Lució

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Le regard peiné, je fixe mon téléphone, en soupirant.

- Il n'a toujours pas répondu, demande Casilda en rentrant dans le salon.

Je lui fais signe que non de la tête avant de me laisser aller dans son canapé.

- C'est bien la première fois que mon frère réagi de la sorte avec toi. Tu es sûr qu'il ne s'est rien passé ? M'interroge à nouveau Rocío, la sœur de Marco.

- Comment le saurais-je s'il ne prend même pas la peine de décrocher mes appels, ni répondre à mes messages, m'énerve-je.

Celà va bientôt faire un mois que je me torture avec cette histoire. La dernière fois que nous nous sommes vus, Marco et moi, c'était le jour de son départ pour Jerez de la frontera. Il n'avait pas paru enchanté que je décide au dernier moment de rester à Cadix, mais ça n'avait pas eu l'air de le mettre non plus en colère ! Bon j'avoue, on s'est un peu pris la tête la veille, mais ce n'était rien de bien méchant ! Nous avons eu des prises de tête bien plus terribles que celle-la, mais nous ne sommes pourtant jamais restés aussi longtemps sans  nous donner mutuellement de nos nouvelles. Je ferme les yeux et repense à la dernière fois que nous nous sommes parlés.

- Je crois qu'il n'a vraiment pas apprécié que je décide de ne plus faire ce voyage avec lui, je finis par supposer après un moment. Cest le seul point de divergence que nous ayons eu les jours qui ont précédé son départ, alors ça ne peut qu'être ça.

Flashback, un mois plus tôt.

- Je crois qu'il ne reste plus rien, souffle Marco.

"Il ne me reste plus qu'à refermer la porte à clé sur trois années de vie commune et un avenir qui s'annonçait radieux" ne puis-je m'empêcher de penser amèrement.

Les paroles de Alberto me reviennent en mémoire. Au je peux me consoler en me disant qu'il m'avait choisir avant son accident, même si ça ne change pas grand chose.... Enfin, c'est ce que je ne cesse de me répéter en boucle pour m'éviter de céder à'a tentation de retourner le voir.

Pour être honnête, apprendre qu'il m'avait choisir moi, avant que son secret n'éclate au grand jour m'avait carrément chamboulé.  Avant que je m'en rende compte, j'avais déjà commencé à remettre en cause chacune de mes résolutions, jusqu'à celle de prendre mes distances de Max. Une part de moi est allé jusqu'à se dire que c'était plutôt à Catalina de s'écarter puisqu'il était gay et d'après les dire d'Alberto, il m'aimait sincèrement. Je crois que c'est à ce moment là que j'ai compris à quel point j'étais pitoyable, à m'accrocher ainsi à un homme marié.

    Il me fallait regarder la vérité en face, je l'aimais toujours. Je ne pouvais plus continuer à prétendre pouvoir tirer un trait sur lui aussi aisément. Pourtant, il le fallait. Si je voulais continuer à me respecter, il le fallait. C'est cette résolution qui m'a aidé à vider l'appartement de mes affaires pour les envoyer chez Marco en attendant que je me trouve mon propre logement. Et c'est celle-ci à fermer la clé sur ces trois dernières années de vie commune.

La main tremblotante, je referme la porte et introduit la clé a l'intérieur de la serrure que je tourne. Au premier clic, j'avais l'impression qu'on me poignardait le thorax. La douleur si forte que j'ai dû marquer un petit temps d'arrêt avant de tourner à nouveau la clé. La main de Marco se pose sur mon épaule et exerce une légère pression dans le but de me réconforter. Je prends une profonde inspiration pour rassembler toutes mes forces avant de lâcher d'une voix qui se voulait dépourvu de tremblement, mais en réalité l'était:

- Il ne me reste plus qu'à faire parvenir les clés à Catalina.

- Tu pourras penser à les lui faire parvenir par un coursier une fois que nous serons chez moi.

Le Mensonge De Nos Vies( falsedad de nuestras vidas)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant