Chapitre 20

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Je me sentais un peu comme le mec le plus chanceux de la terre. J'étais assis, ma meuf à ma gauche, mon reuf à ma droite, et une bonne partie de mon entourage autour de moi. On était tous chez Ken et Valou, dans leur grande maison un peu paumée près de Paris. J'avais la sensation d'être complet, comme si toute ma vie, je l'avais vécue pour arriver à ce genre de moment. L'ambiance était aux rires et à la bonne humeur, j'étais heureux de voir Lise se mêler sans difficultés au groupe, Maé était avachie comme une baleine sur son transat, les mains posées sur son ventre, et c'était juste beau. Les enfants jouaient ensemble, ils s'entendaient aussi bien que leurs parents et leurs rires rendaient cette journée encore plus agréable.

On était ensemble, et pour rien au monde j'aurais voulu changer quoi que ce soit à cette journée. J'avais même pas envie de parler, j'avais pas envie de dire des conneries, je me contentais d'écouter les discussions et les vannes de mes frères, et c'était très bien comme ça. Peut-être que ce que je préférais par-dessus tout, à cet instant précis, c'était la douce voix de Lise qui expliquait à Valentine combien elle était soulagée que son divorce soit enfin prononcé, et combien elle était heureuse d'enfin avoir posé définitivement ses valises chez moi.

J'adorais l'idée que depuis qu'elle m'avait rencontré, elle avait pu faire une croix sur la solitude et la détresse que ça créait en elle. Mon entourage devenait le sien, petit à petit, et ça me rendait fier.

L'hiver avait été long et froid, mais il avait été égayé par les bonnes nouvelles. Valou et Ken attendaient leur deuxième enfant, Lise vivait chez moi à plein temps, elle n'était plus mariée, et son projet de pâtisserie de haut standing était sur le point d'aboutir. On bossait sur plusieurs projets, on s'investissait à fond dans le label, et ça marchait vachement bien. Vous mélangez tout ça et vous y ajoutez le beau temps qui revenait, et vous comprendrez facilement, je pense, pourquoi je me sentais si bien.

Seule Maé semblait pensive et s'isoler. J'étais pas le plus perspicace de la bande, mais je sentais bien que ça n'allait pas. Ma bonne humeur était suffisamment puissante  pour se propager, j'en étais persuadé, et si elle avait besoin d'aide ou d'une oreille attentive, j'étais certain d'être l'homme de la situation.

J'embrassais la tempe de Lise, avant de m'approcher de Maé, toujours étalée sur son transat. De près, c'était encore plus flagrant. Elle avait l'air fatiguée, épuisée même.

- Comment va la grosse? Je lançais en souriant pour essayer d'obtenir d'elle ne serait-ce qu'un rictus.

- La grosse t'emmerde.

D'habitude elle riait de ce genre de conneries, mais là, je peux vous dire qu'elle ne rigolait pas du tout.

- Roh ça va... T'as l'air crevée, tout va bien ?

- Je dors pas depuis une semaine tellement j'ai des aigreurs d'estomac, ta nièce me bousille les organes à chaque fois qu'elle bouge un orteil, j'ai pris 20 kilos, mes pieds ont doublé de volume... mais sinon tout va bien. Elle énumérait, exaspérée par ma question.

- Et à part ça ?

- Quoi à part ça ?

- Tu restes toute seule et tu tires la gueule.

- Je tire pas la gueule, je suis fatiguée... Elle essayait de me convaincre.

- T'es sûre qu'il y a que ça ? J'insistais

- J'ai peur Fram. Elle finissait par avouer après avoir gardé le silence quelques instants. Genre vraiment peur.

- T'as peur de quoi ?

SUR TES LÈVRES SUCRÉES [FRAMAL]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant