Chapitre 15

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C'était pas la grande forme, je vous le cache pas. Un nombre incalculable de fois j'avais été tenté de prendre mon téléphone pour l'appeler, ou de prendre ma voiture pour aller la voir. Mais je tenais bon. Je dégustais suffisamment, c'était inutile de replonger, alors que je connaissais d'avance la finalité de tout ça.

Fallait pas être sorti de Saint-Cyr pour comprendre que ça ne menait à rien, et que ça serait encore pire plus tard si je continuais à la voir. Mes sentiments n'avaient cessé de grandir au fur et à mesure que je passais du temps avec elle, j'imaginais mal que ça puisse changer. Et puis rien ne me laissait croire qu'elle avait envie de me voir non plus. Elle qui était adepte des petits messages dans la journée, ne m'avait absolument rien envoyé depuis notre altercation. Je n'avais aucune nouvelle d'elle. J'aurais presque préféré qu'elle m'envoie des messages d'insultes, mais au moins, le lien n'aurait pas été rompu complètement. Elle avait opté pour le silence radio. Plus de son, plus d'image. Alors j'essayais de me faire une raison. C'était mieux comme ça de toutes façons.

C'était une drôle de machinerie dans ma tête. Une seconde, je me disais que c'était la meilleure chose à faire, et la seconde d'après, je me disais qu'on avait bêtement tout foutu en l'air et qu'il aurait été mieux d'y réfléchir posément. Seulement, le problème, je persistais à le croire, c'était Lise. Moi, je savais exactement ce que je voulais. Elle, en revanche, semblait avoir un peu plus de mal à se positionner face à tout ça. Tout ce que je retenais, c'était qu'elle ne comptait pas divorcer.

Au manque s'ajoutait le deuil des projections que je m'étais faites avec elle. Ne me prenez pas pour un fou furieux, j'avais pas encore imaginé lui faire des gosses ou lui acheter un pavillon en banlieue, on en était clairement pas là. Cette histoire avait duré environ deux mois, c'est court deux mois quand on y pense, sauf que ça m'avait laissé le temps de m'habituer à elle, de m'habituer à passer mes nuits avec elle. Sa tendresse, sa douceur, sa spontanéité et sa joie de vivre étaient déjà ancrés en moi, j'avais du mal à me faire à l'idée que je n'y aurais plus jamais droit. Et puis en plus des habitudes, j'avais commencé à vraiment envisager quelque chose sur le long terme. C'était pas juste une femme de passage pour moi, j'avais espéré qu'on fasse un bout de chemin ensemble.

Il fallait que j'en parle à quelqu'un, je pouvais pas garder ça pour moi, j'allais devenir fou. J'avais pas du tout envie d'en parler avec Hakim et Maé, qui m'auraient lâché un « on te l'avait dit » qui m'aurait fait vriller. D'un autre côté, j'avais besoin d'entendre les mots de quelqu'un de franc et de plutôt perspicace. J'avais la chance d'avoir dans mon entourage la personne rêvée pour ça.

- Salut Fram ! Me lançait joyeusement Valentine en m'ouvrant sa porte. Ken est parti chercher Zoé à l'école, on a un peu de temps devant nous.

- Merci...

Je l'avais prévenue que j'avais besoin de lui raconter un truc, et elle avait parfaitement compris que si j'en arrivais à faire cette démarche, c'était pas pour lui parler de la pluie et du beau temps. Valou, c'est une femme qui ne mâche pas ses mots, et c'était exactement ce dont j'avais besoin. J'espérais qu'elle m'ordonne d'arrêter les conneries, et qu'elle valide ma décision de tirer un trait sur Lise. J'étais persuadé que c'était ce qu'elle allait penser, il fallait que je l'entende de la bouche de quelqu'un de neutre. J'avais espoir que ça confirme mes réflexions et que ça valide mon choix.

- Tu veux un truc à boire ? Elle me proposait.

- Un café s'te plaît. Je dors mal, je suis mort.

- Framal qui dort mal ? Ca doit vraiment être terrible ce qui t'arrive... Elle ironisait.

Ouais, je dormais mal. Parce que mon esprit dans son entièreté était pollué par Lise. J'étais partagé entre la rage à cause de ce qu'elle me faisait subir, et la douleur vive de ne plus pouvoir voir son sourire après ma journée. Cela faisait 5 jours que je ne l'avais pas vue ni entendue. Elle me manquait, si vous saviez à quel point elle me manquait...

SUR TES LÈVRES SUCRÉES [FRAMAL]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant