𝐄𝐅𝐅𝐅𝐄𝐓 𝐏𝐀𝐏𝐈𝐋𝐋𝐎𝐍 - namgi

Chapitre 25

    Nous roulons depuis plusieurs minutes, en silence. Sa main n'a pas quitté mon genou, et la mienne pas la sienne. Même si nous sommes gênés tous les deux, c'est un grand pas dans notre relation. Ce contact est plus intime que les câlins. Nous rend plus proches.

    Je lui jette un coup d'œil discret. Il est vraiment beau, ce soir. Son col roulé blanc moule ses muscles à la perfection, je mordille ma lèvre sans m'en rendre compte. Je passe rapidement ma langue sur mes dents pour enlever le gloss que j'y ai mis. Il porte un pantalon en jean clair taille haute, dont le bas est assez large, recouvrant un peu ses Converses rouges. Les manches de sa surchemise à carreaux noirs et blancs sont remontés sur ses avants-bras, dévoilant ses veines marquées.

    — Je te plais, habillé comme ça ? dit-il avec un sourire joueur.

    — Énormément, avoué-je en rougissant.

    — Tu es magnifique, se confie-t-il à son tour. C'est les vêtements que tu essayais quand on s'est rencontrés dans cette boutique, pas vrai ?

    — C'est ça.

    Ses yeux se perdent légèrement dans le décolleté de ma chemise, ce qui me fait ricaner. Pris sur le fait, il détourne le regard, mordillant sa lèvre et évitant mes yeux, honteux.

    — Désolé, dit-il.

    — Ne t'excuse pas. C'est plutôt flatteur, à vrai dire.

    C'est vrai, je le pense vraiment. Si quelqu'un d'autre m'avait reluqué de cette manière, je lui aurait explosé la gueule. Mais là... c'est Namjoon. Le type qui me plait énormément, et qui semble me comprendre, me connaître sur le bout des doigts. C'est carrément flatteur. Qui se serait excusé après avoir maté quelqu'un ?

     Namjoon. Qui d'autre que lui ? C'est un homme bien. Lui, il ne me rejette pas, comme tous les autres.

    — Flatteur ? répète le coloré en haussant un sourcil, un rictus aux lèvres.

    — Oui, flatteur. Tu trouves ça bizarre ?

    Ses doigts pressent légèrement mon genou, et son pouce vient faire de douces caresses sur mon jean. Il vient la retourner pour prendre ma main dans la sienne, m'envoyant un regard tendre.

    — Non, ce n'est pas bizarre, Yoongi.

    La discussion s'arrête là, mais j'ai l'impression d'avoir échangé bien plus de choses avec lui que de simples mots. Finalement, Namjoon se gare sur une place vide, dans le fameux quartier calme dont il m'a parlé plus tôt. Il n'y a presque personne dans les rues, juste des promeneurs qui se baladent main dans la main.

    Nous sortons du véhicule, et automatiquement, le serveur enroule son bras autour de mes reins, me rapprochant de lui.

    — Ça ne te dérange pas ? demande-t-il, soucieux. Mon bras.

    — Pas du tout. Au contraire.

    Il embrasse le bout de mon nez, et nous marchons en direction du restaurant italien. Les rues sont éclairées par des lampions suspendus à une cordelette attachée aux maisons, et cela donne une atmosphère presque magique. Bien qu'elle soit assez étroite, la rue semble pleine de vie. Il y a des gens, au balcon, qui discutent entre eux, tout en grignotant un peu. Quelques boutiques sont encore ouvertes, et les vendeurs discutent avec leurs clients en leur conseillant d'autres boutiques s'ils veulent continuer leurs emplettes.

    Ici, personne ne nous lance un regard de travers par rapport à notre proximité. La majorité des personnes est européenne, et pas asiatique. Cela doit sûrement être pour ça. Sur un balcon, j'aperçois deux filles s'embrassant de tout leur soul, comme si leur vie en dépendait.

    Nous arrivons devant une double-porte ouverte. À l'intérieur, il y a quelques tables, et plus de la moitié sont prises. Directement, un homme vient nous voir avec un grand sourire.

    — Bonsoir messieurs ! s'exclame-t-il. Vous désirez une table ?

    — J'ai réservé une table au nom de Kim Namjoon, répond-il avec un sourire en retour.

    Je remarque qu'il n'a pas ôté son bras de ma taille et que, au contraire, il me serre un peu plus fortement contre lui. Le serveur nous emmène à notre table, et sur le chemin je regarde un peu la décoration. La lumière est chaude, les murs en pierre, et les tables en bois foncé, recouvertes d'une nappe à carreaux rouges et blancs. Un drapeau tricolore est accroché sur l'un des murs, en face d'un bar imposant.

    Nous nous installons à notre table et le serveur nous donne la carte, avant de partir vers une autre table.

    Je suis vraiment intimidé face à lui. Mais de suite, un doute s'impose dans mon esprit : à l'occasion, il ne voit cette sortie que sous un œil purement amical ? C'est impossible, il m'a bien dit que je lui plaisais, et cette attirance est réciproque, cependant un doute persiste dans mon esprit. J'ai besoin d'être rassuré.

    — Est-ce que... c'est un rencart ? murmuré-je, tout timide.

    Namjoon lève soudainement les yeux de sa carte, surpris.

    — Bien sûr. Je pensais que... que tu t'en doutais ? Enfin, à moins que tu préfères que ça soit une sortie entre amis ?

    — Non ! m'exclamé-je, le faisant doucement sourire. Je veux dire, je ne veux pas que ça soit juste une simple sortie entre amis.

    Si je m'écoutais, je pense que je l'aurais embrassé. Et par la même occasion, je me serais giflé. Quel imbécile.

    Je suppose que je ne suis pas censé penser ça. Mais tant pis. Mon visage prend une teinte écrevisse, et je passe une main dans mes cheveux noirs, tentant vainement de me reprendre. Ma chemise encore une fois trop décolletée dévoile soudainement un téton, ce que je ne remarque pas tout de suite. Ce qui me met la puce à l'oreille, ce sont les yeux soudainement noirs de Namjoon, posés un peu plus bas que ma clavicule. Il se hâte de détourner les yeux, soufflant longuement du nez pour penser à autre chose.

     Oh merde. Je n'ai pas l'habitude de chauffer les gens de cette façon. Étrangement, j'ai encore envie qu'il me regarde de cette manière. Il faudrait que je demande des conseils à Sehun. J'ai envie de plaire à Namjoon, j'ai envie qu'il me regarde moi et uniquement moi et pas les autres.

    — Tu es à damner un saint, Yoongi, lâche-t-il en pinçant l'arête de son nez.

    — À... à damner un saint ? répété-je en jouant avec mes doigts. Autant que ça ?

    — Autant que ça, confirme-t-il avec l'air séducteur.

    Il pose son menton sur sa paume, et coince son petit doigt entre ses lèvres pulpeuses. Bon sang, j'ai tellement envie de l'embrasser. Je serre mes genoux avec mes doigts pour me reprendre. Je ne peux pas céder à la tentation de me jeter à son cou comme ça, en plein milieu d'un restaurant.

    Il me trouve à damner un saint.

    Putain, il me trouve à damner un saint.