Chapitre 24

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    Je panique. Littéralement. Je pète un plomb, et je tourne en rond dans le salon, autour de la table basse, ne sachant pas comment réagir. Je tente de me calmer, de me rassurer en me disant que je vais passer une très bonne soirée, mais c'est plus fort que moi.

    Sehun a disparu de la circulation, et je sais qu'il est sorti de la maison pour mettre Namjoon au courant de l'état dans lequel je suis. Qu'est-ce qu'il fait ? Il est beaucoup trop long ! Je vais finir par faire un trou dans le tapis, à force de marcher au même endroit !

    — Yoongi ?

    La voix rauque du serveur fait automatiquement arrêter mes pas, et mon corps se fige. Oh bordel, il est derrière-moi, et je suis certain qu'il m'a vu tourner en rond en marmonnant des choses incompréhensibles. Tendu, je jette un regard par dessus mon épaule et lâche un très gracieux :

    — Oh putain.

    Ce qui déclenche le rire adorable de Namjoon. Mon cœur bat à toute allure et mes paumes sont moites. Et s'il me trouve moche, hideux, et ridicule avec mes vêtements et le maquillage que j'ai sur la tronche ? Je vais tuer Sehun, je le jure, je vais le tuer. Je vais passer pour quelqu'un que je ne suis pas, et je ne veux pas ça, je ne veux pas qu'il se fasse des idées fausses sur moi.

    — Yoongi... murmure sa voix à mon oreille.

    Il enroule doucement ses bras autour de mes hanches, pour ne pas me faire peur, et colle son torse à mon dos, avec tout autant de délicatesse. Je sens tous ses muscles rouler et se contracter, et j'ai l'impression d'être protégé.

    — Calme-toi, d'accord ? On va simplement aller manger un bout tous les deux. Et... si tu veux, on peut même rester ici, et se faire un plateau-télé en jogging.

    Mon cœur fond devant autant de gentillesse de sa part. Alors il est capable d'annuler une soirée au restaurant pour rester coincé dans un canapé à manger des cochonneries devant la télé ? Je suis nul à côté de lui.

    Je me retourne vers lui, gardant ses bras autour de moi. Je pose ma joue contre son épaule, et plante mes yeux dans les siens, si tendres. Il pose délicatement une de ses mains sur ma joue, et elle est si grande qu'elle englobe toute ma mâchoire. Son pouce caresse doucement ma pommette, et s'attarde sur ma lèvre inférieure. Ce simple geste me fait frissonner. Je me sens tellement en sécurité avec lui... j'ai l'impression d'avoir trouvé mon point d'attache. Une sorte de pilier, pas aussi important que Sehun, mais presque.

    — Tu es magnifique, souffle-t-il en faisant légèrement cogner nos deux fronts ensemble. Plus que ça même. Merveilleux.

    Ses lèvres déposent un baiser papillon au coins des miennes, ce qui me fait piquer un far. J'entrelace mes doigts aux siens, et lui souris avec douceur.

    — Je veux bien aller manger un bout avec toi, réponds-je d'une petite voix. C'est juste... nouveau pour moi, personne ne m'a jamais invité au restaurant, et... il y a toujours Yuta et... Sunoo, dans ma tête. Je suis désolé, Namjoon.

    Les larmes me montent aux yeux, et je détourne le regard, incapable de soutenir le sien. Je suis sûr de le décevoir. Je ne suis pas assez bien pour lui, pas à la hauteur. Il mérite tellement mieux que moi... mon cœur accélère encore, et je m'empêche malgré tout de mordre mes lèvres. Mes doigts se crispent sur ceux de Namjoon, qui me serre fort dans ses bras.

    — Je t'interdis de t'excuser, mon ange, parce que rien n'est de ta faute. Tu m'entends ? Ce n'est pas de ta faute, tu n'y es pour rien. Je ne te demande pas de me faire confiance, parce que je sais que tu n'en n'es pas encore capable. Je veux t'aider à avancer, à aller mieux, et à tourner définitivement la page. Tu peux compter sur moi, t'appuyer sur moi quand tu ne vas pas bien. Je serais là. Je te le promets.

    Cette fois, les larmes coulent, et mes joues finissent rapidement par devenir humides. Ses mots me touchent énormément. Le poids sur mes épaules s'allège, et même s'il ne part pas totalement, je lui en suis redevable.

    Il vient embrasser chacune des perles salées, me faisant fondre encore plus.

    — Tu comptes énormément pour moi, Namjoon, soufflé-je.

    Il s'arrête, et recule sa tête de sorte à pouvoir me regarder droit dans les yeux. Ses prunelles se sont adoucies, si c'est encore possible.

    — Toi aussi, tu comptes énormément pour moi.

    — Vous allez me faire pleurer, les gars.

    Je sursaute en entendant la voix de Sehun, et me détache rapidement de Namjoon, détournant le regard, les joues écarlates. Le noiraud est appuyé contre le mur, les bras croisés sur son torse, et nous regarde d'un air insolent. De toute évidence, il a tout entendu depuis le début.

    — Ta gueule, Sehun, fais-je, mais ma voix est trop aiguë pour qu'il me prenne au sérieux.

    — Bon, allez manger, vous deux. Vous allez être en retard.

    Délicatement, Namjoon vient prendre ma main, et adresse un signe de menton à mon meilleur ami. Tandis que le noiraud regroupe ses affaires pour également partir, il me sourit d'une manière perverse, et je lui tire la langue, la moue enfantine.

    Nous sortons de la maison. Je remercie encore une fois mon meilleur ami, et le salue, alors qu'il se dirige vers l'arrêt de bus. Il a refusé que le serveur le ramène, prétextant qu'il se contenterait de prendre le bus et de finir devant sa télé avec une part de pizza.

    — Tu n'as qu'à appeler Jin, je suis certain qu'il acceptera, glisse le rose avec un clin d'œil.

    Sehun rougit, et prend la fuite, sans dire un mot de plus. Je glousse, et resserre mes doigts autour des siens alors qu'on se dirige vers sa voiture. Ce n'est pas l'une des plus récentes, ni même l'une des plus chères, mais au contraire de la majorité des personnes que j'ai croisées dans ma vie, je m'en fiche entièrement.

    Il semble un peu honteux, car il a deviné que ma famille était plutôt aisée en voyant la maison. Je lui embrasse la joue, jouant avec quelques mèches de ses cheveux, pour le rassurer. Il se détend, et m'adresse un sourire sincère.

    — Alors ? Où est-ce que tu m'emmènes ? dis-je pour détendre l'atmosphère.

    — Dans un petit resto italien, dans une rue tranquille. Je savais que tu ne serais pas à l'aise dans un grand restaurant.

    Effectivement, je n'aurais pas été à l'aise de la soirée si nous aurions été manger dans un grand restaurant, comme ceux que l'on voit dans les films. Nous montons en voiture, et à peine le véhicule démarré et engagé sur la route, Namjoon pose sa main sur mon genou. Je pose ma main sur la sienne, et concentre mon attention sur la paysage qui défile derrière les vitres, tentant d'ignorer les rougeurs sur mes joues et sur les siennes.

𝐄𝐅𝐅𝐅𝐄𝐓 𝐏𝐀𝐏𝐈𝐋𝐋𝐎𝐍 - namgiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant