Le Mensonge De Nos Vies( falsedad de nuestras vidas)

Lució.

Assis dans un des restaurants près de la plage de Caleta, du magnifique quartier de la Viña, j'attends patiemment que Catalina me rejoigne. J'ai reçu, il y a un quart d'heure, un message de sa part m'informant qu'elle se trouvait à "el populo" et qu'elle ne tarderait pas à me rejoindre. J'espère pouvoir, avec ce rendez-vous, mettre un point final à cette sale affaire et aller de l'avant.

Catalina, même si ça me coûte de le reconnaître, a fait preuve d'empathie et d'indulgence à mon égard. Ce n'est pas que ce qu'elle pense de moi à une quelconque incidence sur moi, mais j'ai apprécié le fait qu'elle ne m'ait pas tout de suite condamné et qu'elle ait essayé de se mettre à ma place. J'ai eu tout le temps, après ma conversation avec Marco, d'apprécier ce geste. Je ne pense pas que si les rôles étaient inversés, j'aurais été capable d'en faire autant. Catalina mérite mon respect, et encore plus depuis qu'elle m'a permis de faire mes adieux à l'homme que j'aime. Je ne pense pas pouvoir être comme elle, faire fi de jalousie et de la colère qui me dévorent pour essayer de sauver quelque chose de notre relation, mais je peux quand même essayer de lui en donner la chance.

  Aujourd'hui, j'essaierai de faire preuve d'autant de classe qu'elle, en lui faisant part d'un souvenir qui m'est revenu il y a quelques jours et qui m'avait paru sans importance à l'époque des faits, mais qui maintenant est d'un intérêt capital, car c'est lui qui m'offre le courage de tourner la page, et à elle, peut-être un peu de réconfort.

Mon regard est attiré par un couple de promeneurs, un homme et une femme. Ils ont les doigts entremêlés, le sourire aux lèvres. Ils marchent, côte à côte, heureux et confiant en leur amour. Je me dis qu'il y a moins d'un mois, moi aussi, j'étais comme eux, heureux. Un sourire se dessine sur mon visage en pensant à nos promenades et nos baisers enamourés sur cette même plage. Nous adorions cet endroit, et c'est aussi pour ça qu'il convient pour mettre un point final à notre histoire ici. 

L'amertume de ma situation me saisit quand je vois Catalina passé devant la vitrine du restaurant. Comme à son habitude, la jeune femme fait preuve d'une élégance irréprochable, même si aujourd'hui, sa tenue est bien plus austère. Le sourire qu'elle affiche en me voyant me donne presque envie de gerber. Comment fait-elle pour être ainsi, toujours aussi parfaite et maîtresse d'elle même ? Elle a l'air de vivre cette situation avec beaucoup de calme, alors que moi c'est à peine si je peux sortir de mon lit le matin sans avoir envie de pleurer ou de casser quelque chose.

- Salut ! Dit-elle en s'asseyant dans la chaise en face de moi.

- Salut ! je lui réponds du bout des lèvres. 

Nous restons silencieux pendant un petit moment à nous regarder dans le blanc des yeux, attendant que l'autre veuille bien prendre la parole. 

- Je peux avoir une limonade, s'il vous plaît ? s'adresse t-elle a un serveur qui passait près de notre table, rompant ainsi le silence.

Le serveur lui répond par l'affirmative avant de continuer sa route vers la cuisine. 

- Alors cette visite....ça s'est bien passé ? s'enquiert la jeune femme un petit sourire avenant aux lèvres. 

J'avoue être pris de court. Je ne m'attendais vraiment pas à ce qu'elle me parle de cette visite, surtout que son ton me donne presque l'impression d'être une vielle copine avec laquelle elle échange des potins, ce qui au passage me hérisse le poil.

- Comment tu fais ? Je lâche au bout d'un moment. J'ai essayé de ne pas te la poser, cette question, mais c'est plus fort que moi. Alors Catalina, dis-moi comment est-ce que tu fais ? 

- Comment je fais quoi, Lucío ?

- Pour commencer, comment tu fais pour être aussi calme, alors que je suis tellement en colère et meurtri ? Comment tu fais pour me parler comme si nous étions de vieux amis alors que c'est le mensonge le plus abject qui nous a réuni ? Comment fais-tu pour....