Chapitre 14.

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Mon mur était rempli d'insultes, toutes différentes. On m'insultait de tapette, de sal gay. On disait que je n'étais qu'un "lâche pas foutu d'assumer ses erreurs". Un fou, complètement débile et sans ami. Un con qui l'avait tuée. Un "pauvre salaud incapable de se faire des amis".
Les gens écrivaient que je méritais de mourir, que "j'allais la rejoindre mais en enfer". Ils disaient qu'ils ne comprenaient pas pourquoi j'étais sur cette terre. Ils disaient que ma présence les dérangeait, que voir ma "sale gueule" tous les jours les dérangeait. Ils disaient que je n'étais qu'un con, un connard, un salaud, un enculé et une pute.

Voilà ce que les gens pensent de moi.
Voilà comment je suis vu.
Voilà pourquoi je vais mal.

Parce que les gens s'amusent à me détruire. Parce que je suis rejeté, détesté.

Parce que personne ne me comprend, et personne n'essaie de me comprendre. Et je pense que jusqu'à aujourd'hui, l'idée de me suicider ne m'était jamais parue aussi belle.

Je ne pleurais pas. Je ne souriais pas. Je ne criais pas et je ne chuchotais pas non plus. Mon corps refusait tout mouvement. Mes mains et mes jambes commençaient à trembler doucement. Ma tête semblait lourde et tout tournait autour de moi. Je me suis allongé doucement, en poussant l'ordinateur avec mes pieds. Mes bras étaient croisés sur mon torse, et je commençais à lever la manche de mon pull sur mon bras gauche. J'ai donc changé d'arme. Cette fois plus de lame, plus d'objet. Je me pinçais doucement l'intérieur du coude gauche. Doucement, et longtemps. Mes yeux étaient clos et mes jambes étaient tendues. J'étais comme dans un monde parallèle, un monde où personne ne pouvait m'atteindre. Un monde où personne ne m'insulte. Un monde où je vais bien.

Les méfaits de la mutilations sont que le bonheur ne dure qu'un instant. On a l'impression d'être heureux, mais seulement quelque secondes. Et à force, ces secondes diminuent.

Je me suis allongé sur le côté et j'ai remis ma manche. J'ai mis la couverture sur moi et je me suis laissé aller. J'ai pleuré comme une gamine de sept ans qui avait perdu sa poupée. Mais je m'en foutais, parce que personne n'était là pour me juger. Mes sanglots étaient de plus en plus rapide, mais j'arrivais à avoir une respiration normale. Tout avait disparu autour de moi. J'étais seul, physiquement et mentalement. Personne n'était là pour me faire chier, et c'était en cet instant la seule chose qui me faisait plaisir.

Ma respiration et mes pleurs s'étaient calmés. Mes yeux se fermaient doucement, et j'ai fini par m'endormir.

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11h30

Je suis dans mon lit. Je me suis réveillé vers les 4h. Je suis resté dans mon lit, à tourner en rond. Mes yeux et mes coudes me brûlent. Mais je ne veux pas regarder. À quoi bon ? Maintenant que c'est fait, je ne peux plus rien faire.

J'entends ma mère en bas. Elle doit faire à manger ou bien ranger la maison. Je l'ai entendue venir le voir hier soir quand elle est entrée. Mais je n'avais pas envie qu'elle voit mes yeux pleins de larmes alors je ne lui ai pas parlé. Elle m'a simplement embrassé le front et a remis la couverture sur les épaules.

Je me lève rapidement et je prends des vêtements propres. En enlevant mon chandail, je me rends compte que mon bras gauche a saigné. J'ai du gratter mes cicatrices sans m'en rendre compte, et mon coude a une couleur violacée. Je jette mon pull sale sur mon lit et j'en enfile un nouveau. Je mets un caleçon propre et un jogging et je vais rejoindre ma mère en bas.

-"Bonjour maman."Ai-je dit avec un grand sourire.

Aujourd'hui, je peux faire semblant. Alors je vais faire le garçon heureux, qui a bien dormi.

Scars.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant