Catalina.

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C'est lui!

Il n'y a qu'à voir la manière dont il serre la photographie contre lui pour le comprendre. Il y'a aussi cette manière qu'il a de pleurer, comme si on venait de lui arracher son âme. Il n'y a pas de doute possible, c'est bien lui.... l'autre !

Maintenant que j'y pense, j'aurais dû m'en douter depuis le début. Ne m'a t-il pas dit que son compagnon avait eu un accident sur la route de Cadix ? Et puis il y'a sa réaction quand  le docteur à appeler la famille du patient.

  Je me rends compte que j'ai passé des heures à sympathiser avec lui. Je l'ai même laissé me tenir la main et me réconforter ! Je lui ai parlé de ma famille !

Je me suis longtemps demandée comment je réagirais si je devais un jour me retrouver en face de lui. Je m'étais imaginée, une fois, que je lui donnerais une claque retentissante, une autre que je lui cracherais tout mon mépris au visage et bien d'autres choses... Mais force est de reconnaître que maintenant que je fais face à ladite situation, je ne sais carrément pas comment réagir.

  Plusieurs sentiments me submergent tandis que je reste stoïque. Il y'a d'abord du dégoût et de la colère parce-qu'il est l'amant de mon époux, le père de mes enfants. Et rien que le fait de penser à tout les mensonges et duperies dont j'avais dû être victime pour qu'ils puissent être ensemble me révulse. Il y'a aussi cet amour et cette confiance bafoué qui souhaitent crier leurs hargnes. Et surtout le fait qu'il n'ait pas eu la decence de prendre ses jambes à son cou en découvrant mon identité. Tous ça me donne envie de lui cracher à la figure avant de le virer de là.

Pourtant je ne peux pas non plus fait fi de la pitié qu'il m'inspire.  Certains trouveront celà stupide, mais je ne me peux m'empêcher d'avoir de la compassion, parce-que je sais que tout comme moi, jusqu'à il y'a un an et demi de cela, il ignore tout de la double vie de Máximo. Je me doute que la vérité vient de lui éclater à la figure et pour l'avoir vécu, j'imagine sans peine sa détresse et sa douleur. Et puis, il y'a aussi cette... curiosité, peut-être malsaine, resté inassouvie depuis que j'ai découvert le secret de mon époux, des questions que je n'ai jamais osé lui poser parce-que les réponses que j'aurais pu entendre me térrifiaient.

Je n'ai pas le temps de réagir, ou plutôt est-ce mon naturel mesuré et conciliante qui m'en empêche, qu'il relève la tête, en essayant de reprendre le dessus sur ses émotions.

- Je suis désolé de vous embarrasser avec mes problèmes, alors que vous-même devez subir le stress d' avoir un....d'avoir un... un....mari malade, termine le jeune homme en bégayant.

Je me doute de ce que ça doit lui coûter de l'appeler "mon mari", même si une part un peu malsaine de moi s'en réjouit.

- Ce n'est pas grave, je dis doucement. Et puis, nous sommes sensés nous soutenir mutuellement... non?

Non mais, j'ai vraiment dit ça ? Se soutenir ? J'imagine le tableau, Lucio et moi se tenant par la main, inquiets pour la santé de Maxímo. Il me faut rassembler tout mon self-controle pour ne pas laisser fuser le rire qui me menace face à cette vision assez insolite de notre situation.  Il ne manquerait plus que ça, que je me mette à en rire.

- Madame Santa-Maria! M'appelle une infirmière en s'approchant de nous avec ma petite dernière.

Cette dernière à eu la gentillesse de me la prendre alors qu'elle somnolait dans la salle pour l'emmener dormir dans la salle de repos du personnel.

-  Elle s'est réveillée en pleurant, je crois qu'elle a fait un cauchemar, m'explique l'infirmière.

Je la remercie avant qu'elle ne retourne vaquer à ses occupations et prend ma fille dans mes bras.

- Elle a du mal à dormir paisiblement dans un autre lit que le sien, je murmure à mon voisin.

Il ne dit rien et se contente de fixer ma fille avec intensité. Comme son grand frère, Sol a hérité des yeux améthyste de son père et de ses traits fins. Je crois que  çà doit lui faire un choc, puisqu'il s'enfuit sans demander son reste, avec notre photo de famille entre ses doigts.

- Qui c'est le monsieur, maman ? Demande Sol, aussi surprise que moi par sa réaction.

"L'amant de ton père", ai-je envie de lui répondre, avant de me rendre compte que ce ne sont pas des mots qu'une fille de cinq ans devrais entendre, alors j'opte pour une réponse plus basique :

- C'est un ami de maman, je lui réponds.

(...)

Je me lève de la chaise où j'ai passé les quelques heures de sommeil que j'ai pu avoir avant que le jour ne se lève. J'ai les membres endoloris et la mine certainement affreuse. Si ma mère me voyais ainsi, c'est sûr qu'elle aurait un infarctus. Pour elle, une femme de notre monde, même à l'article de la mort, se doit d'être d'une élégance irréprochable.

  Je jette un regard à la forme encore inconsciente, étendu sur le lit et les émotions qui m'envahissent sont aussi ambiguë qu'ils étaient hier, alors j'essaie de ne pas trop y penser en espérant ressentir bientôt ce qu'une femme dans ma situation est censé ressentir.

  Je rentre dans les toilettes de l'hôpital pour mettre de l'ordre dans ma tenue et me rafraîchir. Une fois chose faite, je prend la direction de la chambre Máximo pour retourner à son chevet.

- Catalina! m'interpelle une voix que je reconnais comme étant celle de mon beau-frère, Santos.

Il me fait la bise  rapidement avant de me prendre les mains dans un geste de réconfort.

- Ce n'est que ce matin que ce crétin de majordome m'a informé de l'accident, commence l'aîné de mon mari. Je suis venu avec Alberto, le médecin de famille pour qu'il puisse l'ausculter et nous dire si on peut le transférer dans un autre hôpital.... plus compétent.

- Je ne crois pas que ce soit nécessaire, je le rassure. Les médecins l'ont déjà opéré. Ils disent que ça c'est bien passé et qu'il n'y a plus qu'à attendre qu'il se réveille.

- Ce n'est qu'un petit hôpital de Campagne et je ne pense pas que le personnel soignant soit compétent. En tout cas, je n'aurai l'esprit tranquille qu'après que Alberto l'aura examiner.

  Je me contente de hausser les épaules, parce-que je sais qu'il est inutile d'essayer d'argumenter avec Santos sur le sujet.

- Mais comment est-ce arrivé ? M'interroge t-il.

- Il revenait de Vejer, lorsqu'un camion lui est rentré dedans, je lui réponds, en faisant fi de la présence d'une certaine personne sur les lieux de l'accident.

- On dit qu'il a eu de la chance et que sans son compagnon de route, il serait mort.

Je fais un effort surhumain pour ne pas tiquer en entendant le mot "compagnon", puis ajoute :

- Il s'agit d'un auto-stoppeur qu'il a pris en route. J'ai eu tout le temps de le remercier hier, avant de lui payer son tiquer de bus pour qu'il puisse rentrer chez lui, je lui mens sans sourciller.

Il faut bien que quelqu'un protège son secret.... Enfin notre secret.

Le Mensonge De Nos Vies( falsedad de nuestras vidas)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant