Chapitre 2.

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Avant qu'il ose me poser une seule question, je passe derrière lui et pars quasiment en courant. Par chance, mon professeur de mathématiques n'est pas là et j'ai fini les cours. Je me dépêche de récupérer mes affaires dans mon casier, qui a été nettoyé par les agents d'entretien, et je les en remercie.

Je cours dans les couloirs du lycée et en sortant je me rends compte qu'il pleut à verse. Londres n'est pas une ville connue pour son bon temps, certes, mais il faut vraiment que ça tombe aujourd'hui ? Je n'ai pas vu Harry dans le couloirs et c'est la seule chose qui me fait plaisir en cet instant. Je me rends à ma voiture avec mon sac sur la tête pour ne pas empirer l'état de mes cheveux. Je grimpe rapidement dans ma voiture et jette mon sac sur le siège passager. Je tourne la clef dans le contact et me rends compte que ma voiture ne démarre pas. Je donne un coup de poing dans mon guidon et le bruit du Klaxon me fait sursauter.

J'aperçois tant bien que mal Liam et sa bande devant la porte d'entrée du lycée, ils sont tous en train de rire et je comprends qu'ils ont trafiqué quelque chose à ma voiture. Ma journée est vraiment pourrie. En plus je sais que Liam et les autres cons ne vont pas arrêter de m'insulter à cause de ce que Harry a vu sur mes poignets. Je pose ma tête sur le guidon et me laisse aller. Les larmes coulent doucement sur mes joues, se mélangeant aux goutes de pluie encore présentent sur mon visage. Ça me fait du bien, mine de rien, de pleurer. Je suis très bien tout seul, personne ne me fait chier. La solitude, ça me connait. J'ai déjà eu quelques amis étant petit, mais depuis l'accident, tout le monde me fuit et me déteste. Mais je les comprends en quelque sorte. J'aurai fait pareil à leur place.

Ça doit faire une heure que je suis là à chialer et Liam et le reste sont partis. J'aurai aimé appeler ma mère pour qu'elle vienne me chercher mais je n'ai pas pris mon téléphone, pour ne pas me le faire voler.

Je décide donc de prendre le bus. J'ai du le prendre 3 fois dans ma vie mais je ne pense pas avoir le choix. J'ai déjà vu des étudiants à un arrêt à quelques minutes du lycée, alors je décide de m'y rendre. Je prends mon sac à dos et sors de la voiture. La pluie s'est arrêtée et il fait maintenant très froid mais ça me ne me dérange pas vraiment. Je commence à marcher dans le parking du lycée, et me rends vers l'arrêt de bus.

J'ai l'impression que cette journée ne s'est pas si mal passée finalement. Je m'attendais à pire. Pendant deux mois, le lycée a été la chose que je redoutais le plus. Je me suis préparé psychologiquement à recevoir des coups et des insultes, mais ce que j'imaginais était bien pire que ça. La seule chose à laquelle je n'ai jamais pensé était que ce foutu de Harry voit mes bras. Ils vont tous rire de moi maintenant. Ils vont me prendre pour un faible, et ce n'est pas l'image que je veux donner aux autres. Je veux montrer que malgré tout, je suis fort. Même si ce n'est pas le cas. En réalité je suis comme perdu au milieu d'un monde de gens qui sont totalement différents de moi. J'ai l'impression d'être de trop ici. Comme le petit canard au bout de la file. Mais je me dis que ma vie pourrait être bien pire, non ? J'aurai pu vivre dans un pays pauvre et n'avoir rien à manger, ou alors vivre dans un pays en guerre. Alors je ne me plains pas de ma situation.

Je lève le yeux et me rend compte que je suis déjà à l'arrêt de bus. C'est passé vite finalement, ce n'est pas si horrible de prendre le bus. J'essaie de comprendre les papiers affichés et après quelques minutes, je vois que mon bus va arriver. Je m'appuie contre un poteau juste à côté de l'arrêt jusqu'à ce que je vois le bus arriver. J'y monte directement et essaie de me faire le plus petit possible parce que je sens bien que tous les regards sont braqués sur moi. Je m'assoie à la première place et attends de voir ma rue, parce que je ne connais pas du tout le nom de l'arrêt. Le trajet n'était pas si long finalement, et j'en suis plutôt content, alors je remercie le chauffeur et me rend devant ma porte d'entrée. Comment vais-je expliquer à ma mère que des connard ont cassé ma voiture parce qu'ils ne m'aiment pas ? Je ne peux pas lui dire ça. J'entre doucement et dis bonjour à ma maman qui est assise dans la cuisine.

-"Ça s'est bien passé Loulou ?"

Je ris à l'entente de ce surnom.

-"Oui maman, j'ai juste un problème avec ma voiture, je ne sais pas ce qu'il se passe, il faut envoyer une dépanneuse s'il te plaît. "Dis-je en espérant qu'elle me croit. De toute façon elle sait bien que la mécanique ce n'est pas trop mon truc.

-"D'accord chéri. Tu veux manger quelque chose? Me demande-t-elle, tout sourire.

-Non merci j'ai un devoir de philo à rattraper pour demain."

Elle me sourit en guise de réponse, et ça me va très bien. Elle sait que je ne mens pas, deux mois de cours ratés, ça ne se rattrape pas en un jour. Je monte alors dans la chambre et jette mon sac sur mon bureau. J'en sors mon devoir de philo et m'y mets directement.

Je n'ai jamais aimé la philosophie, je trouve ça long et embêtant. Mais depuis que je suis au lycée, j'arrive, je ne sais pas comment, à avoir des bonnes notes en cette matière, alors ça ne me dérange pas de le faire. J'ai pris 3heures à faire un devoir à peu près correct et me décide à prendre un bain pour faire une pause.

Arrivé dans ma salle de bain, je pose tous mes vêtements sur le sol et je fais couler l'eau doucement. Je m'approche de mon miroir et m'y regarde. Mes cernes sont bien voyantes et j'ai horreur de ça. Je pense que les seules choses à peu près jolies chez moi sont mes yeux. Mais ces cernes gâchent tout et, .pourtant je ne suis pas fatigué du tout. Mon bain est quasiment plein et je m'apprête à y entrer, sauf que je vois les lames. Ces petits bouts métalliques qui m'ont aidé à me sentir plus vivant que jamais. J'hésite à en prendre une, parce que j'ai bien trop peur que Liam et sa troupe voient que j'ai de toutes nouvelles coupures. Mais en fin de compte je m'en fous. Je ne vis pas pour eux, si ? Je n'ai pas besoin de leurs avis et de leurs remarques. De plus, j'ai l'intime espoir que Harry ne va rien leur dire. Je prends une lame et la fais tourner dans ma main en entrant dans ma baignoire. Je me savonne le corps doucement en essayant d'éviter au mieux mes bras et l'intérieur de mes cuisses. Je m'allonge ensuite dans mon bain et prends une grande aspiration.

Je fais entrer la lame doucement dans ma peau entre deux coupures plus anciennes. Je prends mon temps, et vais doucement afin que la plaie soit un peu plus ouverte. J'ai l'impression d'être quelqu'un d'autre, et je me sens bien.
Je ne me suis jamais considéré comme quelqu'un "d'accroc" à la mutilation, parce que je pourrai très bien vivre sans. Mais ça me fait du bien. Ça me permet de m'évader, me libérer. Ça me donne l'impression d'être plus fort et moins sensible. J'ai l'impression de me punir de tous mes actes. Maman n'a cessé de me dire que je n'ai jamais rien fait de mal, mais si Liam le dit, ce doit être vrai.
Alors la lame parcourt son chemin en essayant de trouver de la place sur mes avants bras abîmés et l'eau prend enfin une couleur rosée. J'appuie ma tête contre le bord de la baignoire et m'y repose quelques instants. Mes coupures me brûlent et me piquent, mais ça m'aide au moins à penser à autre chose. Après environ 30 minutes, les coupures sont refermées grâce à l'eau, et ça m'évite de devoir mettre des compresses partout. Je sors de mon bain et me ressuis, sans jeter un seul coup d'œil à mon bras gauche. Je m'habille doucement en essayant de ne pas toucher mes plaies qui me font encore mal.

Je descends voir ma mère, qui est en train de jouer avec mon petit frère.

-"On peut manger quelque chose s'il te plaît maman ? Demandai-je.

-Oui oui bien sûr, j'arrive tout de suite, mets la table." Répond-elle.

Je m'exécute et place la chaise haute d' Ernest à côté de la table en bois. Ma mère arrive et place mon petit frère à l'intérieur de son siège. Elle va devant le four et en sort du poulet. J'adore ça. Elle me connaît vraiment bien ma mère. Elle le pose sur la table et va mettre le petit pot de mon frère dans le micro-onde.

-"Tu n'es pas trop fatigué ? Me demande-t-elle.

-Non, non ça va. J'ai encore une petite journée demain alors ça devrait aller."

Le repas s'est passé dans le calme et le silence. Pas un silence lourd ou quoique ce soit, juste un silence qui fait du bien et qui apaise. Je suis ensuite allé dormir, juste après avoir préparé mon sac pour demain. Le sommeil n'est pas venu tout de suite. J'étais très préoccupé par la journée de demain. Harry l'avait-il dit ? Liam allait-il continuer à me harceler ? Je ne sais pas. J'apprendrai demain que je faisais bien de me faire du souci.

Avis ? Ce chapitre ne me plaît pas trop mais je ne veux pas aller trop vite dans l'histoire. Un grand merci à Julie et Amélie pour m'avoir aidée à écrire ce chapitre.

Scars.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant