SUR TES LÈVRES SUCRÉES [FRAMAL]

Chapitre 3

Je pense que j'avais rarement été autant stressé de toute ma vie.

J'étais un des témoins de mariage de mon frère, ça semblait couler de source, mais j'avais vraiment décidé de prendre mes responsabilités. Je n'avais pas voulu me contenter d'être une signature en bas d'un papier officiel, j'avais voulu jouer un rôle dans ce jour si important pour lui. Du coup, j'avais peur d'avoir oublié un truc important, j'avais peur que quelque chose foire et vienne tout gâcher, et en plus du reste, il me refilait son propre stress. J'aimais trop mon grand frère pour accepter que cette journée ne soit pas parfaite. Il méritait le meilleur, et sa future femme aussi. Ils en avaient trop bavé pour en arriver là.

J'étais pas vraiment branché mariage, moi, à la base. J'y connaissais rien, mais il avait voulu épouser Maé, c'était sa volonté, il fallait que tout soit parfait, ça ne pouvait pas être autrement. Valentine et Maé avaient orchestré l'évènement d'une main de maître, et c'est tout naturellement que je m'étais un peu greffé au comité d'organisation. Sans compter que j'étais celui qui avait le plus de temps libre, pas de femme, pas d'enfants, mais bon, on ne va pas revenir là-dessus.

J'avais volontairement laissé tous les aspects glamours et chiants aux filles, et je m'étais occupé de gérer les invités, et certains des prestataires. Ça m'avait bien plu, finalement. Ça changeait du label, et du studio. On avait essayé de réfléchir au moindre détail pour leur faciliter la vie durant cette journée, et j'avais hâtes de voir ce que ça allait donner. En attendant, j'avais peur comme si c'était moi qui m'apprêtais à passer devant le maire.

Valou avait insisté (très) lourdement pour qu'ils ne passent pas la nuit ensemble avant la cérémonie, ce que je trouvais particulièrement hypocrite étant donné qu'ils vivaient déjà ensemble bien avant de se marier. Comme la robe blanche d'ailleurs, signe de pureté, laissez-moi rire... Hakim n'avait jamais lâché de détails sur leur vie sexuelle, c'était pas son genre de s'étaler sur ce sujet, mais soyons honnêtes, vu la passion qu'il y avait entre eux, ça ne pouvait pas être platonique et chiant. Il devait bien s'éclater mon reuf...

Bref. Ce n'était pas le sujet, et je n'avais pas particulièrement envie de visualiser leurs ébats.

Maé avait donc passé la nuit chez Ken et Valentine, et Hakim, chez moi. Si la soirée entre frères avait été objectivement très sympa, dès le réveil, je devais gérer un véritable monstre. Oui, un monstre, je n'exagère pas. Il était insupportable, il râlait, il grognait, il s'énervait. Son costume avait pris un faux pli, sa chemise le serrait, son ourlet de pantalon était trop court, ses cheveux étaient trop longs. Il flippait à mort, pour vous la faire courte, il me mettait sur les nerfs, et l'arrivée du reste de notre crew n'y changeait rien.

- T'as vu Maé ? Demandait Hakim en sautant littéralement sur Ken dès son arrivée.

- Du calme. Bien sûr que j'ai vu Maé, elle a passé la nuit chez moi. Il ricanait en se moquant légèrement de lui. Elle est beaucoup plus calme que toi, d'ailleurs... Tu devrais souffler un coup, là tu vas nous faire un malaise...

- Elle va changer d'avis, affirmait mon frère en s'écroulant dans mon canapé.

- Qu'est-ce que tu peux être con quand tu t'y mets !  Aller, lève ton cul et va finir de t'habiller.

- Non mais sérieux, imagine elle change d'avis ? Si elle est calme, c'est qu'elle gamberge. Si elle gamberge, ça veut dire qu'elle va me planter. Il déblatérait sans faire attention à ce qui l'entourait.

J'avais envie de rire tellement je trouvais ça débile comme réflexion, mais je me ravisais en réalisant que lui, ne riait pas du tout. Vraiment, pas du tout. J'avais pas envie de partir à la mairie avec un cocard, donc je ravalais mon éclat de rire comme je pouvais, et je tentais de garder un air neutre. Bien sûr que non, elle n'allait pas le planter. Elle l'aimait trop pour ça. Il se faisait des films depuis le réveil, imaginant le pire. Pourtant, il était bien le seul à penser que son mariage allait se transformer en fiasco. Tout le monde savait que Maé ne pourrait jamais faire un truc pareil.