Chapitre 36

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    Quand Namjoon me dépose, j'ai une très mauvaise surprise qui m'attend devant chez moi. La voiture de mes parents est garée devant la maison, et les fenêtre sont allumées. Je n'ai pas envie de les voir. Je crispe mes mains sur mes genoux, et inspire un grand coup.

    — Je pensais qu'ils n'étaient jamais là ? dit le rose, étonné.

    — Ils ne sont jamais là. Normalement. Je ne savais même pas qu'ils rentraient aujourd'hui.

    Je lâche un soupir, et enfouis mon visage dans mes mains. Je n'ai pas le courage de les affronter, pas aujourd'hui. Et puis, je n'ai pas envie de gâcher ma journée. Jusque là, elle s'est montrée parfaite : me réveiller dans les bras de mon amant, passer du temps avec Sehun, aller au café pour rejoindre nos amoureux, rencontrer la mère adorable de Namjoon...

    — C'est le moment parfait pour les rencontrer, alors, sourit-il.

    — Je ne suis pas certain qu'ils réagissent de la même manière que Haneul... soupiré-je. À vrai dire, je ne sais même pas comment ils peuvent réagir. Je ne les connais pas.

    Le serveur me fait tourner la tête vers lui en posant sa main sur ma joue. Il embrasse mes lèvres avec tendresse, et je me détends d'un coup. J'accentue le baiser, et frissonne quand sa main vient jouer avec les cheveux de ma nuque.

    — Tu veux dormir chez moi, ce soir ? propose Namjoon, soucieux.

    — Non, t'inquiète pas. Ça fait pas mal de temps que je les ai pas vus, je vais faire un effort. Tu viens avec moi ?

    — Avec plaisir.

    Il m'embrasse une seconde fois, et coupe le moteur. Je le vois déglutir en voyant le dernier modèle très cher de la voiture de mes parents, et je lui prends la main pour le rassurer. Ce n'est pas parce que mes parents sont blindés d'argent que je vais le juger sur ce sujet. Nous nous dirigeons vers le pas de la porte et si je pouvais, je serais parti en courant. Ils vont certainement me faire des remarques désobligeantes sur ma tenue, la façon dont je parle et me comporte... putain, ça va être un vrai enfer.

    J'ouvre la porte, et me glisse dans l'entrée, la refermant après Namjoon. Nous entrons dans le salon, et je découvre mes parents dans le canapé. Enfin, mon père, étant donné que ma mère fait les cent pas autour de la table basse.

    — Salut, fais-je alors qu'ils s'embrouillent.

    Ma mère s'arrête net d'engueuler son mari, et me lance un regard étonné. Ah, est-ce qu'elle se rappelle qu'elle a un fils, au moins ?

    — C'est moi, Yoongi, rajouté-je. Votre fils.

    — Je t'ai reconnu, n'importe quoi, grogne-t-elle.

    Elle dépose un rapide baiser sur mon front, et mon père me fait un signe de la main, sans bouger du canapé. Je serre les dents pour retenir mes larmes. Ils ne sont mêmes pas foutus de me prendre dans leurs bras après des mois de séparation. Néanmoins, elle capte ma main entrelacée avec celle de Namjoon.

    — Je vous présente Namjoon, reprends-je. Mon copain.

    Cette fois-ci, mon père se redresse, les yeux grands ouverts. Je retiens ma respiration, et serre les doigts du coloré, qui pose un baiser sur ma tempe. Devant mes parents. D'ailleurs, ces derniers pètent littéralement un plomb. J'entends des insultes, des pleurs, des supplications, mais au comble de l'étonnement, je reste entièrement de marbre. Je ne fonds pas en pleurs comme je l'aurais soupçonné, et je ne suis même pas sûr d'en avoir quelque chose à faire, de leur avis. Ils se mettent à hurler sur Namjoon, qui me lance un regard ennuyé. Je crois que je déteins trop sur lui.

    — Prends tes affaires et dégage d'ici, conclut mon géniteur, le regard noir. Mon fils n'est pas une tapette.

    — Quel fils ? fais-je en haussant un sourcil. Vous ne vous êtes jamais occupés de moi. La mère de Namjoon a été plus maternelle en deux heures que vous l'avez été depuis ma naissance. Vous n'êtes pas mes parents.

    — Et la mère de... Namjoon accepte votre relation ? se moque ma mère.

    — Bien sûr, puisqu'elle m'aime, la coupe ce dernier. Elle m'aime, alors mon bonheur lui suffit. C'est aussi simple que cela.

    Aucun des deux ne trouve quelque chose à répliquer. Je n'ai encore jamais vu Namjoon dans cet état. Quand il s'était confronté à Yuta et Sunoo, il était brûlant de colère et à deux doigts de les frapper. Là, il est aussi froid que la glace, et utilise ses mots à la place de ses poings. Je me hâte d'aller dans ma chambre pour rassembler mes affaires, quelques vêtements tout au plus ainsi que mon ordinateur et mes chargeurs, que je fourre tout dans un grand sac de sport. Main dans la main avec mon amant, nous descendons les escaliers. Sous le regard surpris de mes géniteurs, j'attrape une seconde veste, pour qu'elle aille bien avec les vêtements pris au hasard.

    — Qu'est-ce que tu fais ? balbutie ma mère.

    — Il vient chez moi, dit Namjoon, le regard noir.

    — Je reviendrais quand vous serez partis. La prochaine fois que vous me dîtes autant d'horreurs, j'appelle les paparazzis. Je pense qu'ils seront heureux de voir que vous avez un fils caché.

    Je tourne les talons, et entraîne le rose dehors. Mon cœur lâche à peine sommes-nous dans la voiture. Les larmes coulent à flots sur mes joues. Toute l'angoisse, ainsi que l'espoir, redescendent d'un coup, et le pire est que je n'ai même pas envie de pleurer pour des personnes comme eux. Ils ne méritent pas mes larmes.

    Mon amant s'empresse de démarrer pour ne pas rester devant la maison. Ils n'ont même pas essayé de me retenir. Il roule un peu trop vite, mais les routes sont vides à cette heure. Je ne me rends même pas compte que nous sommes déjà arrivés à l'appartement qu'il partage avec Seokjin, trop plongé dans mes pensées dévastatrices. On ne descend pas tout de suite de la voiture. Namjoon recule son siège, nous détache, et me fais grimper facilement sur ses genoux. Pourquoi est-ce qu'il m'aime ? Je ne suis même pas beau, quand je pleure.

    J'essaie de cacher mon visage avec mes mains, mais il prend mes poignets entre ses doigts, toujours avec délicatesse, avant de coller son front au mien. L'amour que je lis dans ses yeux me fait de nouveau pleurer.

    — Je suis désolé, hoqueté-je.

    — Pourquoi est-ce que tu t'excuses, mon ange ?

    — Je sais pas, je... je suis juste désolé.

    Il prend mon visage en coupe entre ses grandes mains, et essuie mes larmes avec ses pouces. Mon ventre se tord à cause de tout l'amour que je ressens pour lui. Depuis combien de temps est-ce que je me voile la face sur mes sentiments ?

    — C'est pas de ta faute si tes parents sont des cons, ricane-t-il. Tu as été très courageux de les confronter. Je suis tellement fier de toi.

    Je me jette sur ses lèvres sans plus de cérémonie. Je le sens rigoler contre moi, et ses mains voyagent jusqu'à mes reins, sans descendre plus bas. Encore une fois, j'apprécie sa retenue.

    — Je t'aime, je t'aime, je t'aime, répète-t-il comme une symphonie. Je t'aime tellement. On s'en fiche des autres. Je t'aime. C'est le plus important.

𝐄𝐅𝐅𝐅𝐄𝐓 𝐏𝐀𝐏𝐈𝐋𝐋𝐎𝐍 - namgiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant