La fin de la journée arrive à grande vitesse, et heureusement car j'ai envie de voir Chêne. En sortant du lycée, je ne prends même pas la peine de dire au revoir à mes amis ( en culpabilisant juste après d'avoir été malpolie de ce geste ) et je fonce directement chez Chêne en espérant qu'il soit là.
J'essaye de trouver sa maison, ce qui est plus compliqué que prévu. Il m'avait dit qu'il habite tout près de chez moi, mais je me suis rendue compte bien assez vite qu'il y a beaucoup trop de maisons près de la mienne. Après avoir inspecté toutes les plaques collées sur les murs de maisons, je vois une plaque couleur bronze comportant le nom « Brendon ». Je sonne et j'attends un long moment avant que j'entende des pas précipités vers la porte pour m'annoncer que quelqu'un va enfin m'ouvrir.
Je trouve Chêne juste devant la porte. Je me jette directement dans ses bras, au début il est étonné, mais il me rend mon câlin après comprendre qui je suis et qu'est-ce-qui se passe. Lorsque je le lâche de notre étreinte, il me regarde quelques secondes de ses yeux gris, puis me dit :
-Ça te dit de retourner à la plage ? Je pense que je dois te dire des choses plutôt importantes.
-Oui, je vais juste rentrer chez moi reposer mon sac puis je reviens.
Je rejoins ma chambre le plus rapidement possible, pose mon sac et ma veste, enlève mon pull car il fait très chaud, m'arrange un peu les cheveux et ressors de chez moi.
-Je suis prête. Lui annoncé-je.
Il me regarde de bas en haut avec un sourire en coin.
-Tu es magnifique, même habillée comme une clocharde tu serais sublime.
À L'AIDE ! MES JOUES SONT EN TRAIN DE PRENDRE FEU !
J'arrive tout juste à lui dire merci avant de baisser le regard sur le sol pour cacher ma gêne.
Nous marchons dans un silence religieux jusqu'à la plage, à ce moment là il prend ma main dans la sienne et nous allons nous assoir sur le sable de New York. On se met à contempler la mer, encore et encore, ma tête posée sur son épaule. Je remarque que ni lui ni moi avons l'envie de prononcer un seul mot, un seul sujet de conversation. Alors on continue à regarder la mer.
Le soir commence à arriver et le froid avec, je commence lentement à claquer des dents. Je me redresse et commence à frotter le haut de mes bras avec mes mains pour me réchauffer.
-Tu veux mon pull ? Me demande-t-il.
Je reste d'abord surprise de sa réaction. Avant que je ne puisse l'accepter, il le retire, me le mets sur mes épaules et retire les cheveux qui sont restés sous le pull.
-Merci beaucoup. Le remercié-je.
-De rien.
On continue à se regarder, ses yeux gris dans les miens, sachant qu'un jour où l'autre on sera bien obligé de se quitter... Mais on n'oublie jamais le cœur qu'on voulait aimé toute sa vie.
-Astrée, d'où vient ton prénom ? Ce n'est pas très commun.
Je me redresse un peu, et réfléchis à la façon dont je peux lui expliquer.
-Tu vois, mon père avait des origines françaises, et il aimait beaucoup la mythologie grecque. Et, dans la mythologie, Astrée est la déesse de la justice, et cette déesse a quitté la Terre car elle était dégoûtée par la grossièreté des hommes, alors elle rejoignit le ciel, et prit la forme de la constellation de la Vierge, autrement dit, mon signe astrologique. Astrée était aussi nommée « la fille étoile ».
-C'est tellement intéressant. Donc, ton père a des origines françaises si j'ai bien compris.
-Oui.
-C'est-à-dire que tu parles français ?
-Un peu, je connais seulement les bases. Je sais, c'est dommage, j'aurais pu apprendre beaucoup plus, sauf que mon père est décédé quand j'étais toute petite et il n'y a plus eu personne pour m'apprendre.
Pour me réconforter, il passe une main par dessus mon épaule, sauf que je n'ai pas envie de gâcher cette soirée comme celle d'hier, alors je me tourne un peu, et fais de mon mieux pour dévier de sujet.
-Mais toi ? Ils sont de quels origines tes parents ?
-Mes deux parents sont à moitié espagnols et américains, et ils le parlent couramment, ce qui fait qu'ils m'ont transmis leur langue.
-Dis-moi un mot en espagnol.
-Estrella.
Il roule bien le « r », surement comme la plupart, voir même tous les espagnols, je me dis d'abord que ça doit sûrement être un prénom, mais je n'en suis absolument pas sûre, je préfère alors demander.
-Ça signifie quoi ?
-Étoile, autrement dit, l'un des noms attribués à la déesse Astrée, comme tu l'as dit.
-Estrella... Répété-je.
On continue de rester ainsi, allonger sur le sable, regardant les étoiles. Mais qu'est-ce que c'est beau.
-Regarde ! Une étoile filante ! S'exclame Chêne.
En effet, une étoile traverse le ciel, et sa lumière traîne derrière elle, comme une longue robe dorée.
Ma mère me disait souvent, que lorsqu'on voit une étoile filante, il faut faire un vœu.
Faites que cette histoire se termine bien.
-Une autre !
J'essaye de montrer l'étoile du doigt, mais elle a déjà disparu. Mais il ne tarde pas à y en avoir d'autres.
-Un pluie d'étoiles... Murmure Chêne.
Nous restons béats devant cette scène. Je n'ai sûrement pas assez de vœux pour toutes ces étoiles tellement il y en a.
Les étoiles s'ensuivent, les unes après les autres, et laissent chacune une marque dorée dans le ciel, comme la lueur d'espoir dans nos yeux. L'espoir qu'il y est une suite à cette histoire. Notre histoire.
Nous nous tenons la main dans le noir, admirant cette pluie d'étoiles qui se déroule devant nos yeux.
Après que cela fut terminé, un long silence s'ensuivit, et Chêne fut le premier à le rompre.
-Je pense qu'on devrait rentrer, il commence à faire froid.
-Oui, t'as raison.
On refait tout le chemin ensemble, nous comprenant que demain, à la pause déjeuner, on va se revoir à nouveau au même endroit. On n'a même plus besoin de se parler pour nous comprendre. J'aurai aimé passer toute ma vie avec lui, si seulement je le pouvais...
-Tiens, ton pull. Lui dis-je avant de repartir.
Je le retire de mes épaules et le lui tend, mais il le refuse.
-Garde-le pour toi, je te le donne.
Et sur ce, il me donne un baiser sur la joue avant de me tourner et le dos, mais avant de me quitter, il tourne la tête et me dit par dessus son épaule :
-Adios.
Je le regarde, essayant de comprendre, puis je me rappelle de mes anciens cours d'espagnol, et comprends ce que ça veut dire.
-Bonne nuit. Répondis-je alors.
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La pluie de nos étoiles
RomanceAstrée Bryan, 16 ans, doit essayer de vivre avec son passé, sans oublier la mort chamboulante de son père, mais elle fait la rencontre d'un grand brun. Il a la joie de vivre. Elle veut en finir. Il nage dans le bonheur. Elle a touché le fond. Il a d...