va doucement avec le petit, le prévient Seokjin. T'es en train de le terroriser.

— Qu'il soit terrorisé ! T'es complètement inconscient ! hurle-t-il, sous le coup de l'émotion.

    Ma tête me fait mal, terriblement mal. J'ai l'impression d'avoir une dizaine de marteaux-piqueurs dans mon crâne. Ses cris sont multipliés par cinq, et ses paroles résonnent, encore et encore. Je finis par ne même plus l'entendre, tellement mes pensées se bousculent. Est-ce qu'il a peur de me perdre ? Est-ce que c'est à cause de cela qu'il crie aussi fort ?

    — Ferme-là, ordonne le plus vieux. Il est malade, tu l'engueuleras après.

    — À qui la faute s'il est dans cet état ? siffle l'autre.

    Bien que ma vue soit floue, j'arrive à apercevoir une larme roulant sur sa joue. Il l'essuie, détournant les yeux tout en se mordillant la lèvre inférieure. Il quitte la chambre, les poings serrés, sans m'adresser un seul regard. L'ai-je autant déçu que ça pour qu'il n'ose même plus me regarder ?

    Je baisse la tête, les larmes aux yeux. Mon corps entier tremble, et je ne me rends même pas compte que mes maux de tête commencent à enfin s'estomper. Ce que Seokjin remarque, puisqu'il pose sa main sur mon épaule, d'un geste amical :

    — Il s'énerve mais... c'est parce qu'il tient à toi, souffle-t-il avec douceur.

    — Il... il tient à moi ? répété-je, sans vraiment y croire. Mais... on ne s'est vus que deux fois ?

    — Peut-être, mais c'est comme ça. Il croit au coup de foudre, tu comprends ?

    Le coup de foudre ? Est-ce qu'il aurait eu le coup de foudre pour... moi ? Non, c'est impossible, le blond doit se tromper. Namjoon n'a pas pu avoir le coup de foudre pour moi, surtout pour moi. Je ne mérite pas un type comme lui.

    — D'ailleurs, qu'est-ce que vous faîtes là ? demandé-je pour changer de sujet.

    Le regard qu'il m'adresse me fait légèrement sourire. Il sait que je change de sujet car que je suis gêné de parler de ça. J'ai toujours été mal à l'aise sur le sujet des sentiments, surtout les miens. Toutefois, il joue le jeu, même si sa moue est malicieuse :

    — Namjoon et moi sommes meilleurs amis depuis le lycée. On a décidé de prendre une colocation et, quand j'ai monté mon café, je l'ai engagé comme barman et serveur. Donc rassure-toi, on ne sort pas ensemble, le champ est libre ! rajoute-t-il avec un clin d'œil complice.

    Mes joues prennent une couleur pourpre et je me mords la lèvre sous le coup ; même en changeant de sujet, Seokjin arrive à me rendre mal à l'aise à et revenir à la question du coup de foudre de son meilleur ami. Ce type est diabolique. Un peu comme Sehun, au final. C'est vrai que sur le plan mental, ils se ressemblent beaucoup.

    — Tu te sens mieux ? s'enquiert-il en passant une main protectrice dans mes cheveux.

    — Un peu oui, merci, souris-je.

    — Tu veux te laver ? demande-t-il par la suite. La salle de bain c'est la porte à droite quand tu sors de la chambre. Je vais t'apporter des vêtements et une serviette propres dans cinq minutes.

    Je hoche la tête, reconnaissant envers son aide proposée, et il sort de la chambre en silence, après m'avoir souri en retour. Je comprends pourquoi Sehun et si accroché au serveur ; il est dévoué, gentil naturellement, et mignon. Peut-être un peu trop âgé, il doit avoir la vingtaine et mon meilleur ami est encore mineur. Mais après tout, ne dit-on pas que l'amour n'a pas d'âge ?