Chapitre 6

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De Numéro Inconnu :
"Je travaille toute la journée à la boutique pour développer une recette, si ça te tente de passer... LISE."

Voilà avec quel message je m'étais réveillé le dimanche matin. Enfin, le dimanche midi quoi.

Je m'étais levé d'un bond, comme si je venais d'apprendre que j'avais gagné à l'Euromillion, ou que Shakira me déclarait sa flamme. J'avais dû me frotter les yeux pour être sûr de ne pas rêver, mais non, elle venait vraiment de me demander de venir la voir. C'était juste un message, juste une invitation, sans fioritures, mais c'était tellement inattendu, que j'avais envie de sauter partout dans mon appartement.

On ne se connaissait pas, en soi, et elle était certainement toujours mariée. En gros, je m'emballais pour pas grand-chose, mais j'étais comme un fou de voir qu'elle n'avait pas jeté la serviette sur laquelle j'avais inscrit mon numéro. Au-delà de ça, ce qui me faisait le plus plaisir, c'était qu'elle fasse ce pas vers moi. J'étais toujours comme un jeune puceau de collégien qui jette son dévolu sur la première venue, mais ça tournait à l'obsession. Si elle voulait que j'aille passer du temps avec elle, j'allais pas m'en priver.

Je devais être le plus grand abruti de la Terre, mais clairement, j'en avais plus rien à faire qu'elle soit mariée ou pas à cet instant précis. Dans mon esprit, à ce moment-là du moins, je me disais juste que si elle préférait passer du temps avec moi, un parfait inconnu, plutôt qu'avec son mari, après tout, c'était pas mon problème. J'avais espéré un signe de sa part, tout en essayant de me persuader qu'il était mieux pour tout le monde qu'elle ait envoyé la serviette dans la Seine, et le signe était arrivé. Elle aurait pu se contenter d'un « salut, ça va ? », mais elle avait fait mieux que ça !

Je savais que c'était n'importe quoi, mais c'était quasiment incontrôlable, je n'avais pas l'envie ni la force de lutter contre ça. Vu la puissance des émotions qu'elle provoquait chez moi, je me foutais probablement dans la merde, mais ça faisait bien longtemps que je n'avais rien vécu d'aussi grisant.

Et puis je pense que personne n'aurait pu me proposer de meilleur plan pour la journée : j'allais probablement me gaver de sucre en matant cette meuf qui me faisait tourner la tête.

Douche, sappes, parfum, bijoux, et domptage de ma tignasse : check.

Je partais en trombe de chez moi en direction de la boutique. J'avais trop envie de la voir, c'était viscéral, je me sentais super bête de réagir comme ça, mais elle me hantait cette fille. J'avais rêvé d'elle, plusieurs fois, et vraiment, je peux même pas vous décrire ces rêves tellement ils étaient à la fois beaux et un peu immoraux sur les bords.

Sur le chemin, je sentais une drôle de sensation m'envahir. J'avais le trac, comme avant de monter sur scène. Je me demandais ce que j'allais bien pouvoir lui raconter, si elle n'allait pas se dire que sans costume de cérémonie j'étais finalement banal et sans intérêt, ou encore si elle n'allait pas se dire que j'étais un gros naze après quelques mots échangés. Un jeune puceau, je vous ai dit...

En me garant dans une rue proche de la boutique, je soufflais un grand coup, frottait mon visage entre mes mains, et dans un dernier élan de courage, m'élançait vers mon point de chute. J'avais peur, mon dieu. J'avais une boule au ventre extrêmement désagréable, les mains moites, et la gorge sèche.

- Je pensais pas que tu viendrais... Elle me disait timidement en ouvrant la grande porte vitrée.

- J'allais pas rater une si belle occas' de manger des pâtisseries de luxe gratos !

Ça l'avait fait sourire. Je ne pouvais pas m'empêcher de me dire que je faisais n'importe quoi et que je me jetais droit dans la gueule du loup, mais j'étais trop content de la voir devant moi. Je la suivais dans une pièce que je n'avais pas visitée lorsque j'étais venu avec Maé. J'arrivais dans son antre, qui ressemblait plus à un laboratoire de savant fou, qu'à une cuisine. Je prenais le temps d'observer ce qu'il y avait autour de moi : des fruits, de la farine en quantité astronomique, des œufs, du chocolat, et encore tout un tas de choses dont je ne connaissais ni le nom ni l'utilité.

SUR TES LÈVRES SUCRÉES [FRAMAL]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant