Chapitre 12

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Il est vingt-et-une heure et demi lorsque chacune d'entre nous soir enfin rentrée chez elle. Le lendemain, nous devons tous nous rejoindre chez Kevin pour ensuite aller a la soirée.

Ma mère n'a jamais été contre le fait que j'aille à des soirées, mais je n'aimerai pas qu'elle me voit avec une gueule de bois.

C'est décidé, je ne boirais pas à la soirée, ou du moins, très peu.

Allongée sur mon lit, je me déplace lentement vers mon placard et en ressors la robe que j'ai décidé à porter pour demain. Je l'admire à nouveau sous tous les angles.

Je me déshabille, laissant mes bras et toutes mes cicatrices voyantes se refléter dans le miroir. Je fais glisser la robe sur ma tête, mes bras puis le reste de mon corps. Je sors les cheveux qui sont restés sous ma tenue et me contemple ainsi dans le miroir.

Toutes mes cicatrices se voient... Comment est-ce que je vais faire ?

Je ne peux pas changer la tenue que mes amies ont choisies, car sinon elles réagiront mal, ou bien me demanderont la raison pour laquelle j'ai préférée en choisir une autre.

Et je ne sais pas comment ils réagiront tous lorsqu'ils les verront.

Pourquoi ai-je commencé à faire ça ?

Je ne supporte plus de mentir tout le temps...

Je veux tout arrêter, arrêter de mentir. Arrêter cette tristesse sans fin. Arrêter de me faire du mal et tout le reste.

Mais c'est beaucoup trop tard, j'ai déjà tout fait, je ne peux plus rien faire, à part une tentative... C'est la seule solution...

Je marche à pas lents vers la fenêtre de ma chambre. J'ouvre la fenêtre. Un souffle d'air frais traverse la pièce à toute allure. Je m'assois sur le rebord de la fenêtre. Je regarde mes jambes tendues dans le vide se balançant de haut en bas.

Allez Astrée, si tu sautes, tu auras enfin ce que tu as tant voulu avoir, tu n'en as pas marre de tout ça ?

Non ! Me crie ma conscience ! Je ne peux pas faire ça ! Je ne peux pas faire ça à Chêne ! Il compte beaucoup trop pour moi et je n'ai pas envie de le laisser seul dans ce monde cruel.

Je sais quoi faire... Lorsque son cancer l'emportera, je le rejoindrai dans le ciel. Malheureusement, c'était ce qu'il y avait écrit sur le papier qu'il m'avait arraché des mains, cette chose qui avait gâché ma soirée, ainsi qu'une partie de mon cœur, il a un cancer.

Malgré tout, lors de cette soirée, il m'a assuré qu'il continuerait à se battre pour moi, ça m'avait un peu réconfortée, mais ça n'a tout de même pas suffit à remontée mon moral. Et puis, j'ai fuit. Comme une lâche, j'ai préférée fuir la réalité plutôt que de l'affronter, et dire que je déteste ce genre de personnes, maintenant je me rends compte que je suis pas mieux qu'eux.

Comme ça, je ne lui ferais pas de mal, et Kevin, Victoria, Céleste et Lilou me comprendront peut-être, et si ils se sentent mal à cause de ce que je leur aurais fait, ils s'aideront à entre eux à aller mieux.

Pendant tant d'années j'ai souffert, je n'en peux plus, je suis née sans le vouloir, alors qu'on me laisse au moins mourir par moi-même. C'est tout ce que je demande...

Je me résigne à sauter. Je pense qu'aujourd'hui n'est pas le bon jour. Je garde ce soulagement pour une prochaine fois, mais ce n'est pas pour autant que je ne réessayerai pas.

Je me retourne et redescends du bord de ma fenêtre, la referme et essaye de trouver un bon moyen pour faire partir mes cicatrices.

Il faudrait peut-être d'abord désinfecter... Je n'ai jamais fait ça au paravant, mais chaque chose a une première fois.

Je me dirige vers ma salle de bain et rentre dans la pièce. J'ouvre le tiroir du milieu en y sortant un flacon de Biseptine et des cotons. J'en applique avec précaution sur mes bras. Je ne sais pas si ça va servir à quelque chose car elles sont déjà quasiment cicatrisées. Mais de toute façon, ça ne peut pas être pire.

Après avoir terminé de désinfecter, j'analyse tous les produits du tiroir. On y trouve de tout : du maquillage, des médicaments, du dentifrice, du coton ect... Mes yeux se posent finalement sur un pot de vaseline.

En réalité, je ne sais pas si ça va les faire cicatriser, mais lorsque j'étais petite, je m'étais faite une entaille au genou en jouant, ma mère avait désinfecté puis quelques jours après, elle m'avait appliqué de la vaseline en me disant que ça va réduire la taille de la cicatrice, un peu comme si c'était pour qu'elle soit moins voyante. Et ça avait marché, en ce moment, lorsque je regarde à nouveau mon genou, on y voit quasiment plus rien à part une fine ligne blanche.

Allez, one life.
Voici la première chose que je me dis en prenant le pot de vaseline entre mes mains.
Maudites pensées.

En parlant de one life, je pense que je devrai essayer de faire la liste des cent choses que je dois faire avant de mourir. Même si je sais que je vais en réaliser même pas la moitié, ça m'occupera en attendant le décès de Chêne. Et je compte bien passer le plus de temps possible avec lui. Donc je suppose que l'on fera toutes ces activités à deux, peut-être même à plusieurs si on compte aussi mon groupe d'amis.

Certains d'entres vous penseront sûrement que j'attends impatiemment sa mort, mais c'est faux. Si il finit par mourir, j'irai le rejoindre, je préfère juste ne pas me voiler la face et ouvrir les yeux sur la réalité.

J'ouvre le couvercle en tenant le pot avec la main gauche, et avec ma main droite, je repose d'abord le couvercle sur l'évier, puis prends une poignée de vaseline entre mes doigts. Je repose le pot et applique le produit sur mes avant bras. J'étale le produit pendant un long moment jusqu'à ce qu'on ne voit plus qu'une fine couche du produit. Puis je fais pareil pour mon avant bras gauche, mes cuisses, mes poignets, et enfin, mes épaules.

Je me doute que toutes ces cicatrices ne partiront pas en un jour, mais il est beau de rêver et d'espérer.

De temps en temps, je me compare tant à un zèbre, lui avec toutes ses rayures noires et blanches, et moi avec mes rayures rouges et beiges.

Je viens d'avoir une idée ! Là j'essaye juste de faire disparaître les traces, mais si j'essayais plutôt de les dissimuler. Je peux appliquer du fond de teint sur les parties zébrées qui ne sont pas couvertes par la robe.

J'essayerai demain, maintenant que j'ai appliqué la vaseline je ne vais pas mettre du maquillage juste après par dessus.

Et je suis partie me coucher juste après ça, sans même prêtée attention à l'état désastreuse dans laquelle se trouve ma chambre, ou encore aux habits que je porte.

***

Le matin, lorsque je me suis réveillée, j'ai vu que les cicatrices avaient rétrécies. Pas énormément, mais c'est déjà mieux qu'avant.

Je me suis résolue à re appliquer une couche de vaseline, histoire que ça passe mieux, puis je suis partie au lycée.

La sensation de la crème qui colle à ton pull est horriblement désagréable, mais bon, je dois bien réussir à les faire partir un jour ou l'autre, et on n'obtient pas ce que l'on veut en un claquement de doigts.

J'adore voir cette couleur décorer mes bras, tout en se laissant voir. Pour que l'on voit que je suis humaine, que comme vous autres, j'ai du sang, ainsi qu'un cœur, mais nombreux sont ceux qui l'ont oublié et qui m'ont traité comme si j'étais une machine. Et pour ceux qui croiront quand même que je ne suis rien de plus qu'un bout de ferraille, laissez-moi vous dire que les machines ont un cœur dans ce cas là.

 Et pour ceux qui croiront quand même que je ne suis rien de plus qu'un bout de ferraille, laissez-moi vous dire que les machines ont un cœur dans ce cas là

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La pluie de nos étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant