Chapitre 18

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En rentrant chez moi, je ne prends même pas la peine de réfléchir réellement à ce que je fais, en réalité, j'y ai déjà beaucoup penser auparavant. Beaucoup trop.

Alors, je prends mon téléphone et mes écouteurs ainsi que plusieurs feuilles et un stylo, et je monte dans le grenier. Je sors la grande échelle d'un placard et le place sous le passage pour accéder au toit.

Je monte sur le haut de ma maison. Je m'y installe confortablement car c'est là où je vais passer mes dernières heures.

J'ai pris la peine d'enfiler une veste avant de monter, car il fait tout de même froid, et même si je ne vais pas tarder à mourir, je ne tiens pas à mourir de froid, me jeter d'un toit fait sûrement moins mal, et c'est moins long.

Alors, car c'est le seul moyen de dire enfin tout ce que je ressens, j'écris. Et cela va faire beaucoup trop longtemps que j'attends ce moment là pour le retarder plus qu'il ne le faut.

J'écris toute ma peine sur des feuilles. Cela peut paraître idiot, mais ça me calme tout en me défoulant.

La musique dans mes écouteurs m'aide tout de même à maîtriser mes émotions, et par-dessus tout, la voix de mon père mort depuis dix ans chanter une chanson.

Je monte le son de la chanson sur mon portable, laissant les chanteurs exprimer ma peine à ma place, et je pleure. Je lâche toutes ces larmes qui ne demandaient qu'à être versées une dernière fois.

Sur ces feuilles, je raconte toutes mes relations toxiques, le début de ma dépression, mon harcèlement, mon viol, et les gens qui m'ont fait du mal.

Au bout d'une ou deux heures, j'ai enfin terminé. Je relis certaines parties plusieurs fois, mais à chaque fois, je rajoute certaines choses.

Je me relève et j'envoie un dernier message à Chêne :

On se retrouvera dans un autre monde, celui-ci n'est pas fait pour nous. Au revoir, je t'aime, désolée de te faire du mal, mais en restant ici, je me fais du mal à moi même.

Je laisse mon téléphone sur le toit et je m'avance pas à pas vers ma libération, laissant notre amour suspendu dans les airs.

Premier pas : Je suis déterminée, enfin le jour que j'attendais tant.

Deuxième pas : Je ralentis un peu, me demandant toujours si c'est la bonne solution, mais je finis par me rendre compte qu'il n'y en a pas d'autres meilleures.

Troisième pas : Plus que deux, je peux le faire. En réalité, je dois le faire, c'est la seule option qu'il me reste.

Quatrième pas : Je commence à entendre ma conscience me crier de ne pas le faire, la voix déchirante de ma mère crier lorsqu'elle verra mon corps ensanglantée dans le rosier sans vie. Mais je dois continuer, je n'en peux plus de souffrir à longueur de temps.

Avant de tendre une jambe en l'air pour sauter, je regarde en bas : un magnifique parquet de fleurs.

La Lune brillait comme mes yeux. Les fleurs épineuses comme des lames.

C'est donc là que je vais mourir.

Je respire une dernière grande bouffée d'air pour enfin comprendre que c'est comme ça que je vais me sentir. Je vais enfin avoir éternellement cette sensation la, me sentir libre autant que je respire.

Alors, je tends une jambe en avant et je saute, je me sens enfin libre. Tel un oiseau libérée de sa cage, je tends les bras. Je vole. Je sens le sol se rapprocher petit à petit de moi, ne laissant presque plus de distance entre nous, le rosier épineux m'accueille, me tranchant les bras et rejetant malgré eux tous mes malheurs en dehors de moi. La mort aussi m'accueille à bras ouvertes, comme une vieille amie que j'attendais depuis longtemps, et elle me laissa rentrer dans le sommeil éternel que je désirais tant. J'aimais contemplé les étoiles, maintenant, j'en fais partie, ma lumière reflétant tout l'espoir que j'ai eu en pensant que tout s'arrangerai un jour, en vain.

 J'aimais contemplé les étoiles, maintenant, j'en fais partie, ma lumière reflétant tout l'espoir que j'ai eu en pensant que tout s'arrangerai un jour, en vain

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La pluie de nos étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant