Chapitre 5

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J'avais mis trois jours à me remettre du mariage. Trois jours et trois nuits, et je ne me sentais pas encore au top de ma forme.

J'avais vraiment trop fait la fête, jusqu'au matin, et j'avais beau refuser l'idée catégoriquement, je n'avais plus 20 ans, et il me fallait du temps pour récupérer. Il y avait la retombée du stress, bien sûr, mais j'avais surtout trop bu, en particulier après mon moment hors du temps avec Lise. Je m'étais même laissé tenter par un joint de Doums, comme au bon vieux temps, alors que j'avais arrêté de fumer depuis plusieurs années. On avait tous fini plus ou moins éclatés, Hakim et Maé avaient fini dans un bel état aussi, et je crois que les prédictions de Ken et Théo s'étaient avérées plus que vraies. Ou alors ils avaient des pouvoirs magiques qui leur donnait une force surnaturelle dès qu'il s'agissait de s'envoyer en l'air. Je ne le saurais jamais, et c'était très bien comme ça.

Tout ça pour dire, que c'était une journée de fou, qu'on avait tous kiffé, tous ensemble.

Une fois rentré chez moi, et après avoir déjà comaté de très longues heures, j'avais repensé à cette petite meuf sur les escaliers, à sa voix, à son regard, à ses gestes grâcieux. Ça me gonflait, mais elle accaparait toutes mes pensées. J'aurais voulu lui envoyer un message ou l'appeler, mais il y avait deux problèmes de taille : 1) je n'avais pas son numéro, puisque j'avais opté pour une technique stupide en lui écrivant mon numéro à l'encre baveuse sur une serviette de table. 2) elle était mariée, donc pas célibataire, donc pas libre, donc à oublier.

J'étais du genre à ne pas me prendre la tête sur les choses que je ne pouvais pas maîtriser, mais dans ce cas précis, je n'arrivais pas à lâcher prise.

******

Pour la première fois depuis le mariage, je faisais l'effort de m'habiller et de mettre de l'ordre dans mon appartement. Ça consistait à cacher le bordel derrière les portes de placard, et à nettoyer correctement le reste. Oui, parce que Malik dormait chez moi ce soir-là et qu'il était hors de question que monsieur le Prince Akrour entrevoit ce bordel ou qu'il se vautre dans la crasse.

Je ne vous ai pas encore parlé de Malik ? Pour ceux qui ne le sauraient pas, c'est le fils d'Hakim. Trop ravagé par l'absence de Maé qui se la coulait douce sur son voilier à l'autre bout du monde, il avait trouvé un peu de réconfort dans les bras d'Estelle, une meuf qui était dans sa classe en 3éme. Je sais même pas comment ils avaient repris contact, toujours est-il qu'ils avaient du passer du bon temps, et qu'un jour, ils nous avaient annoncé presque sans pression qu'elle était enceinte et qu'ils allaient garder le bébé. Ils ne s'aimaient pas, ne formaient pas un couple, mais ils allaient quand même avoir un enfant ensemble. Au départ, j'avais trouvé la grossesse d'Estelle absolument stupide. J'estimais que c'était complètement inconscient de mettre au monde un être humain dans ces conditions, mais je devais avouer que je m'étais trompée.

Ils agissaient intelligemment, toujours dans son intérêt, et depuis que Maé et Hakim s'étaient retrouvés, il pouvait désormais compter sur l'amour inconditionnel d'une personne supplémentaire. Ah ça... Je peux vous dire qu'il ne manquait pas d'amour ce môme. Leur fonctionnement était millimétré, réglé comme du papier à musique, à base de garde alternée et de planning aimanté au frigo. Maé avait mis son nez dans tout ça, je peux vous dire que ça filait droit.

Maé et Hakim partaient en voyage de noce le lendemain, en Nouvelle-Zélande. Apparemment, c'était une destination qu'ils avaient décidée il y a de nombreuses années, quand il l'avait emmenée en Nouvelle-Calédonie par surprise. Estelle était à Lyon pour son boulot, Malik allait donc passer la nuit chez son oncle préféré. Il était vraiment trop cool ce gosse. Gentil, doux, intelligent, un sens de l'humour déjà développé, et beau à en crever. Un vrai Akrour quoi.

SUR TES LÈVRES SUCRÉES [FRAMAL]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant