Chapitre 28

921 102 35
                                        




    La matinée est passée en un éclair. Enfin, non, pas vraiment, j'ai passé les quatre heures à rattraper ma nuit, étant donné que je n'avais pas vraiment fermé l'œil. Maintenant, j'ai mal aux épaules à force d'être resté prostré dans la même position sans bouger. Nous sommes donc en chemin vers la cafétéria, puisque j'ai oublié ma carte bleue à la maison, et que Sehun a comme qui dirait la flemme de sortir du lycée. Quant à Rosé et Chaerin, elles ont décidé de nous accompagner uniquement parce qu'on leur faisait pitié, même si je suis certain que c'est parce qu'elles aussi, ont la flemme de sortir.

    Alors que nous entrons dans la cafétéria, Sehun reçoit un appel. Il décroche, alors que nous restons à le regarder, blasés. Pourquoi est-ce qu'il n'avance pas ? Il peut très bien appeler en marchant, non ? J'ai faim. Et je deviens chiant, quand j'ai faim.

    — Yoongi ? C'est pour toi.

    Le noiraud me tend son téléphone et je le prends entre mes doigts, lui lançant un regard surpris.

    — Mh, allô ? fais-je, d'une voix hésitante.

    — Salut mon ange, répond une voix grave que je reconnais immédiatement. J'ai essayé de t'appeler, mais... tu ne m'as pas répondu.

    Je m'éloigne un peu du groupe, grattant ma nuque avec gêne. J'entends très clairement mon meilleur ami confier à mes sœurs de cœur qu'il s'agit de mon coup de cœur, et je rougis encore plus en leur tournant le dos.

    — Désolé, j'avais plus de batterie, avoué-je. C'est vraiment nul, en plus.

    Il rigole, et son rire me fait frissonner, littéralement. Il est rauque, et raisonne parfaitement à mes oreilles.

    — C'est pas grave, ça arrive à tout le monde. Bon, je t'appelle pour te dire que je t'attends devant.

    — C-comment ça, devant ? Devant quoi ?

    Un nouveau rire. Du coin de l'œil, je vois Sehun faire des signes obscènes avec ses doigts, et Chaerin éclate de rire.

    — Devant ton lycée. J'ai... j'ai fait un pique-nique. Enfin, si tu veux, bien sûr. Peut-être que tu préfères manger avec tes amis, et...

    — J'arrive, le coupé-je immédiatement, un sourire mangeant mon visage.

    Je raccroche, ne lui donnant pas l'occasion de répondre, avant de lancer le téléphone à son propriétaire, qui le rattrape in extremis, avant de me précipiter à la sortie. Je cours sur le chemin, avant de m'arrêter net en voyant Namjoon, un panier dans la main, et une moue un peu gênée. Il faut avouer qu'il attire de nombreux regards, à cause de sa beauté. Si je ne l'aimais pas autant, je pense que je serais un peu jaloux.

    — Tu es aussi content de me voir ? rigole-t-il.

    Sans attendre, je saute dans ses bras, et il lâche le panier pour les enrouler autour de mes hanches. Mes pieds ne touchent plus le sol, mais tant pis. Je reste accroché à son cou, un brin désespéré. J'enfouis mon nez dans sa nuque, et inspire longuement, apaisé par son odeur. Je le sens faire la même chose de son côté, et je ne peux m'empêcher de rougir.

    — Évidemment, que je suis aussi content de te voir, murmuré-je en fermant les yeux.

    Nous restons un moment dans cette position, et nous finissons par nous décoller. Namjoon me repose délicatement au sol, et reprend le panier qui, heureusement, a résisté à la chute. Avec un grand sourire, le plus vieux prend ma main dans la sienne, et nous nous dirigeons vers un petit coin reculé, et surtout isolé des regards. Le rose sort une grande couverture du panier, et l'étale au sol, avant de venir s'y asseoir. Sans attendre, je m'assois à ses côtés, regrettant un peu de ne pas avoir assez de courage pour m'asseoir entre ses jambes. J'aurais bien aimé m'appuyer contre son torse, comme dans les films romantiques.

    Il sort plusieurs bentos faits maison, contenant un peu de tout. Il me donne une paire de baguettes en acier, et me sert un verre de soda.

    — Jin nous a préparé des beignets aux pommes, pour le dessert, m'apprend-il.

    — Est-ce que tu peux m'embrasser ? lâché-je sans vraiment m'en rendre compte.

    Je plaque mes deux mains sur mes lèvres en piquant un far. Est-ce que je viens vraiment de dire ce que je crois que je viens de dire ? Oh mon dieu. Quel imbécile ! Mais je me sens tellement à l'aise avec Namjoon... j'ai l'impression que toutes mes insécurités se sont envolées. Ça ne m'est encore jamais arrivé, et c'est une sensation étrange.

    Namjoon éclate de rire, et m'attire contre lui. Tout en rougissant, je m'appuie contre lui.

    — Tu me rends tellement heureux, Yoongi, murmure-t-il en déposant un baiser sur mon front.

    — Toi aussi, tu me rends heureux, réponds-je, la voix basse. Par contre, ce n'est pas mon front, que tu dois embrasser.

    — Ah bon ? fait-il, faussement étonné. Qu'est-ce que je dois embrasser, alors ?

    Sans un mot, je lève les yeux vers lui, posant une main sur sa joue. Puis, avec douceur, je me redresse un peu pour atteindre ses lèvres, et l'embrasse chastement. Le serveur rosit un peu, et entrelace nos doigts, avant d'accentuer timidement le baiser. Ce que j'apprécie chez lui, c'est qu'il est doux, et qu'il me laisse prendre mon temps. Il ne cherche pas à me brusquer, ou à faire quelque chose sans mon consentement. Je crois bien que je l'aime.

    Je frémis alors que sa langue cherche mienne. C'est incroyable, cette sensation que j'ai au creux de la poitrine. Comme si mille papillons s'envolaient d'un coup dans ma cage thoracique. Est-ce que je vais m'envoler ? Namjoon caresse ma joue, et sépare doucement nos lèvres. Un sourire vient les étirer.

    — Merci de me faire confiance, souffle-t-il en me regardant avec tendresse.

    — Merci à toi de prendre soin de moi.

    Après un nouveau baiser, simple contact entre nos deux bouches, nous commençons à manger. L'endroit semble idyllique : nous avons élu domicile en bas d'un grand chêne, et le soleil s'écrase sur nous, filtré par les nombreuses branches de l'arbre. Namjoon dégaine soudainement son téléphone, et nous prend plusieurs fois en photo, collés l'un à l'autre. Je frissonne en sentant sa main sur ma hanche ; l'un de ses doigts s'aventure sur ma peau en-dessous de mon sweat, et vient doucement la caresser.

    — Pour se souvenir de cette journée.

    Il n'ose pas ajouter : pour regarder ton visage à chaque fois que ça ira mal. Mais cette phrase est nettement sous-entendue, et je la comprends. J'ai envie de pleurer de bonheur. Je suis tellement heureux à ses côtés. C'est étrange, ce moment d'euphorie, et j'espère de tout cœur que cette sensation ne s'arrêtera jamais.

𝐄𝐅𝐅𝐅𝐄𝐓 𝐏𝐀𝐏𝐈𝐋𝐋𝐎𝐍 - namgiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant