Le Mensonge De Nos Vies( falsedad de nuestras vidas)

Lucio.

Assis sur le lit de la chambre qui fut la nôtre, à Maximo et moi, je caresse les courbes disgracieuses, le regard emplit d'un mélange de nostalgie et d'amertume, la statuette représentant David de Michel-ange qu'il avait fait faire lors d'un week-end en Italie, l'été dernier, par un sculpteur très peu doué.

- Ça va toi? S'enquiert la voix pleine de sollicitude de Marco.

J'esquisse un sourire, qui a plus d'un rictus, pour toute réponse. D'une main hésitante, je la repose sur la commode, décidant de ne pas la mettre dans la pile des choses à emporter. Cette statuette est chargée de beaucoup trop de souvenirs.

Ce soir, en rentrant de mon rendez-vous avec Catalina, j'ai commencé, avec l'aide de Marco, à organiser mon départ de Cadix. Après la déconvenue de la relation avec Max, j'éprouve le besoin de me raccrocher quelque chose de vrai, et mon amitié avec Marco est la chose la plus authentique qui existe dans ma vie en ce moment. Aussi, lorsqu'il m'a annoncé qu'il avait été embauché par une petite entreprise spécialisée dans la rénovation de vielles demeures comme architecte d'intérieur et qu'il devait se rendre non loin de notre ville natale pour son premier projet, j'ai sauté sur l'occasion de m'éloigner sans pour autant rester à me morfondre tout seul. Je compte sur ce départ pour passer à autre chose et laisser cette histoire derrière moi. Pour ce faire, j'ai décidé de me séparer de tout ce qui pourrait me raccrocher à lui, Maximo, à commencer son appartement et de la plupart des objets qui s'y trouvent, comme la statuette que je viens de reposer, chargé de souvenirs. Des souvenirs d'un bonheur qui maintenant me remplissent d'amertume.

- Tu n'es pas obligé de le faire maintenant. On peut le faire plus tard, quand se sera moins douloureux ? Propose Marco.

Je remue négativement la tête avant d'ajouter :

- Je pense qu'il est préférable de le faire maintenant, pendant que la douleur de ce qu'il m'a infligé est encore vivace. Et puis j'ai dit à Catalina que je lui rendrais les clés de l'appart....et le plus tôt sera le mieux.

- Catalina....la femme ?

Je hoche la tête pour toute réponse.

- Ah ! Fait-il.

À la tête qu'il fait, je comprends qu'il brûle d'impatience de me poser des questions sur mon rendez-vous avec Catalina, mais se retient voulant certainement éviter de se montrer trop intrusif. Même si nous sommes très proches, il sait qu'il me faut du temps pour digérer certaines nouvelles choses avant de pouvoir lui en parler. Cependant, celle d'aujourd'hui n'en fait pas partie, alors je décide de prendre les devants.

- J'ai beaucoup réfléchi à ce que tu m'as dit, sur le fait qu'on devrait se rapprocher.... et même si je ne m'en crois pas le moins du monde capable, je me suis souvenu de quelque-chose, qui je pensais, qu'elle devrait savoir. Et puis elle m'intriguait. C'est vrai quoi! Quel genre de femme invite l'amant de son époux à prendre un verre et lui parle comme à une vielle connaissance ? M'écrie-je. Je voulais....

- Savoir si elle l'aimait vraiment ? Termine Marco, perspicace.

J'acquiesce lentement avant d'ajouter, en guise d'explication :

- La tromperie de Maximo n'avait pas l'air de l'affecter plus que ça, alors....

- Et...? Quelles conclusions as-tu tirées de cet entretien ? Quel genre de femme est cette Catalina ?

Je reste silencieux un moment en rassemblant les idées pour mieux la définir.

- Perdue, finis-je par dire après quelques secondes.

- Perdue ? Répète Marco surpris.

- Et désespérée, ajouté-je, plus sûr de moi. Je crois que si Maximo se réveillait et lui jurait qu'il était cent-pour-cent hétéro et que toute cette histoire n'est qu'un terrible malentendu, elle se laisserait convaincre. Et ce n'est pas parce qu'elle est stupide ou éperdument amoureuse de lui, non. Mais parce qu'elle serait prête à se raccrocher à n'importe quelle explication qui pourrait justifier la conduite Máximo plutôt que d'accepter que les quatorze dernières années de sa vie n'étaient qu'une monstrueuse arnaque.