Santos

183 15 8
                                    

- On dit qu'il a eu de la chance et que sans son compagnon de route, il serait mort, je dis à ma belle-sœur ce que Alberto vient de m'apprendre à l'instant.

- Il s'agit d'un auto-stoppeur qu'il a pris en route. J'ai eu tout le temps de le remercier hier, avant de lui payer son tiquer de bus pour qu'il puisse rentrer chez lui, m'apprend la jeune femme.

Une bouffée d'air frais emplit mes poumons, me faisant presque soupirer de soulagement. Lorsque j'ai aperçu Ruiz, l'un des chauffeurs de la famille de Catalina  devant l'hôpital, je me suis tout de suite attendu au pire. Mais apparemment, Lucio a dû comprendre la situation et a eu la décence de taire sa relation avec Máx.

- Je retourne dans la chambre, tu veux venir ? Me demande Catalina.

Je lui réponds par la négative.

- Vas-y toi, je te rejoins après avoir fini de parler avec Alberto.

Elle incline la tête sur le côté, en signe d'acquiescement et s'en va. Une fois qu'elle disparait derrière l'une des nombreuses portes des chambres de cet hôpital, je me recule pour prendre appui sur le mur et relâché enfin la pression.

J'ai crû un instant que nous allions devoir faire face au pire. Lorsque Lucio a appelé chez moi hier pour me prévenir de l'accident, ce dernier a eu la malchance de tomber sur mon idiot de majordome, que je me ferait un plaisir de congédier dès mon retour, qui ne m'a transmis l'information que ce matin. Je me suis empressé d'accourir pour prendre la situation en main, c'est a dire, trouver le moyen de le transférer à Cadix, dans la clinique d'Alberto, et ensuite prévenir Catalina et le reste de la famille, après avoir demandé au médecin de se débarrasser pour un moment de Lucio. Mais lorsque j'ai aperçu Ruiz, j'ai pensé que tout était fichu, et que Catalina et Lucio avaient fini par tout découvrir. Je voyais déjà les gros titres des journaux à scandales gaditanos et les répercussions sur la réputation de notre famille et nos affaires.

Heureusement, grâce à Dieu nous n'en sommes pas encore là. Lucio a su faire preuve de discernement. Dommage qu'il ne puisse plus rester ensemble, parce-qu'il m'avait l'air d'être un bon gars.

- Alors, qu'est-ce qu'on fait ?» Me fait sursauter la voix Alberto que je n'avais pas entendu approcher. « Désolé, je ne voulais pas te prendre par surprise» s'excuse le jeune homme en voyant ma mine.

- Ce n'est pas grave ! Je réplique avant de répondre à sa question, On fait comme on a dit.

Il me regarde avec un air perplexe avant de me demander :

- Tu es sûr ? Parce-que, excuse moi, mais je n'y comprends plus rien.

- Apparemment, elle ne sait rien, je m'explique. D'après ce qu'elle m'a dit, Lucio s'est fait passer pour un auto-stoppeur. Elle l'a remercié d'avoir sauver la vie de son mari avant de lui payer son ticket de bus.

Il me jette un regard intrigué, pas du tout convaincu.

- Qu'est-ce qu'il y'a, Alberto ?

Alberto est le médecin de notre famille, comme son père avant lui, mais aussi l'un de nos meilleurs amis. Et comme son père avant lui, il est aux faits de la plupart de nos secrets de famille. Il a toute notre confiance et notre respect, sans compter qu'il est la personne la plus perspicace que je connaisse. De ce fait son avis est toujours le bienvenu.

- Tout à l'heure, je parlais avec une ancienne connaissance qui travaille ici, et elle m'a dit les avoir vu ensemble, entame le jeune homme. Elle ne sait pas ce qu'ils se disaient, mais d'après ce qu'elle a pu voir, le jeune homme pleurait à s'en fendre l'âme avant de s'enfuir comme s'il avait le diable à ses trousses.

- Et ? Je l'interroge, même si je me doute de ce qu'il pense. Pourquoi mentirait-elle?

- Tu ne trouve pas ça bizarre qu'elle ne s'interroge pas plus que ça de savoir qu'un simple auto-stoppeur soit autant affecter par l'état de son époux ?

Je dois admettre qu'effectivement, il y'a de la logique dans ce qu'il dit, mais de là à concevoir que Catalina puisse nous mentir sur un sujet aussi important, il y'a pour moi un énorme fossé.

- C'est vrai que c'est bizarre, mais on n'était pas là! Et on ne sait pas ce qu'il a pu lui dire et ton amie aussi, je réplique un peu vivement. D'ailleurs, c'était de Catalina qu'on parle, et je la vois mal en train de feindre sur un sujet aussi important ! Et puis pourquoi mentirais t-elle ? Pourquoi ?

- Peut-être qu'elle ne veut pas perdre son statut social, suppose Alberto!

- Voyons, c'est ridicule ! Je ricane. C'est une Ibarra! Son nom à lui seule est une marque et c'est sans compter qu'elle est l'une des rares parentes des Belmonte de Séville. Elle n'a pas besoin de nous pour avoir un statut.

Il me regarde, encore suspicieux. Il n'a pas du tout l'air de vouloir tirer un trait sur son raisonnement.

- Je ne sais pas, mais quelque-chose me chiffonne dans son histoire, finit-il par dire, La seule personne qui pourrait nous éclaircir, c'est Lucio.... Et tant que je ne lui aurait pas parlé, je te conseille de la tenir à l'écart des personnes susceptibles d'ébruiter le petit secret de ton frère.

J'acquiesce, même si je ne suis de son avis. Alberto a un don pour discerner autrui et je n'aimerais pas avoir une mauvaise surprise parce-que j'ai eu la mauvaise idée de ne pas le prendre au sérieux.

- Comment ça s'est passé avec les médecins de l'hôpital, je demande à mon ami après un bref moment de silence.

- Ils m'ont montré le compte rendu de l'opération, et je pense qu'ils ont fait ce qu'il fallait. Mais ça on ne pourra en être vraiment sûr qu'après son réveil. Entre temps, il serait préférable de ne pas le déplacer.

- Et pour Lucio ?

- Je vais de ce pas le voir, m'informe Alberto. Quant à toi, ne la quitte pas des yeux.

J'opine à nouveau, avant que nous prenions la direction de la chambre de Max et restions un moment à discuter avec Catalina de chose et d'autres. Après une peu plus d'une heure, Alberto prend congé de nous et retourne à Cadix prévenir le reste de la famille et entre autre, parler avec Lucio.

Le Mensonge De Nos Vies( falsedad de nuestras vidas)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant