Chapitre 13

1.1K 68 89
                                    


J'avais bien entendu les recommandations de Maé et d'Hakim, mais pour le moment, mon cerveau restait en mode « love ». Je vivais objectivement ma meilleure vie, et je refusais de penser à ce qui allait se passer après. Peut-être que j'allais m'en sortir avec le nez cassé ou l'arcade enfoncée, mais j'estimais que le jeu en valait la chandelle. Et largement, en plus.

On se tuait un peu à la tâche, au studio. L'album de Nek était attendu comme le Messie, il avait toujours sa terrible tendance à trop gamberger et à se laisser distraire par tout et n'importe quoi, et surtout, il changeait d'avis tous les quatre matins. Il fallait un peu qu'on se transforme en psychologues ou en coachs de vie pour lui permettre de canaliser son énergie, et ça nous bouffait la notre, d'énergie. Si ça n'avait pas été pour filer un coup de main à mon fidèle ami, je peux vous assurer que j'aurais jeté l'éponge depuis bien longtemps. Mais c'est la famille, on aurait fait n'importe quoi pour l'aider.

Lise de son côté n'arrêtait pas non plus. Je n'aurais jamais pu imaginer, avant de la connaître, que passer ses journées à faire des gâteaux prenait autant de temps et nécessitait autant d'investissement. Et puis c'était sans compter qu'un soir, elle m'avait parlé d'un projet qu'elle avait depuis longtemps : ouvrir sa propre pâtisserie et en faire une boutique haut de gamme et reconnue. Je l'avais encouragée dans cette voie, on était tous ambitieux dans la meute que nous formions depuis l'enfance, alors je voyais d'un très bon œil qu'elle souhaite évoluer. Je trouvais son projet vraiment cool, et je savais qu'elle avait les capacités de construire quelque chose de grand. Mais tout ça, ça prenait du temps, et même si j'essayais de l'aider comme je pouvais dans les démarches ou dans ses réflexions, l'immense majorité du boulot reposait sur ses épaules.

En gros, on ne s'arrêtait pas, et avant qu'on explose en plein vol tous les deux à cause du surmenage, j'avais eu l'idée de partir avec elle quelques jours pour changer d'air. Je lui avais proposé l'idée, et si au départ elle s'était lamentée en me disant qu'elle n'avait pas le temps, elle avait fini par accepter de poser 2 jours de congé pour qu'on puisse partir. On avait donc deux jours devant nous pour profiter d'être ensemble, et essayer de nous couper un peu du monde. J'aurais espéré qu'on puisse partir plus longtemps, mais comme pour le reste, je me contentais de peu quand il s'agissait de Lise. Tout était bon à prendre, on ne savait pas combien de temps ça allait durer.

- T'es prête ? Je demandais au moins pour la dixième fois en une demi-heure, pressé de partir.

- Arrête de me mettre la pression, si tu m'avais dit où on allait, j'aurais pas eu autant de mal à faire mon sac !

- Je t'ai dis que t'avais pas besoin de grand-chose !

- Je peux pas faire confiance à un homme là-dessus...

Elle n'était pas du tout du genre superficielle, mais elle était adepte, comme beaucoup de femmes, du « au cas où ». Du coup, elle avait préparé de quoi tenir une bonne semaine, alors qu'on ne partait que deux nuits.

Je ne lui avais pas dis où je l'emmenais, j'avais envie de lui faire la surprise. En soi, ça n'avait rien d'extraordinaire, il aurait été difficile de l'emmener au bout du monde pour deux jours seulement, mais j'avais quand même tenté de faire quelque chose de bien.

J'avais trouvé, avec l'aide de Valou et de Maé, un hôtel de fou, à trois heures de route de Paris, un peu perdu dans la campagne. D'après les photos sur leur site, il y avait exactement tous ce dont on pouvait rêver pour passer un petit séjour loin des préoccupations qu'on avait ici. Le jacuzzi dans la chambre avait été mon premier critère de recherche, et puis il y avait eu la piscine chauffée ou le SPA. Je me transformais en vrai gonzesse quand il s'agissait de lézarder des heures entières au bord de l'eau, je refusais de faire l'impasse là-dessus. Avec les vies de couple et les familles qui se construisaient, on n'avait plus trop l'occasion de partir ensemble en vacances, comme avant. On avait mené la grande vie pendant des années, c'était bien plus calme désormais. Alors claquer mon fric dans un hôtel de luxe avec ma meuf, ça me faisait replonger dans mes souvenirs. Je savais pas si c'était vraiment ma meuf, mais un peu quand même.

SUR TES LÈVRES SUCRÉES [FRAMAL]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant