Catalina

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- Salut, dit-il en se levant.

Je m'approche pour lui faire la bise, plus par habitude qu'autre chose. Je suis raide comme un piquet, incapable de me détendre. Ça fait presque un mois que j'évite superbement ma belle-famille et je m'en sortais plutôt bien, jusqu'à ce que je reçoive un appel d'un numéro inconnu. C'était Santos, et il me priait de le rejoindre à la Bodega, un petit café à las Triana, où nous avions nos habitudes avant que Maximo n'entre dans nos vies. Je ne sais pas pourquoi, peut-être la nostalgie, je n'ai pas osé lui dire non. Et puis le baiser. Ce baiser qu'il m'a donné juste au moment où son frère reprenait connaissance et dont il il ne m'a jamais donné d'explication.... Bon on ne peut pas dire non plus que je les ai cherché ces explications, puisque une plus tard j'étais dans le train pour Séville avec ma mère et mes enfants.

- Tu es.... resplendissante....enfin comme toujours, bafouille mon beau-frere.

Tout dans sa posture, son expression faciale et autres indique un évident malaise. Loin de me réjouie, cette situation me fait énormément de peine. J'ai l'impression d'avoir perdu mon meilleur ami.

- Toi aussi tu m'a l'air en pleine forme.... même si un tour chez le coiffeur ne ferait pas de mal, essaie-je de rigoler pour dissiper le malaise qui commence à prendre ses quartiers entre nous.

- Tu n'as pas tort, sourit-il en se passant la main dans ses cheveux qui commençait à boucler dans tous les sens.

- C'est fou comme Maxi tient énormément de toi, remarqué-je subitement en pointant du doigt ses cheveux semblables à ceux de mon fils.

- En effet....bien plus que mes propres garçons, approuve t-il. Je ne te l'ai jamais dit, mais Julia, avant le divorce soupçonnait Maxi d'être mon propre fils et non mon neveu.

- Je me suis toujours demandée pourquoi elle ne m'aimait pas, si j'avais su....

- Julia n'aimait personne d'autre qu'elle-même, alors inutile de le prendre personnellement, me coupe Santos. Au fait, comment va Maxi ?

- Bien.... enfin je crois, Reponds-je. Je pense que le rétablissement de son père l'a soulagé de la culpabilité de lui avoir dit toutes ces horreurs..... Il est a été déçu que tu ne viennes pas le chercher pour la San Juan.

- Je le voulais, mais après ce qui c'est passé, je ne savais pas si tu voudrais me le laisser.

C'est ce moment que choisi le serveur pour apporté notre commande.

- J'espère que tu ne m'en voudras pas d'avoir commandé pour toi. comme tu prends toujours....

- C'est parfait Santos, dis-je en portant la tasse à mes lèvres, tu l'as pris comme je l'aime.

- Tant mieux.

Un blanc s'installe entre nous pendant lequel je repense à ce qu'il m'a dit plus tôt.

- Ça me fait de la peine que tu t'imagines que puisses t'éloigner de Maxi. Hormis le fait que tu sois son oncle, tu es son modèle et jamais je ne lui enlèverais ça.

Il prend une expression dubitative avant de lancer :

- Pour un modèle....

- Arrête Santos, le stoppé-je devinant qu'il s'apprêtait à se descendre. Tu es quelqu'un de bien. Et même si je suis blessée que tu es pu me mentir si longtemps sur une chose aussi importante que la sexualité de Max, je n'en oublie pas pour autant toutes tes qualités.

Il me fixe, reconnaissant, avant de dire sur un ton enrouée par l'émotion :

- Merci Catalina. Tu n'as pas idée combien ce que tu viens de dire compte pour moi et j'espère que tu auras cette même magnanimité pour Maximo.

Mes doigts se crispent involontairement autour de la tasse de la tasse de café à la mention de mon époux.

- Il n'est pas bien Catalina....

  Je ferme les yeux afin de contrôler le léger tremblement de mes mains.

- Il est malheureux Lina. Tu lui manque énormément....et les enfants aussi, continue t-il sur sa lancée en prenant ma mais dans la sienne. Je t'en supplie, viens le voir.

Un sourire amer s'empare de mes lèvres tandis que je retire ma main de la sienne.

- Tu peux venir chercher les enfants quand tu veux pour qu'il puisse les voir, mais en ce qui me concerne, tu peux y faire une croix.

Mon visage est fermé et mon ton, sans appel. Pourtant, ça n'a pas l'air de le refroidir:

- Catalina, je ne te le demanderais pas si....

- Alors ne le fais pas, dis-je, butée.

-... Si ce n'était pas pas une question de vie ou de mort.

De vie ou de mort! Répété-je, incrédule.

- Oui Catalina.... de vie ou de mort, fait-il sur un ton assuré.

Il fait silence pour laisser saisir la portée de ses mots avant de reprendre la mine grave.

- Je pense que l'accident n'en était pas un, mais plutôt une tentative de suicide.

- Quoi! M'exclame-je stupéfaite.

- D'après le rapport d'enquête de la compagnie d'assurance, tout laisse à croire que Maximo soit celui qui ait foncé dans le camion et si à cela on ajoute le témoignage de Lucio et les récentes confessions de Maxi, il ne fait aucun doute pour moi qu'il ait essayé d'attenter à ses jours.

Je suis sous le choc.

  - Maximo, suicidaire ? Ça n'a pas de sens! Il était sur le point de commencer une nouvelle vie avec Lucio.... Il avait consulté notre avocat pour le divorce.

- C'était avant que Maxi ne le surprenne au téléphone avec ledit avocat.

Alors c'est la faute de Maxi, c'est ce que tu insinue.

Non.... bien-sûr que non! se recrie Santos.

Il prend ma main à nouveau dans la sienne avant d'ajouter plus calmement :

- Ce n'est pas ta faute Lina.....et encore moins celle de Maxi. Tu ne pouvais pas  savoir....

- Bien-sûr que je ne pouvais pas le savoir le savoir puisque vous passez tous votre temps à me faire de cachotteries.

- Lina, dit-il dans un murmure plaintif semblable à celui d'un animal agonisant.

-  Me l'aurais-tu seulement dit? Si je n'avais pas pris la décision de partir, me l'aurais-tu dit?

Il baisse les yeux, embarrassé. J'en tire les conclusions qui s'imposent :

- C'est bien ce que je pensais, sur un ton où percé une profonde déception.

Je sens des picotements dans les yeux. Je comprends qu'un sanglot pourrait m'échapper d'un moment à l'autre et je refuse que cela arrive devant. Je prends mon sac à main prête à m'en aller, mais la voix de Santos me stoppe net.

- J'avais honte» il lève les yeux qu'il encre dans les miens avant de continuer. « J'avais honte que tu découvres comment j'ai brisé la vie de mon propre petit-frere.»

Le Mensonge De Nos Vies( falsedad de nuestras vidas)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant